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[[Fichier:The Régent of France, Philippe d'Orléans in 1717 after Jean Baptiste Santerre.jpg|vignette|[[Philippe d'Orléans (1674-1723)|Philippe d'Orléans]], dit « le Régent ». Le tableau est peint en 1717.]]
La '''polysynodie''' est un système de gouvernement par conseil instauré en [[France]] de 1715 à 1718 par [[Philippe d'Orléans (1674-1723)|Philippe d’Orléans]] au début de sa [[Régence (1715-1723)|Régence]], alors que le roi {{Monarque|Louis|XV}} est un jeune enfant. Ces nouveaux conseils ne sont pas des conseils de gouvernement ou d'administration, mais des ministères collégiaux.

Ce système nouveau remplace les [[Secrétaire d'État (Ancien Régime)|secrétaires d'État]] et cherche à asseoir l'autorité du Régent en associant la haute noblesse au gouvernement. C'est un projet réfléchi. Sept conseils particuliers assistent le [[Conseil de régence (France)|Conseil de Régence]]. Ils sont composés pour moitié de nobles d'épée et pour moitié de [[Noblesse de robe|nobles de robe]]. Les conseils se réunissent très régulièrement et examinent les affaires qui concernent le gouvernement de la France. Le système dure trois ans, jusqu'à ce qu'il se grippe et que le Régent y mette fin en 1718. La polysynodie, dans le sillage de [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]], a souvent été sous-estimée.

== Un système nouveau ==

=== Une pluralité de conseils ===
Dès le {{Date-|2 septembre 1715}}, [[Philippe d'Orléans (1674-1723)|Philippe d'Orléans]] annonce qu'il n'y aura pas seulement un [[Conseil de régence (France)|Conseil de régence]], comme {{Monarque|Louis|XIV}}, mort la veille le {{Date de décès-|1|septembre|1715}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Joël Cornette]]|titre=La mort de Louis XIV. Apogée et crépuscule de la royauté. 1er septembre 1715|lieu=Paris|éditeur=Gallimard, Les journées qui ont fait la France|date=2015|isbn=978-2-07-078120-1}}</ref>, l'avait prévu dans son [[Testament de Louis XIV|testament]], mais une pluralité de conseils inférieurs pour l'assister<ref name=":1">{{Ouvrage|auteur1=Alexandre Dupilet|titre=La Régence absolue. Philippe d'Orléans et la polysynodie (1715-1718)|lieu=Seyssel|éditeur=Champ Vallon, collection Epoques|date=2011|pages totales=437|isbn=978-2-87673-547-7}}.</ref>.

Le {{Date-|15 septembre 1715}}, le [[Contrôleur général des finances|contrôle général des Finances]] et les [[Secrétaire d'État (Ancien Régime)|secrétaireries d'État]] sont remplacés par six conseils, un septième s'ajoutant le {{Date-|15 décembre 1715}}. Les [[Secrétairerie d'État|secrétaires d'État]] sont réduits au nombre de deux et ramenés à des fonctions d'exécution<ref name=":1" />.

La polysynodie, en remplaçant chaque [[Secrétaire d'État (Ancien Régime)|secrétaire d'État]] par un conseil où siègent haute noblesse, magistrats et notables, redistribue les pouvoirs précédemment assumés par {{Monarque|Louis|XIV}} et ses proches conseillers<ref name="Universalis">{{Lien web |auteur1=[[Louis Trenard]] |titre=Polysynodie |url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/polysynodie/ |site=[[Encyclopædia Universalis]] |consulté le=25 décembre 2017}}.</ref>. Le système vise particulièrement à associer la haute noblesse au gouvernement de la France, mais il ne s'agit pas d'une tentative de libéralisation du régime. Au contraire, le [[Philippe d'Orléans (1674-1723)|Régent]] cherche ainsi à asseoir son autorité, fragile par nature dans la période instable que peut être une régence<ref>{{Article |auteur1=[[André Corvisier]] |titre=Pour une enquête sur les régences |périodique=[[Histoire, économie et société]] |volume=21 |numéro=2 |date=2002 |doi=10.3406/hes.2002.2298 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_2002_num_21_2_2298 |consulté le=2021-05-03 |pages=201–226 }}.</ref>, alors que le roi n'est qu'un enfant et que le souvenir de la [[Fronde (histoire)|Fronde]] est dans les esprits<ref name=":1" />.

