Obéron (personnage)

roi des fées, selon de nombreuses légendes médiévales

Obéron, ou Aubéron, est le roi des fées dans de nombreuses légendes médiévales.

Obéron
Description de cette image, également commentée ci-après
La querelle d’Obéron et de Titania
Étude de Joseph Noel Paton (v. 1849).
Créature
Autres noms Aubéron, Albéric, Alberich
Groupe Mythologie, folklore populaire
Caractéristiques Roi des fées
Proches Elfe, nain
Origines
Origines Légende mérovingienne (Albéric)
Épopées germaniques (Alberich)
Région Europe
Première mention Légendes Ve – VIIIe siècle

Œuvres principales

Apparu dans la littérature dès le haut Moyen Âge (Huon de Bordeaux), Obéron est particulièrement connu comme personnage de William Shakespeare, dans Le Songe d'une nuit d'été (vers 1590). Il est présent dans de nombreuses autres œuvres, anciennes (Geoffrey Chaucer, Edmund Spenser, Christoph Martin Wieland, etc.) ou modernes.

Légendaire mérovingien et germanique

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Le nom germanique du personnage, Alberich (elbe, pluriel alp, pour « elfe » ; rich pour « roi ») renvoie à son statut de roi des elfes[1]. Pour le philologue Gaston Paris[2],[3], il se confond à l'origine avec l'enchanteur Albéric qui, dans l'histoire légendaire des Mérovingiens, est le frère de Mérovée, l'ancêtre éponyme de la dynastie[4]. Il conquiert pour son fils aîné Walbert la main d'une princesse de Constantinople[1].

Dans la Chanson des Nibelungen, le nain Alberich est le gardien du trésor souterrain des Nibelungen et le détenteur d'une cape qui rend invisible. Vaincu par Siegfried, il doit lui céder sa cape magique. Une autre épopée germanique, Ortnit, le dépeint comme le roi des nains, père du héros éponyme de l'œuvre[4].

Huon de Bordeaux

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Morgan Le Fay, 1864, Anthony Frederick Sandys (Birmingham Art Gallery).

Le personnage d'Obéron est mentionné dans la littérature française dès la première moitié du XIIIe siècle. C'est un nain féerique qui aide le héros de la chanson de geste Les Prouesses et faitz du noble Huon de Bordeaux.

Quand Huon, fils du comte Seguin de Bordeaux, traverse la forêt où vit Obéron, il est mis en garde par un ermite. Mais sa courtoisie le conduit finalement à recevoir les salutations d'Obéron et obtenir ainsi son aide dans sa quête. Ayant tué Charlot, le fils de l'empereur (en se défendant), Huon doit visiter la cour de l'amir de Babylone et accomplir divers exploits pour obtenir le pardon. C'est seulement grâce à l'aide d'Obéron qu'il y réussit.

L'elfe apparaît : il est d'une taille de nain mais d'une grande beauté. Obéron explique que lors de son baptême, une fée offensée l'a condamné à cette petite taille — première mention d'une mauvaise marraine-fée. Quelque peu radoucie, elle lui aurait ensuite accordé en compensation la beauté. La taille de nain, cet aspect singulier issu de l'Alberich des Nibelungen, trouve ainsi une explication[5].

Le véritable Seguin était comte de Bordeaux sous Louis le Pieux en 839, et mourut en combattant les Normands en 845. Charles l'Enfant, fils de Charles le Chauve, mourut en 866 des blessures infligées par un certain « Aubouin », dans des circonstances similaires à celles du Charlot de l'histoire — un guet-apens. Obéron apparaît donc dans l'imaginaire courtois français du XIIIe siècle, d'après une interprétation de faits historiques du IXe.

À ce personnage légendaire, il est donné quelques artefacts celtiques, telle une coupe magique (comparable au Saint Graal) qui reste toujours pleine pour le vertueux : « La coupe magique fournissait leur repas du soir ; son pouvoir était tel, qu'elle proposait non seulement du vin, mais aussi des aliments plus solides quand désirés[6] », selon Thomas Bulfinch. Obéron est également présenté comme l'enfant de la fée Morgane et de Jules César.

 
Illustration d'Obéron enchantant Titania de William Heath Robinson, 1914.

Shakespeare lut ou entendit vraisemblablement cette chanson de geste dans la traduction faite vers 1540 par Lord John Bourchier Berners, intitulée Huon de Burdeuxe. Dans son journal intime, Philip Henslowe note qu'une représentation de la pièce Hewen de Burdocize eut lieu le .

C'est au cours de cette période que Shakespeare écrivit Le Songe d'une nuit d'été (A Midsummer Night's Dream).

Cette pièce de théâtre se situe en théorie dans l'Athènes antique, mais brouille en fait volontairement les repères temporels. Obéron est un personnage majeur de l'intrigue. En même temps qu'il gère sa dispute avec sa femme, la reine Titania, il intervient dans les histoires d'amour des jeunes Athéniens qui se sont aventurés dans la forêt pendant la nuit. Son intervention permet de voir à la fin de la nuit (et après des péripéties) deux couples amoureux, alors qu'au départ la situation semblait orienter les jeunes gens vers une issue tragique.

