Laure Albin Guillot

photographe française
(Redirigé depuis Laure Albin-Guillot)

Laure Albin Guillot est une photographe française née Laure Meifredy le à Paris, où elle est morte le [1].

Laure Albin Guillot
Laure Albin Guillot à Oinville en 1950, photographie anonyme.
Biographie
Naissance
Décès
Noms de naissance
Laure Meifredy, Laure MeffrediVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Période d'activité
Conjoint
Albin Guillot (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinction

Portraitiste, elle s'est illustrée notamment dans la photographie de mode, du nu et de la publicité, et dans la photographie abstraite.

Biographie

modifier

Née à Paris le [2], Laure Meifredy épouse en 1897 le Dr Albin Guillot, musicien et chercheur scientifique collectionneur de préparations microscopiques, dont elle photographie les plaques[3]. Lorsque la santé de ce dernier se dégrade, elle fait ses débuts professionnels dans le domaine de la mode. Elle collabore régulièrement avec les magazines Jardin des modes, Femina, L’Officiel de la couture et de la mode, Vogue[3].

D’abord influencée par le pictorialisme, Laure Albin Guillot reçoit en 1922 une médaille d’or au concours de la Revue française de photographie et joue un rôle important dans la nouvelle photographie des années 1930 et l'avènement de la Nouvelle Vision en orientant ses recherches dans le domaine de l'art décoratif. Elle participe à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925, où elle expose une série de portraits de décorateurs, d’ensembliers et d’artisans d’art (André Groult, Jacques-Émile Ruhlmann, Jules Leleu) et revendique le statut d’artiste décorateur.

Son mari meurt en 1929. Elle décide alors de développer son activité professionnelle, notamment dans le studio qu’elle ouvre 43, boulevard de Beauséjour dans le 16e arrondissement de Paris[3].

En 1931, en hommage à son défunt mari, elle publie un portfolio de grand format, tiré à 305 exemplaires, intitulé Micrographie décorative, dont le travail est fondé sur la découpe de végétaux et de minéraux[3]. Portraitiste reconnue, elle photographie notamment André Gide, Paul Valéry, Jean Cocteau, Colette et participe à la revue Arts et Métiers Graphiques fondée par Charles Peignot. Elle collabore avec Paul Valéry à l'illustration de Narcisse[4]. Son activité se prolonge dans les domaines de la photographie publicitaire et la photographie de mode.

Nommée archiviste en chef du service des archives photographiques des Beaux-Arts de Paris en 1932, Laure Albin Guillot est, l’année suivante, nommée directrice de la Cinémathèque nationale, projet sans suite qui précéda la Cinémathèque française d'Henri Langlois créée en 1936[5]. En 1933, elle écrit et publie Photographie publicitaire, ouvrage définissant le rôle de la photographie dans la publicité moderne. Membre du jury de l’Exposition internationale de la photographie contemporaine au pavillon de Marsan du palais du Louvre en 1936, elle obtient la création d’une section photographique pour l'Exposition internationale des arts et techniques de 1937. Présidente de l’Union féminine des carrières libérales, elle co-organise la grande exposition des femmes artistes d’Europe en 1937, au Jeu de Paume.

Auteur de livres d’artiste composés de tirages au charbon Fresson[2], luxueusement édités, à tirage limité, Laure Albin Guillot illustre Narcisse de Paul Valéry et Les Chansons de Bilitis de Pierre Louÿs dans les mêmes années, réalise en 1939 un reportage sur la protection des monuments de Paris et l'évacuation des œuvres du musée du Louvre en vue de l'Occupation[6], illustre les Préludes de Claude Debussy en 1948. En 1946, elle réalise un livre d'artiste avec Henry de Montherlant, La Déesse Cypris[7]. Elle met fin à ses fonctions officielles en 1940, mais poursuit ses activités dans son studio personnel.

En 1950, un dégât des eaux détruit la plus grande partie de ses archives et ses négatifs les plus anciens. Elle est expulsée au bénéfice d’une opération immobilière de sa villa et de son studio du boulevard de Beauséjour en 1955[2].

En , Laure Albin Guillot se retire à la Maison nationale des artistes de Nogent-sur-Marne[8]. Elle meurt à Paris le [2].

L’agence Roger-Viollet rachète en 1964 son fonds d’atelier qui est composé de 52 000 négatifs originaux, de 20 000 épreuves d’époque, de correspondance et de documents autographes. Ce fonds est à présent propriété de la Ville de Paris[2].