Néanmoins, il faut relativiser la violence de la rupture : les nobles qui entrent dans les conseils avaient déjà exercé des responsabilités importantes sous {{Monarque-|Louis|XIV}}, les anciens [[Secrétaire d'État (Ancien Régime)|secrétaires d'État]]  entrent souvent dans les nouveaux conseils, les commis restent en place et leurs habitudes administratives continuent<ref name=":3">{{Article |auteur1=Alexandre Dupilet|auteur2=[[Thierry Sarmant]] |titre=Polysynodie et gouvernement par conseil en France et en Europe du {{s mini-|XVII}} au {{s-|XIX}}|périodique=Histoire, économie et société |date=2007 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-histoire-economie-et-societe-2007-4-page-51.htm |pages=51-65 }}.</ref>.

=== Un projet longuement mûri ===
À cause de l'image frivole du Régent, on a souvent sous-estimé sa volonté réformatrice<ref name=":2">{{Ouvrage|auteur1=Laurent Lemarchand|titre=Paris ou Versailles ? La monarchie absolue entre deux capitales 1715-1723|lieu=Paris|éditeur=CTHS Histoire|date=2014|pages totales=402|isbn=978-2-7355-0797-9}}</ref> mais il a eu le temps, depuis plusieurs années, de réfléchir à sa régence, à partir notamment des projets élaborés par [[François de Salignac de La Mothe-Fénelon|Fénelon]] et par [[Louis de Rouvroy de Saint-Simon|Saint-Simon]], qui peut être considéré comme le véritable inspirateur de la polysynodie<ref name=":4">{{Article |prénom1=Laurent |nom1=Lemarchand |titre=Saint-Simon et les réformes (politiques) : un rendez-vous manqué ? |périodique=Cahiers Saint-Simon |volume=38 |numéro=1 |date=2010 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/simon_0409-8846_2010_num_38_1_1479 |consulté le=2021-05-02 |pages=79–92 }}.</ref>. Toutefois, si Saint-Simon prépare activement la Régence et la polysynodie, l'organisation de cette dernière ne correspond pas exactement  à son projet<ref name=":4" /> et il sera déçu, se jugeant trop peu écouté<ref name=":1" />. L'abbé [[Guillaume Dubois|Dubois]], alors conseiller de Philippe d'Orléans, et futur [[Cardinal (religion)|cardinal]] et [[premier ministre]], participe à la mise en place de ce système<ref>{{Ouvrage|auteur1=Alexandre Dupilet|titre=Le cardinal Dubois. Le génie politique de la Régence|lieu=Paris|éditeur=Tallandier|date=2015|pages totales=411|isbn=979-10-210-0761-1}}.</ref>.

Ces conseils siègent à [[Paris]]. En effet, dès {{Date|septembre 1715}}, le Régent organise le déménagement du roi et de la [[Cour de France|Cour]] d'abord à [[Vincennes]] puis, rapidement, à Paris, qui redevient donc la capitale politique de la France<ref name=":2" />. Le roi enfant {{Monarque-|Louis|XV}} et sa [[Cour de France|Cour]] sont installés au palais des [[Palais des Tuileries|Tuileries]]<ref name=":0">{{Ouvrage|auteur1=[[Pascale Mormiche]]|titre=Le petit Louis XV. Enfance d'un prince, genèse d'un roi (1704-1725)|lieu=Ceyzérieu|éditeur=Champ Vallon, collection Epoques|date=2018|pages totales=422|isbn=979-10-267-0739-4}}.</ref>.

