Louis Barillet
Louis Barillet (Louis Joseph Pierre Barillet), est un maître verrier, décorateur et mosaïste français né le à Alençon (Orne), et mort le à Clamart (Hauts-de-Seine)[2]. La production de vitraux et de mosaïques de son atelier a symbolisé le renouveau du vitrail moderne en France dans l'Entre-deux-guerres et marqué nombre d'édifices du style Art Déco comme la Villa Noailles à Hyères ou la piscine Molitor à Paris en développant notamment la technique du "vitrail blanc".
Naissance | |
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Période d'activité |
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Activités | |
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Lieu de travail |
Atelier Barillet, Paris 15e |
Mouvement |
Union des Artistes Modernes (U.A.M.), Mouvement Art Déco |
Père |
Alfred Barillet |
Mère |
Marie Barillet (disparue lorsque l'artiste avant deux ans) |
Enfant |
Jean Barillet (d) |
Archives conservées par |
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 464-469, 6 pièces, -)[1] |
Piscine Molitor, Atelier Barillet, Villa Noailles |
Tout en œuvrant à la restauration des vitraux d'une France dévastée par la Grande Guerre, Louis Barillet participe activement dès les années 1920 aux manifestations artistiques de l'avant garde parisienne aux côtés de Robert Mallet Stevens, Jacques le Chevallier, Théodore Hanssen, René Herbst, Jacques Doucet, Paul Poiret, l'Aga Khan ou encore Léonce Rosenberg. À ce titre, il a participé à la formation de l'Union des artistes modernes (U.A.M.) en 1929.
Il fait appel en 1932 à l'architecte Robert Mallet Stevens pour construire sa demeure et son atelier, l'Atelier Barillet, bâtiment d'avant garde dans le 15e arrondissement de Paris.
Biographie
modifierÉtudes
modifierLouis Barillet quitte sa ville natale d'Alençon pour s'installer à Paris en 1900 où il est accepté à l'école des Beaux-Arts de Paris dans les ateliers de Jean-Léon Gérôme ainsi que de Luc-Oliver Merson. Il accomplit son service militaire de novembre 1901 à septembre 1902 dans l'infanterie. Il poursuit ses études jusqu'en 1906 avec le sculpteur Emmanuel Fontaine qui l'initie à la gravure de médailles.
Débuts : Peinture, médailles et vitraux
modifierDès 1906, Louis Barillet expose sept portraits au salon des artistes français dans un style pointilliste proche du mouvement fauve. Bénéficiant d'une bourse d'études, il s'installe en Grèce et en Turquie entre à partir de 1907 réalisant des portraits, sculptures et médailles pour plusieurs familles de Brousse, de Nicée ou de Constantinople jusqu'à son retour en France en 1908 où il reprend son activité de médailleur, art en pleine expansion, dans lequel son geste est technique et précis.
Premier pas dans le monde du vitrail, Louis Barillet réalise en 1912 le carton d'un vitrail de l'église de Mortagne-au-Perche sous l'influence et grâce à la recommandation de Maurice Denis.
Mobilisation en 1914 dans l'escadrille F19
modifierMobilisé adjudant d'infanterie en 1914, il est appelé à rejoindre l’escadrille F19 l'année suivante au même titre que beaucoup de photographes, peintres ou artistes en qualité de dessinateur en chef de la section photo à une époque où la photographie aérienne commence à démontrer son importance dans les États-majors bien que l'aviation militaire soit encore balbutiante. Il aura plus tard l'occasion de réaliser des médailles honorifiques pour d'autres aviateurs morts au combat et notamment pour le capitaine-pilote Guynemer, membre de son escadrille en 1917.
Retour à la vie civile et naissance de l'Atelier Barillet au service de la reconstruction
modifierLouis Barillet ouvre en 1919, son premier atelier au no 7 rue Alain-Chartier pour poursuivre son activité de décorateur et de médailleur. Il rencontre Jacques le Chevallier, jeune graveur et illustrateur qu'il emploie sur ses projets, portés à la fois par les importants besoins de plaques commémoratives et par les nombreux projets de restauration de vitraux des édifices religieux dévastés par la Grande Guerre. Le nombre de chantiers spécialisés les pousse à recruter des ouvriers verriers spécialisés. Le peintre et maitre-verrier belge Théodore Hanssen les rejoint en 1922.
Atelier Barillet
modifierLa reconnaissance et le succès fulgurant de l'atelier permet au trio d'artistes constitué avec Jacques Le Chevallier, puis Théo Hanssen qui signent en commun leurs réalisations d'assurer une grande partie des chantiers de restauration ou de reconstruction de vitraux religieux en France et des plaques commémoratives à effigie des morts de la Grande Guerre. En 1932, il ouvre un second atelier au no 15 square Vergennes à Paris[3] qui deviendra le cœur du renouveau du vitrail français[4].