Obéron est un personnage puissant, mais n'intervient que peu physiquement, confiant les actions à son dévoué mais espiègle serviteur Robin, ou Puck.

Autres références historiques

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Royal Opera House (Covent Garden), vers 1809.
  • L'abbé Joachim Vos fait de lui un fils de Clodion le Chevelu et un ancêtre agnatique de Charlemagne[7].
  • Obéron est un personnage de The Scottish History of James IV (« L'Histoire écossaise de James IV »), une pièce écrite vers 1590 par Robert Greene.

Références modernes

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Obéron, lune d'Uranus

Le personnage du roi Obéron a été transposé dans de nombreuses œuvres fantastiques, notamment en langue anglaise : romans, bande-dessinées, dessins animés, films, etc.

Dans la littérature

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  • Dans les romans fantastiques du Cycle des Princes d'Ambre de Roger Zelazny, Obéron est le roi d'Ambre et le père de tous les princes.
  • Dans les trois romans du cycle de Georges Hercule Bélisaire Beauregard de Hervé Jubert, Obéron III est l'empereur de Sequana et le mari de Titania.
  • Dans le roman fantastique Le Chiffre de Cthulhu (The Cthulhu Encryption: A Romance of Piracy) de Brian Stableford, Obéron est un magicien, prétendument roi des Enfers, qui sont situés dans la forêt de Brocéliande. Il détient un exemplaire du Necronomicon et œuvre pour le retour de Cthulhu. (Traduction française à paraître en 2020).
  • Dans les œuvres du cycle de Vertigen de Léa Silhol (La Sève et le Givre, La Glace et la Nuit, Avant l'Hiver), en tant que Haut Roi des 9 Cours d'Ombre, marié à la reine Titania.
  • Dans la saga Les Royaumes Invisibles de Julie Kagawa, Obéron est un antagoniste ayant vécu les mêmes mésaventures que dans Le Songe d'une nuit d'été.
  • Dans la saga Le Sorceleur de Andrzej Sapkowski, Auberon est le roi des Aéen Elle (les elfes de cette fiction).

Dans la bande dessinée

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Dans les jeux de rôles

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  • Il est aussi le Haut Roi du royaume féerique de Concordia dans le monde fictif de Changeling : the Dreaming, en français : Changelin : le Songe, nom d'un jeu de rôle édité par White Wolf Publishing.
  • Dans le jeu de rôles INS/MV.
  • Il est aussi le boss du mystère d'introduction de Monster of the week.

Dans les séries télévisées

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Dans les parcs d’attraction

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Dans les jeux vidéo

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  • Dans le jeu mobile Fate/Grand Order Oberon est un servant jouable et le premier de classe Pretender.
  • Dans le jeu mobile Summoners Wars: Sky Arena, Oberon est un monstre du jeu, il s'agit du roi des fées de type lumière.
  • Il apparaît en tant que boss dans le jeu vidéo PC Overlord, édité par Codemasters et développé par Triumph Studios, adapté sur plateforme PlayStation 3 sous le titre Overlord: Raising Hell.
  • Dans le jeu vidéo Warframe, Obéron est une des Warframes disponible. Il est reconnaissable par ses cornes.
  • Dans le jeu vidéo Elsword, en tant que robot serviteur d'un des protagonistes.
  • Dans le jeu vidéo Les Sims 2, Obéron est un personnage contrôlable vivant à Veronaville avec sa femme Titania et leurs enfants Puck et Boutondor. Il apparaît aussi dans Les Sims 3 : Super pouvoirs.

Dans le cinéma

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  • Nom donné à la station spatiale américaine dans La Planète des singes (2001) de Tim Burton, qui une fois écrasée donnera naissance à Calima, le berceau de la naissance de l'espèce supérieure simiesque.

Dans la botanique

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  • Oberonia est un nom d'orchidées épiphytes, qui "chevauchent dans les branches des arbres" (in ramos arborum equitat) selon l'auteur, John Lindley (1830).

Notes et références

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  1. a et b (en) « Oberon », Encyclopaedia Britannica,‎ , p. 947 (lire en ligne, consulté le )
  2. Paris 1861.
  3. Paris 1900.
  4. a et b (en) « Oberon (legendary figure) », Encyclopaedia Britannica,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Katharine Briggs, An Encyclopedia of Fairies, Hobgoblins, Brownies, Boogies, and Other Supernatural Creatures, chap. « Huon de Bordeaux », p. 227 — (ISBN 0-394-73467-X)
  6. « The magic cup supplied their evening meal; for such was its virtue that it afforded not only wine, but more solid fare when desired »Thomas Bulfinch.
  7. Joachim Vos, Lobbes, son abbaye et son chapitre (lire en ligne), p.138

Bibliographie

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