== Les Conseils particuliers de la polysynodie ==
[[Fichier:L'heureux commencement du règne de Louis XV, Roy de France et de Navarre par la régence de S. A. R. Monseigneur le duc d'Orléans et l'établissement des Conseils.jpg|droite|vignette|upright|L'heureux commencement du règne de Louis XV, Roy de France et de Navarre par la régence de S. A. R. Monseigneur le duc d'Orléans et l'établissement des Conseils (F.G. Iollain, BNF).]]

=== Sept conseils ===
Sept conseils ont pour tâche de simplifier le travail du [[Conseil de régence (France)|Conseil de Régence]], présidé par le Régent lui-même : 
* le [[Conseil de Conscience|Conseil de conscience]] (affaires morales et religieuses), présidé par le [[Louis Antoine de Noailles|cardinal de Noailles]] ;
* le [[Conseil des Affaires étrangères (polysynodie)|Conseil des affaires étrangères]], présidé par le [[Nicolas Chalon du Blé|maréchal d'Huxelles]] ;
* le [[conseil de la Guerre|Conseil de la guerre]] présidé par le [[Claude Louis Hector de Villars|maréchal de Villars]] ;
*le [[Conseil de finances]], ayant pour chef le [[François de Neufville de Villeroy|maréchal de Villeroy]] et pour président le [[Adrien Maurice de Noailles|duc de Noailles]] ;
* le [[conseil des Affaires du Dedans du Royaume|Conseil des affaires du dedans du Royaume]], présidé par le [[Louis Antoine de Pardaillan de Gondrin|duc d'Antin]] 
*le [[Conseil de marine]], présidé par le [[Louis Alexandre de Bourbon|comte de Toulouse]] ;
*le [[conseil du Commerce|Conseil de commerce]] ({{date-|décembre 1715}}), présidé par le [[François de Neufville de Villeroy|maréchal de Villeroy]] et en fait dirigé par [[Michel-Jean Amelot de Gournay]].

=== Soixante-deux conseillers ===
[[Louis de Rouvroy de Saint-Simon|Saint-Simon]] explique longuement comment il a participé aux choix des hommes, introduisant ainsi son propos :  
{{Citation bloc|Dès les premiers jours que nous fûmes à demeure à Paris, c'est-à-dire aussitôt que le roi fut à Vincennes, il fut question des conseils entre M. le duc d'Orléans et moi. ce ne fut sans quelque reproche de ma part de ce que les choix étoient à faire<ref>{{Ouvrage|langue=FR|nom=[[Louis de Rouvroy de Saint-Simon]]|titre=Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon sur le siècle de Louis XIV et la Régence. T. 13 / collationnés sur le ms. original par M. Chéruel ; et précédés d'une notice biographique par M. Sainte-Beuve,...|passage=141|lieu=Paris|date=1856-1858|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70480|consulté le=2021-05-27}}.</ref>.}}

Dans ces huit conseils (Conseil de Régence compris), siègent soixante-deux conseillers, en comptant le Régent lui-même, pour soixante-neuf fonctions, certains en exerçant plusieurs. Les nominations faites par le Régent montrent un souci d'équilibre. Il s'agit à la fois de neutraliser les adversaires politiques, par exemple le [[Louis-Auguste de Bourbon (1670-1736)|duc du Maine]], de récompenser les fidèles, comme le clan des [[Louis Antoine de Noailles|Noailles]] et de recruter des compétences, comme le [[Nicolas Chalon du Blé|maréchal d'Huxelles]]<ref name=":1" />. Au demeurant, ces objectifs ne s'opposent pas : ainsi le [[Adrien Maurice de Noailles|duc de Noailles]] est-il compétent en matière de finances<ref>{{Article |nom=[[Françoise Hildesheimer]] |titre=L'ego financier de Saint-Simon. À propos des Edits de 1717 |périodique=Cahiers Saint-Simon |volume=38 |numéro=1 |date=2010 |doi=10.3406/simon.2010.1477 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/simon_0409-8846_2010_num_38_1_1477 |consulté le=2021-05-03 |pages=51–68 }}.</ref>, tandis que le [[Nicolas Chalon du Blé|maréchal d'Huxelles]], diplomate expérimenté, est un fidèle du [[Louis-Auguste de Bourbon (1670-1736)|duc du Maine]]<ref name=":1" />. Dans presque chaque conseil particulier, le [[Philippe d'Orléans (1674-1723)|Régent]] a nommé un adversaire, membre de la haute noblesse, à la présidence, mais il y a aussi placé à chaque fois des alliés politiques, pour contrebalancer l'autorité du président<ref name=":1" />.

