Prosper Proux
Prosper Proux, né à Poullaouen (Finistère) le et mort à Morlaix le [1], est un écrivain de langue bretonne. Percepteur de son métier, il fut surtout l’un des bardes bretons les plus connus du XIXe siècle, composant deux volumes de vers et un grand nombre de chansons bretonnes.
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Biographie
modifierProsper Proux, né à Poullaouen, descendait de la famille du Parc, dont un membre, Maurice du Parc, participa au fameux combat des Trente. Le père de Prosper Proux fut contrôleur des mines et maire de Poullaouen. Orphelin très jeune, il fit ses études au collège de Saint-Pol-de-Léon, puis aux lycées de Saint-Brieuc et de Lorient.
Après quelques voyages à l'étranger, il revint au pays, se maria et fut pendant vingt ans percepteur, d'abord à Guerlesquin, puis à Saint-Renan. S'étant démis de ses fonctions, il vint habiter Morlaix et s'occupa jusqu'à sa mort, d'affaires commerciales. Il succomba le à la rupture d'un anévrisme au moment où, penché à sa fenêtre, il regardait passer une procession de communiantes[2].
Prosper Proux fut un des premiers adhérents de la Breuriez Breiz-Izel ("Confrérie des Bardes de Basse-Bretagne"), fondée à Morlaix le à l'initiative de Jean Pierre Marie Le Scour, le « barde de Notre-Dame-de-Rumengol ».
Œuvre
modifierDeux recueils ont été publiés de son vivant : Canaouennou gret gant eur C’hernewod (1838), et Bombard Kerne - Jabadao ha Kaniri (1866).
Certaines de ces chansons ont par ailleurs été publiées dans des revues ou sur feuilles volantes[3].
Sa chanson la plus connue est Kimiad eur soudard yaouank, qui est devenue un standard du kan ha diskan[4].
Prosper Proux fait rire aux dépens de la morale de son époque. Une partie importante de son œuvre est malheureusement perdue[5].
Certaines de ces chansons sont des adaptations en Breton de chansons françaises, bien qu'il n'en cite pas les sources[6].
Louis Le Menn dresse dans le journal Ouest-Éclair un panégyrique de son œuvre : « Par la pureté du style, par l'aimable moralité qui se dégage de ses écrits, même les plus risqués, Prosper Proux mérite l'un des tout premiers rangs parmi les écrivains de la renaissance celtique du XIXe siècle. Il en est certainement le plus complet et le plus original »[7].
François-Marie Luzel a écrit à son propos : « Prosper Proux est un poète de bonne race celtique, d'une originalité très accentuée, d'une verve primesautière et endiablée ; son vers, d'une allure vive et légère, franc, bien venu, né du sol, est tout imprégné des parfums des landes et des champs du Breiz-Izel. On n'y voit jamais aucune trace d'imitation, qualité rare et bienfaisante, et l'on dirait qu'il n'a jamais lu un poète français »[8]
En 1913, François Jaffrennou lui a consacré une thèse, « Prosper Proux. Studiaden var e vuez, e lizerou, e varzoniez», à la faculté des lettres de Rennes.
Un monument en son honneur, sculpté par René Quillivic, fut érigé à Guerlesquin en 1919[9].
Citations
modifier« Connaissez-vous l’exellent poète qui se cache sous le pseudonyme de Eostik Koat ann Noz ? C’est un esprit charmant, un puriste breton, mais je vous le dis tout bas : je sens sous cette peau celtique la carcasse française.
C’est le défaut commun à beaucoup de lettrés bretons, Brizeux entre autres. Il faut, pour faire du breton vrai, penser en breton, et se bien garder de se souvenir qu’on sait le français. C’est ma méthode depuis longtemps, et j’en ai tiré bon parti quelquefois[10]. »
Dans une lettre non-datée à Luzel, il écrit à propos de sa traduction française de Bombard Kerne, qui doit figurer en regard du texte breton :
« Voila la traduction approximativement. Faites-en l’usage qu’il vous plaira… Comme c’est pâle, une traduction ! Je ne reconnais plus mes pauvres enfants : on me les a changés en nourrice. Traduttore, traditore. Le proverbe n’est que trop vrai. Ce travail ingrat m’a écœuré[11]. »
À propos de la querelle du Barzaz Breiz :
« Il y a toutes chances de réconciliation. Franchement, je la désire. pour qu’il n’y ait ni schime, ni division dans notre Eglise Bretonne. Je ne parle du reste que d’union littéraire, liberté complète pour les sympathies personnelles[12]. »
Notes et références
modifier- Notice d'autorité de la Bibliothèque nationale de France.
- Journal Ouest-Éclair no 7305 du 12 septembre 1919, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k582800z/f3.image.r=Guerlesquin.langFR
- Joseph Ollivier, Catalogue bibliographique de la Chanson populaire bretonne sur feuilles volantes in Annales de Bretagne, 1941, p. 196
- Voir par exemple la version des Frères Morvan dans Tenzor ar Botkol, édition Coop Breizh, 2000
- Lettre à Luzel du 24 mars 1865, citée par F. Jaffrennou dans sa thèse de 1913 : « En 1827, je fis un voyage à Terre-Neuve, à la pêche de la morue, et plus tard, je m’avisai de chanter mes pérégrinations en vers bretons. Était-ce bon ? ou mauvais ? Je ne saurais trop le dire aujourd’hui, mais je crois que c’était mauvais, car j’ai moi-même jeté le manuscrit (500 vers) au feu, et il faut qu’un enfant soit furieusement laid pour qu’un papa le sacrifie bénévolement. »
- Annales de Bretagne, Volume 34-1, 1919, p. 99
- Journal Ouest-Éclair no 1986 du 28 janvier 1905, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k640597g/f3.image.r=Guerlesquin.langFR
- Préface de Bombard Kerne, page VII, disponible sur commons
- Le Temps no 21259 du 22 septembre 1919 (consultable en ligne sur Gallica).
- Lettre à Luzel du 11 janvier 1865, citée par F. Jaffrennou dans sa thèse de 1913
- Lettre non datée adressée à Luzel, citée par F. Jaffrennou dans sa thèse de 1913
- Lettre à Luzel de mars 1865, citée par F. Jaffrennou dans sa thèse de 1913
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Prosper Proux : 1811-1873 : un poète et chansonnier de langue bretonne : vie, œuvres, correspondance comprenant de nombreux inédits, présenté par Yves Le Berre, Jean Le Dû et François Morvannou, Brest, Centre de recherche bretonne et celtique, 1984, 343 p., bibliographie p. 337-342, index, texte en breton et trad. française