Du vitrail religieux à un langage plastique inédit : le "vitrail blanc"
modifierC'est néanmoins dans le domaine du vitrail civil que l'apport de Barillet sera le plus notable. Passionné de matériaux nouveaux comme les verres striés industriels, verres martelés ou verres imprimés développés par la Compagnie de Saint-Gobain et las de la frilosité du clergé face à ses tentatives modernistes, il développe de nouvelles techniques et se rapproche de l'architecte Robert-Mallet Stevens avec qui il partage cette vision du vitrail comme paroi lumineuse au service d'un bâtiment, "tableau lumineux" liant l'intérieur et l'extérieur et s'adaptant à la lumière électrique qui se démocratise. C'est à partir de 1925, que l'atelier connait un véritable succès artistique pour ses propositions de verres blancs de réfractions différentes entrant dans la "modernité" et dans l'avant-garde architecturale où il côtoie architectes, artistes et personnalités.
Collaboration avec Robert Mallet-Stevens
modifierÀ partir de 1922 et particulièrement dans les années 1927-1930, Barillet et Mallet Stevens réalisent ensemble de nombreux projets architecturaux dans lesquels les verrières et vitraux marquent le style moderne des bâtiments. On peut citer parmi de nombreux projets communs :
- la villa Noailles à Hyères,
- les hôtels particuliers bordant la rue Mallet-Stevens, dont notamment la villa des sculpteurs Jean et Joël Martel, au no 10, Paris 16e
- la Villa Cavrois à Croix (Nord), propriété du centre des monuments nationaux depuis 2001
- l'hôtel particulier et atelier de Louis Barillet lui-même qu'il commandera à son ami en 1932, propriété de l'homme d'affaires Xavier Niel depuis 2018.
Cette proposition croisée de Robert Mallet-Stevens et de Barillet associant l'architecture moderniste aux propositions graphiques stylisées marquent les façades et la ligne architecturale des plus grands chefs-d'œuvre de Mallet Stevens, mais également le design des intérieurs modernistes dont ils constitueront une référence.
Son fils, Jean Barillet (1912-1997), maître-verrier, lui aussi reprendra l'atelier à sa mort pour perpétuer la tradition paternelle[5].
Son œuvre
modifierIl expose à l'Union des artistes modernes, mouvement d'artistes décorateurs et d'architectes fondé en France en 1929 par l'architecte Robert Mallet-Stevens, et dont l'activité a perduré jusqu'en 1958.
Louis Barillet utilise exclusivement des verres industriels : verres prismatiques, verres imprimés, verres opaques auxquels s’adjoindront des verres gris, noirs et des miroirs. Il repense ainsi l'art du vitrail dans l'esprit du renouveau esthétique adapté aux besoins et au style Art déco de l'époque. Son travail séduit des architectes tels que Robert Mallet-Stevens ou Paul Rouvière [6]. Il réalise de nombreux vitraux religieux, civils, des verrières, etc.
Réalisation pour édifices religieux
modifier- Vitraux de l'église catholique de Sainte-Rose-de-Lima, 1956, douze verrières, York, Pennsylvanie (États-Unis).
- Vitraux de la basilique Notre-Dame de la Trinité de Blois (avec Jacques Le Chevallier et Théodore Hanssen) : quatorze verrières. Architecte Paul Rouvière.
- Vitraux de l'église Notre-Dame-des-Otages à Paris (avec ses collaborateurs Jacques Le Chevallier et Théodore Hanssen).
- Vitraux de l'église Saint-Rémi de Sermoise (Aisne), 1925 : neuf verrières[7],[8].
- Vitraux de l'église de la Sainte Famille du Pré-Saint-Gervais, 1928 : treize verrières[9].
- Vitraux de l'église Saint-Rémi de Limé, 1929 : treize verrières[10].
- Vitraux de l'église Saint-Rémi d'Augy, 1930 : quatorze verrières (avec Jacques Le Chevallier et Théodore Hanssen)[11].
- Vitraux de l'église Notre-Dame de l'Assomption de Neuilly-Plaisance, dix verrières[12].
- Vitrail d'un ensemble de trois verrières de l'église Notre-Dame des Missions d'Épinay-sur-Seine[13]
- Vitrail d'une verrière de l'église Saint-Sauveur de Bellême, entre 1920 et 1925[14]
- Vitrail de l'église Saint-Maurice de Vesly[15]
- Vitraux de l'église Saint-Martin de Ciry-Salsogne (Aisne), 1924, dix-sept verrières[16], ainsi que la mosaïque des autels[17]
- Mobilier de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais[18]
- Vitraux du déambulatoire, cathédrale Sainte-Geneviève de Nanterre, vers 1930, inscrite aux monuments historiques
- Monument aux morts de la paroisse, cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons, 1931, inscrit aux monuments historiques[19]
- Vitraux de la basilique Saint-Sauveur de Dinan (1939).