Au total, la moitié des conseillers sont issus de la [[noblesse d'épée]] et l'autre moitié de la [[noblesse de robe]]. Ces derniers sont plus nombreux dans les conseils plus techniques ([[Conseil de commerce|commerce]], [[Conseil de finances|finances]]) alors que les premiers dominent dans le Conseil de Régence ou celui de la [[Conseil de la Guerre|guerre]] et sont seuls dans le [[Conseil des Affaires étrangères (polysynodie)|Conseil des affaires étrangères]]<ref name=":1" />. Le Régent, loin de supprimer les [[Intendant (royaume de France)|intendants]] comme le lui demande Saint-Simon, s'appuie sur un certain nombre d'entre eux en les faisant entrer dans les conseils<ref>{{Article |auteur1=Cédric Glineur |titre=Les intendants de province sous la Régence de Philippe d’Orléans |périodique=[[Revue du Nord]] |numéro=412 |date=2015 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-du-nord-2015-4-page-829.htm |pages=829-845 }}.</ref>. La participation à la polysynodie est l'occasion de poursuivre une ascension déjà entamée pour certaines familles de noblesse de robe, comme la [[famille Le Peletier]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Mathieu Stoll|titre=Servir le Roi-Soleil. Claude Le Peletier (1631-1711) ministre de Louis XIV|lieu=Rennes|éditeur=Presses Universitaires de Rennes|collection=Histoire|date=2011|pages totales=416|isbn=978-2-7535-1705-9}}.</ref> ou la [[Famille Lefèvre d'Ormesson|famille d'Ormesson]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Jean-François Solnon]]|titre=Les Ormesson au plaisir de l'Etat|lieu=Paris|éditeur=Fayard|date=1992|pages totales=538|isbn=9782213028484}}.</ref>.

=== Les conseils au travail ===
Chaque conseil se réunit deux ou trois fois par semaine, à jours fixes<ref name=":1" />. Si le Conseil de Régence se tient aux [[Palais des Tuileries|Tuileries]] à partir de décembre 1715, les conseils de la polysynodie ont le plus souvent lieu au [[palais du Louvre]], même si on voit quelques conseils sièger dans les hôtels aristocratiques de ceux qui les président (le [[conseil de Conscience|Conseil de conscience]] à l'archevêché de Paris chez le [[Louis-Antoine de Noailles|cardinal de Noailles]], le [[Conseil de marine]] chez le [[Louis-Alexandre de Bourbon|comte de Toulouse]]). Une partie du travail de bureau s'effectue dans ces hôtels aristocratiques, par exemple le travail des finances chez le [[Adrien Maurice de Noailles|duc de Noailles]]<ref name=":2" />.

Remplaçant les anciens [[Secrétairerie d'État|secrétaires d'État]], les conseils traitent de nombreux dossiers, très variés. Ils prennent des décisions administratives, tranchent des contentieux, examinent des requêtes de particuliers, nomment à des emplois, fixent les impôts, gèrent les ports et les troupes, etc. Les dossiers sont instruits par des commis travaillant dans des bureaux, dans la continuité du règne de Louis XIV. Les affaires les plus importantes passent ensuite au [[Conseil de régence (France)|Conseil de Régence]]<ref name=":1" />. Les conseils sont bien des ministères collégiaux<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Thierry Sarmant]]|prénom2=Mathieu|nom2=Stoll|titre=Régner et gouverner. Louis XIV et ses ministres|lieu=Paris|éditeur=Perrin|date=2010|pages totales=888|isbn=978-2-262-08029-7}}.</ref>.

