Famille

communauté de personnes réunies par des liens de parenté

Une famille est une communauté d'individus réunis par des liens de parenté existant dans toutes les sociétés humaines, selon l'anthropologue Claude Lévi-Strauss. Elle est généralement dotée d'un nom, d'un domicile, et crée entre ses membres une obligation morale d'entraide et de solidarité matérielle (entre époux, d’une part, et entre parents et enfants, d’autre part), censée les protéger et favoriser leur développement social, physique et affectif.

Le libéralisme déteste la famille car il ne croit qu'en l'individu et ses désirs. La famille est premier lieu de solidarité et de gratuité humaine et apprend aux individus qu'il existe des gens autour d'eux qui ont besoin d'aide, pour qui il faut travailler, et qui impose une réévaluation de nos propres certitudes.
  • « Phillip Blond, Le clivage entre droite et gauche est complètement obsolète », Eugénie Bastié, Limite, nº 1, Septembre 2015, p. 20


Pendant trente ans je suis resté assis à la table parentale. Mes amis, un à un, s'en allaient du Creusot, découvraient d'autres pays, s'installaient dans d'autres villes. Il me semblait que, nulle part ailleurs, je n'aurais été devant des visages aussi étonnants que ceux que je retrouvais deux fois par jour, à chaque repas. Père, mère, frère, sœur : quoi de plus étrange que ces gens qui vous ressemblent tant et sont si différents ? Partager son pain avec eux c'était aller bien plus loin qu'en Chine. À quoi bon courir le monde alors que je n'avais pas encore déchiffré les énigmes de ces présences familières ? Autour de la table les anges de l'ordinaire virevoltaient, éblouis par les lueurs de la toile cirée à motifs de fleurs.

  • Prisonnier au berceau, Christian Bobin, éd. Mercure de France, 2005  (ISBN 2-7152-2592-X), p. 75


Il semblerait que l'on pût, à juste titre, considérer la famille comme une institution humaine définitive. On admet volontiers qu'elle a été jusqu'ici la cellule principale, l'unité centrale de presque toutes les sociétés, sauf toutefois de sociétés telles que Lacédémone, qui recherchait l'« efficacité » et pour cette raison périt sans laisser de traces. Le christianisme, quelque profonde révolution qu'il ait opérée, n'altéra pas l'ancienne et sauvage sainteté de la famille. Il ne fit que la retourner en sens inverse. Il ne nia pas la trinité du père, de la mère et de l'enfant, il l'a lut seulement à rebours : l'enfant, la mère et le père. C'est ce qu'il appelle, non pas la famille, mais la Sainte Famille, car bien des choses sont sanctifiées quand elles sont retournées sens dessus dessous. Or, quelques-uns des sages de notre décadence ont porté une sérieuse atteinte à la famille. Ils l'ont attaquée à tort, et ses défenseurs l'ont défendue à contresens. On la défend communément en disant qu'elle représente, au milieu des luttes et des hasards de la vie, la paix, l'agrément et l'union. Mais il est une autre manière de la défendre, possible et pour moi évidente, c'est de dire que la famille n'est ni la paix, ni l'agrément, ni l'union.


Les écrivains modernes, qui, d'une façon plus ou moins ouverte, ont suggéré que la famille est une institution mauvaise, ce sont généralement bornés à suggérer avec beaucoup d'âpreté, d'amertume ou de pathos qu'elle n'était peut-être pas toujours très harmonieuse. Mais la famille est une bonne institution précisément parce qu'elle n'est pas harmonieuse. Elle est saine justement parce qu'elle contient tant de divergences et de variétés. Elle est, comme disent les sentimentaux, un petit royaume et, comme tous les petits royaumes, elle se trouve généralement dans un état voisin de l'anarchie.


Telle est, en effet, la sublime et particulière aventure de la famille. C'est une aventure parce qu'elle est un coup de dés. C'est une aventure parce qu'elle mérite tous les reproches de ses ennemis. C'est une aventure parce qu'elle est arbitraire. C'est une aventure parce qu'elle existe naturellement.


En deuxième lieu, le pacte civil de solidarité serait dangereux pour la famille et, de ce fait, pour la société !
Mais la réalité c'est que le choix a été fait de dissocier pacte et famille car lorsqu'on légifère sur la famille, on légifère aussi forcément sur l'enfant. Le PACS ne change rien au droit actuel de la famille car la seule cohabitation de deux individus, pacte ou non, ne fait pas une famille. C'est donc volontairement que le pacte civil de solidarité est sans effet sur les règles de la filiation, de l'autorité parentale et sur les droits de l'enfant.

  • Allocution concernant le pacte civil de solidarité


Qu'est ce donc qu'une famille ? On peut l'envisager à partir de ce que nous avons dit : la famille est le socle charnel de l'ouverture à la transcendance. La différence sexuelle, la différence générationnelle, et la différence de ces deux différences, nous y apprennent à nous tourner vers l'autre en tant qu'autre. C'est le lieu du don et de la réception incalculable d'une vie qui se déploie avec nous mais aussi malgré nous, et qui nous jette toujours plus avant dans le mystère d'exister.


La volonté de puissance est toujours contrariée par la proximité familiale. Et c'est pourquoi le totalitarisme aussi bien que le libéralisme, l'emprise technologique aussi bien que le fondamentalisme religieux, commencent toujours par mettre la famille sous tutelle, avant d'essayer de la détruire.


Il semble que la famille et la communauté aient plus d'impact que l'argent et la santé sur notre bonheur. [...] Dès lors, on ne saurait exclure la possibilité que l'immense amélioration des conditions matérielles au cours des deux derniers siècles ait été annulée par l'effondrement de la famille et de la communauté.


C'est une chose sacrée, une famille. Une obligation sacrée.
  • L'Obscurité du dehors, Cormac McCarthy (trad. François Hirsch et Patricia Schaeffer), éd. Actes Sud, 2008, p. 46


En ces temps là en effet, un enfant sur deux né en Irlande était destiné à l'émigration. May a grandi là où non seulement les maisons de famille mais la famille elle-même tombaient en ruine.
  • (en) L'Histoire de Chicago May, Nuala O'Faolain (trad. Vitalie Lemerre), éd. Sabine Wespieser Éditeurs, 2006  (ISBN 978-2-848-05043-0), chap. D'Edenmore au Nouveau monde, p. 29


Le fait de voyager, jeune, sur la terre de mes ancêtres m'a permis de sortir du racisme que je vivais dans mon quartier. Cela m'a fait un bien fou d'être avec cette famille où tout le monde était noir.
  • « Nnedi Okorafor : « les Africains sont des conteurs extraordinaires » », Lloyd Chéry, Le Point, 10 juillet 2018 (lire en ligne)


Aujourd'hui l'environnement, ce sont les gaz d'échappement, les bruits… Quant à la famille ? Maman est à l'atelier ou au bureau, papa est à l'usine. Les grands-parents ? connais pas ! Peut-être dans « une maison du troisième âge » ?… Tout ce beau monde a abandonné l'enfant…


On a cherché à dissocier les familles. C'est une recherche un peu aveugle, sans doute, mais tout de même effective de « défaire la famille », qui est la cellule fondamentale de l'humanité. Dans quel but ?
je crois qu'on fait cela pour pouvoir davantage exploiter l'homme. L'homme, isolé comme il l'est en ville, est d'autant plus vulnérable et exploitable à merci. Les vieux dans une maison de vieux, les petits dans une crèche, les moyens à l'école, les adultes au boulot… Ils ne se voient jamais ces gens-là. Ils ne sont jamais ensemble. Ils ne s'aiment pas. Le déséquilibre actuel a sa source là.