- Vitraux de la chapelle de la Vierge en l'Église Saint-Dominique (Paris) fait en 1941
- Vitraux de l'église Saint-Firmin de May-sur-Orne avec Charles-Émile Pinson en 1958[20].
- Vitrail de Saint Vincent, basilique Saint-Denys d'Argenteuil (Val-d'Oise).
- Vitraux de l'église Saint-Martin de Martigny-Courpierre (Aisne).
- Vitraux de l'église Saint-Martin de Monthenault (Aisne).
- Vitraux de la basilique Notre-Dame de Montligeon[21] (Orne).
- Vitraux de la chapelle du grand séminaire[22] de Meaux (rue de Châage) (architecte : Henry Faucheur)
- Vitraux de l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Jouarre[23], collaboration de Jacques Le Chevallier et Théodore Hanssen
- Vitrail pour la chapelle du collège du Sacré-Cœur (opération d'extension) à Domfront (Orne) - Paul Rouvière architecte
- Vitrail pour la chapelle du Souvenir (Flers)[24]
- Vitraux de la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg, vers 1938
- Vitraux de l'église du Sacré-Cœur de Dijon
- Vitraux de l'église Sainte-Germaine-Cousin de Calais : 28 verrières[25]
Réalisation pour édifices civils
modifier- Verrière du salon rose de la villa Noailles à Hyères (architecte : Robert Mallet-Stevens).
- Vitraux de l'hôtel de ville de Cachan : quatre verrières, 1935 (avec Jacques Le Chevallier et Théodore Hanssen)[26] ainsi qu’une autre verrière[27].
- Vitrail d'un immeuble d'Issy-les-Moulineaux[28]
- Vitraux pour la piscine Molitor, 1929[29]
- Vitrail d'un immeuble de Montrouge, 1930[30]
- Vitrail d'une usine de Pantin (volé en 2007)[31].
- Mosaïque de la plaque commémorative du monument aux morts de Dernancourt, 1928[32]
- Vitrail pour la salle des fêtes de la mairie annexe du 14e arrondissement de Paris, 1936[33]
- Vitraux d'un hôtel particulier princesse Aga Khan de Paris, no 55 rue Scheffer (16e arrondissement)
- Vitraux pour son propre atelier, no 15 square Vergennes dans le 15e arrondissement de Paris, sur le thème de ses propres activités à travers trois villes prestigieuses et caractéristiques de ces techniques. Tout d'abord la ville de Chartres, qui symbolise l'art du vitrail par l'évocation d'un souffleur de verre, puis Ravenne représentée par la mosaïque sous les traits de l'impératrice Théodora et enfin Athènes, représentée par la déesse Athéna, l'ensemble symbolisant les fondements de la culture occidentale.
- Vitraux de la salle des fêtes d'Issy-les-Moulineaux en 1932
Notes et références
modifier- « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom BARILLET Louis (consulté le )
- Archives de l'Orne, commune d'Alençon, registre 14 E 221, acte de naissance no 29, année 1880 (avec mention marginale de décès) (consulté le 15 octobre 2014).
- Cet atelier est construit en 1931-1932 par Robert Mallet-Stevens.
- « Atelier Louis Barillet Maître verrier » [livre], sur decitre.fr (consulté le ).
- L'atelier Louis Barillet, maître verrier, Eyrolles, 2005, présentation en ligne.
- « Une œuvre de Paul Rouvière de 1931 », notice no IA41000038.
- Notice no IM02004414.
- Notice no IM02004486.
- Notice no IM93000171.
- Notice no IM02004443.
- Notice no IM02004277.
- Notice no IM93000113.
- Notice no IM93000386.
- Notice no IM61000746.
- Notice no IM27003012.
- Notice no IM02004324
- Notice no IM02004318.
- Notice no IM60000772.
- Notice no PM02001668.
- « Église paroissiale Saint-Firmin », notice no PA14000095.
- « Basilique Notre-Dame de Montligeon », notice no PA00110773.
- « Chapelle de l'ancien grand séminaire », notice no PA77000011.
- La signature de Barillet est tirée de l'un des vitraux de l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Jouarre.
- « Chapelle du Souvenir », notice no PA61000042, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Ensemble de vingt-huit verrières », notice no PM62008410, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no IM94001144
- Notice no IM94001143.
- Notice no IM92000359.
- « Piscine Molitor », notice no PA00086713.
- Notice no IM92000251.
- Notice no IM93000306.
- Notice no IM80000027.
- Notice no PA75140014.
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives aux beaux-arts :