== La fin de la polysynodie et son bilan ==

=== Critiques et déclin ===
[[Philippe d'Orléans (1674-1723)|Philippe d'Orléans]] supprime la polysynodie le {{date-|24 septembre 1718}}. Il éprouve le besoin de revenir au système des [[Secrétaire d'État (Ancien Régime)|secrétaires d'État]], individus uniques, spécialisés et responsables d'un domaine, chargés de conseiller le roi (en l’occurrence, le régent)<ref name=":1" />.

En effet, la polysynodie est l'objet de critiques, dont l'une des plus marquantes est celle de l'[[Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre|abbé de Saint-Pierre]], dans son ouvrage ''Discours sur la polysynodie''<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre]]|titre=Discours sur la polysynodie : où l'on démontre que la polysynodie ou pluralité des conseils est la forme de ministère la plus avantageuse pour un roi et pour son royaume ([Reproduction en fac-similé]) / par M. l'abbé de Saint Pierre,...|lieu=Amsterdam|date=1719|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6478k|consulté le=2021-05-01}}.</ref>. Ce texte d'une centaine de pages, publié en {{Date-|avril 1718}}, se présente comme un plaidoyer en faveur de la polysynodie afin de critiquer le gouvernement des ministres de {{Monarque-|Louis|XIV}}. En fait, il relève les nombreux défauts, selon l'auteur, de la polysynodie telle que le [[Philippe d'Orléans (1674-1723)|Régent]] l'a mise en place<ref>{{Lien web|auteur=Alexandre Dupilet|titre=Introduction au Discours sur la polysynodie|url=https://www.unicaen.fr/puc/sources/castel/doc/Gouvernement/polysynodie_intro.xml|site=unicaen.fr|consulté le=2021-05-01}}.</ref>.

Au cours de l'année 1718, l'activité des différents conseils décline, les conflits entre les conseillers se multiplient et ceux issus de la [[noblesse d'épée]] y manifestent leur opposition à la politique menée par le Régent. Ce dernier saisit donc l'occasion de la démission du [[Louis-Antoine de Noailles|cardinal de Noailles]] de la présidence du [[Conseil de Conscience|Conseil de conscience]] le {{Date-|16 septembre 1718}}, à cause de la querelle [[Jansénisme|janséniste]], et supprime la polysynodie<ref name=":1" />. Le duc d'Antin, président du [[Conseil des Affaires du Dedans du Royaume|Conseil du dedans]], a regretté ces querelles et a vu dans la suppression de la polysynodie un abaissement définitif de la noblesse d'épée<ref>{{Article|auteur1=[[Sophie Jugie]]|titre=« Le duc d'Antin ou le parfait courtisan » : réexamen d'une réputation.|périodique=[[Bibliothèque de l'École des chartes]]|volume=149|numéro=2|date=1991|doi=10.3406/bec.1991.450619|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1991_num_149_2_450619|consulté le=2021-05-03|pages=349–404 }}.</ref>.

=== Une réévaluation récente ===
[[Jean-Jacques Rousseau]], travaillant sur les écrits de l'[[Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre|abbé de Saint-Pierre]] de 1754 à 1759, juge que la polysynodie fut une expérience négative<ref name=":1" />. Il la qualifie de ridicule et en réduit considérablement la portée<ref>{{Ouvrage|langue=fr|nom1=[[Jean-Jacques Rousseau]]|titre=Jugement sur la Polysynodie: Nouvelle édition augmentée|éditeur=Arvensa editions|date=2014-02-18|isbn=979-10-273-0023-5|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=0zffAgAAQBAJ&pg=PA35#v=onepage&q&f=false|consulté le=2021-05-03}}.</ref>. Ce jugement hâtif a participé à la mauvaise réputation qu'a ensuite eu la polysynodie. En effet, ce système, considéré comme lent et peu efficace, à cause de l'incompétence des principaux conseillers et de leur très grand nombre{{Sfn|Viguerie|1995|p=19}}, n'a souvent pas été pris au sérieux<ref>{{Article |prénom1=Jean |nom1=Carreyre |titre=La politique religieuse du Régent (1715-1723) |périodique=[[Revue d'histoire de l'Église de France]] |volume=14 |numéro=65 |date=1928 |doi=10.3406/rhef.1928.2485 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1928_num_14_65_2485 |consulté le=2021-05-27 |pages=459–467 }}.</ref> et a été sévèrement jugé, y compris par les historiens des institutions comme [[Michel Antoine]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Michel Antoine]]|titre=Le Conseil du Roi sous le règne de Louis XV|lieu=Paris-Genève|éditeur=Droz, Mémoires et documents publiés par la société de l'Ecole des Chartes, 19|date=1970|pages totales=666}}.</ref>, mais il n'avait, jusqu'à récemment, jamais été étudié plus avant.

Grâce à des travaux plus approfondis, l'[[historiographie]] actuelle est plus nuancée. Ainsi, le spécialiste de la polysynodie, Alexandre Dupilet, invite à ne pas surestimer la responsabilité des conseils dans les grandes décisions politiques, qui étaient prises par le Régent. Le rôle des conseils de la polysynodie était surtout de traiter les affaires courantes. Il a également montré que cette période a pu décider d'un certain nombre de réformes financières et administratives, dans un esprit de rigueur<ref name=":1" />. On peut notamment citer les réformes fiscales de la taille proportionnelle et de la dîme royale<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Mireille|nom1=Touzery|titre=L’invention de l’impôt sur le revenu : La taille tarifée 1715-1789|lieu=Paris|éditeur=Comité pour l'histoire économique et financière de la France|collection=Histoire économique et financière - Ancien Régime|date=1994|isbn=978-2-8218-2850-6|lire en ligne=http://books.openedition.org/igpde/2061|consulté le=2021-05-04}}.</ref>.

Enfin, il convient de relativiser l'originalité du système de la polysynodie au regard des expériences européennes contemporaines. En effet, les réflexions sur les systèmes de gouvernement circulent à cette époque à travers l'Europe. Au cours du {{s-|XVII}}, la couronne [[Suède|suédoise]] s'organise avec sept collèges ; au début du {{s-|XVIII}}, l'[[Autriche]] a une structure gouvernementale avec des conseils ; la [[monarchie espagnole]] est régie par douze conseils et [[Pierre Ier le Grand|Pierre le Grand]] organise neuf [[Collège (ministère)|collèges]] en [[Empire russe|Russie]] à partir de 1718<ref name=":3" />. [[Louis de Rouvroy de Saint-Simon|Saint-Simon]] avoue d'ailleurs s'être inspiré des exemples autrichiens et espagnols<ref name=":1" />.

== Références ==
{{references}}

== Bibliographie ==

=== Sources du {{s-|XVIII}} ===
* {{Ouvrage|langue=FR|nom=[[Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre]]|titre=Discours sur la polysynodie : où l'on démontre que la polysynodie ou pluralité des conseils est la forme de ministère la plus avantageuse pour un roi et pour son royaume ([Reproduction en fac-similé]) / par M. l'abbé de Saint Pierre,...|lieu=Amsterdam|date=1719|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6478k|consulté le=2021-05-01}}.
*{{Ouvrage|auteur1=[[Jean-Jacques Rousseau]]|titre=Jugement sur la polysynodie|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=0zffAgAAQBAJ&pg=PA35#v=onepage&q&f=false}}.
*{{Ouvrage|langue=FR|nom=[[Louis de Rouvroy de Saint-Simon]]|titre=Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon sur le siècle de Louis XIV et la Régence. T. 13 / collationnés sur le ms. original par M. Chéruel ; et précédés d'une notice biographique par M. Sainte-Beuve,...|lieu=Paris|date=1856-1858|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70480|consulté le=2021-05-27}}.

=== Travaux d'historiens ===
* {{Ouvrage|auteur1=[[Michel Antoine]]|titre=Le Conseil du Roi sous le règne de Louis XV|lieu=Paris-Genève|éditeur=Droz, Mémoires et documents publiés par la société de l'Ecole des Chartes, 19|date=1970|pages totales=666}}.
* {{Article |prénom1=Jean |nom1=Carreyre |titre=La politique religieuse du Régent (1715-1723) |périodique=Revue d'histoire de l'Église de France |volume=14 |numéro=65 |date=1928 |doi=10.3406/rhef.1928.2485 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1928_num_14_65_2485 |consulté le=2021-05-27 |pages=459–467 }}.
* {{Article |auteur1=Alexandre Dupilet |auteur2=Thierry Sarmant |titre=Polysynodie et gouvernement par conseil en France et en Europe du {{s mini-|XVII}} au {{s-|XIX}}|périodique=Histoire, économie & société |date=2007 |pages=51-65 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-histoire-economie-et-societe-2007-4-page-51.htm}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Alexandre Dupilet|titre=La Régence absolue. Philippe d'Orléans et la polysynodie (1715-1718)|lieu=Seyssel|éditeur=Champ Vallon, collection Epoques|date=2011|pages totales=437|isbn=978-2-87673-547-7}}.
* {{Lien web |auteur=Alexandre Dupilet |titre=Introduction au Discours sur la polysynodie |url=https://www.unicaen.fr/puc/sources/castel/doc/Gouvernement/polysynodie_intro.xml |site=www.unicaen.fr |consulté le=2021-05-01}}
* {{Ouvrage|auteur1=Alexandre Dupilet|titre=Le cardinal Dubois. Le génie politique de la Régence|lieu=Paris|éditeur=Tallandier|date=2015|pages totales=411|isbn=979-10-210-0761-1}}.
* {{Article |nom1=[[Françoise Hildesheimer]] |titre=L'ego financier de Saint-Simon. À propos des Edits de 1717 |périodique=Cahiers Saint-Simon |volume=38 |numéro=1 |date=2010 |doi=10.3406/simon.2010.1477 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/simon_0409-8846_2010_num_38_1_1477 |consulté le=2021-05-03 |pages=51–68 }}.
* {{Article |nom=[[Sophie Jugie]] |titre=« Le duc d'Antin ou le parfait courtisan » : réexamen d'une réputation. |périodique=Bibliothèque de l'École des chartes |volume=149 |numéro=2 |date=1991 |doi=10.3406/bec.1991.450619 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1991_num_149_2_450619 |consulté le=2021-05-03 |pages=349–404 }}
* {{Article |prénom1=Laurent |nom1=Lemarchand |titre=Saint-Simon et les réformes (politiques) : un rendez-vous manqué ? |périodique=Cahiers Saint-Simon |volume=38 |numéro=1 |date=2010 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/simon_0409-8846_2010_num_38_1_1479 |consulté le=2021-05-02 |pages=79–92 }}.
* {{Ouvrage|auteur1=Laurent Lemarchand|titre=Paris ou Versailles ? La monarchie absolue entre deux capitales 1715-1723|lieu=Paris|éditeur=CTHS Histoire|date=2014|pages totales=402|isbn=978-2-7355-0797-9}}.
* {{Ouvrage|auteur1=[[Pascale Mormiche]]|titre=Le petit Louis XV. Enfance d'un prince, genèse d'un roi (1704-1725)|lieu=Ceyzérieu|éditeur=Champ Vallon, collection Epoques|date=2018|pages totales=422|isbn=979-10-267-0739-4}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Mireille Touzery]]|titre=L’invention de l’impôt sur le revenu : La taille tarifée 1715-1789|lieu=Paris|éditeur=Comité pour l'histoire économique et financière de la France|collection=Histoire économique et financière - Ancien Régime|date=1994|isbn=978-2-8218-2850-6|lire en ligne=http://books.openedition.org/igpde/2061|consulté le=2021-05-04}}
* {{Lien web |auteur=[[Louis Trenard]] |titre=Polysynodie |url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/polysynodie/ |site=[[Encyclopædia Universalis]] |consulté le=25 décembre 2017}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean de Viguerie|titre=Histoire et dictionnaire du temps des Lumières|éditeur=[[Robert Laffont]]|année=1995|pages totales=1730|isbn=2-221-04810-5|ean=9782221048108}}
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