Une grande exposition des œuvres de Laure Albin Guillot est organisée en 2013 au musée du Jeu de Paume à Paris[9], puis au musée de l’Élysée à Lausanne.

Elle fait l'objet d'un hommage lors de la 3e Biennale de la photographie à la mairie du 13e arrondissement de Paris, du 3 au .

Expositions monographiques

modifier
  • 1935 : Laure Albin Guillot, portraits d'hommes, galerie Billiet-Worms à Paris.
  • 1996 : Laure Albin Guillot ou « la Volonté d’art » , musée d'Évreux.
  • 2013 : Laure Albin Guillot (1879-1962), l’enjeu classique , musée du Jeu de Paume, Paris[2].
  • 2018 : Laure Albin Guillot, Maison nationale des artistes, Nogent-sur-Marne[8].

Réception critique

modifier

« Les épreuves de Laure Albin Guillot donnent la sensation des choses savoureusement peintes. »

— Maximilien Gauthier, Gavroche, .

« J'aime les « nus expressifs » de Mme Laure Albin Guillot. Ils sont subtils et gracieux, harmonieux et purs (Les illustrations pour Les Chansons de Bilitis de Pierre Louÿs). Il semble que dans sa claire et heureuse demeure de Passy, Mme Laure Albin Guillot ait conclu un pacte avec la lumière. Les rayons du soleil resteront désormais soumis aux yeux de l'artiste. »

— Pierre Malo, L'Homme libre, .

« Laure Albin-Guillot sait faire dire à la photographie beaucoup plus que n'en voient les yeux de certains hommes. »

— Yvanhoé Rambosson, Comœdia, [10].

Publications

modifier
  • Micrographies décoratives. La micrographie pathologique au point de vue des arts décoratifs texte d'Alfred Daniel-Brunet 1882-1943 pharmacien membre de l'Institut, Paris, In-folio carré (435 x 405mm.), vingt photographies tirées en noir, bistre, argent, sépia, vert et or. Reliure à spirale, le premier plat estampé d'un décor de feuillages et marqué du titre en grandes lettres au palladium, Paris, Draeger Frères,1931. Voir[11].
  • Photographie publicitaire, « Laure Albin Guillot, premier photographe français à théoriser la photographie »[12]. « Elle rédige et publie une brochure décryptant les enjeux de l’image moderne, détaillant les différentes manières de concevoir la photographie mais aussi de la percevoir. »Michael Houlette. In-8°, 61 pages illustrées de photos. Paris, éditeur Gauthier-Villars, 1933.
  • Fernand Windels, Le Tapis, un art, une industrie, Paris, Éditions d’Antin, 1935. 212 pages in-4° abondamment illustrées de photos L. Albin-Guillot.
  • Henri Verne, Le Louvre la nuit, 60 photographies de Laure Albin-Guillot, guide du visiteur par Jean Vergnet-Ruiz, Grenoble, Éditions Arthaud, 1937[13].
  • Pierre Louÿs, Douze Chansons de Bilitis, douze photographies de Laure Albin-Guillot reproduites en phototypie. 30 feuillets non chiffrés en leporello, in-4° (31 x 21 cm) sous ais de bois biseautés liés par deux rubans, titre gravé sur le premier plat, tirage limitée à 40 exemplaires numérotés, mise en page et typographies réalisées par Henri Jonquières, Paris, J. Dumoulin imprimeur, 15 mai 1937.
  • Aspects de la France, treize héliogravures par Laure Albin Guillot composent cet ouvrage broché in-4° (38,5 x 28,5 cm) au tirage limité à 1000 exemplaires numérotés, édité par le Gouvernement français à l'occasion de la soirée de gala à l'Opéra de Paris en l'honneur du Roi George VI et de la reine Élisabeth II en visite en France, Paris, Imprimerie Georges Lang, 20 juillet 1938.
  • La Cantate du Narcisse, vingt images photographiques de Laure Albin-Guillot en regard de textes de Paul Valéry « Vous avez simplement fait un poème à côté du mien » lui dit-il[14]. 86 pages in-4°, 30 exemplaires hors commerce sur vélin de Rives, impr. Artra, 1941 (1942).
  • Arbres, dix-huit images photographiques de Laure Albin Guillot (tirages originaux réalisés par le procédé Fresson sur vergé d'Arches), texte-dialogue de Paul Valéry (32 pages), in-folio, sous portefeuille muet et emboîtage de l'éditeur. Cinquante exemplaires numérotés, dix exemplaires marqués HC, éditeur Rousseau Frères, Bordeaux 1943.
  • Ciels,  Seize images photographiques de Laure Albin-Guillot, Texte de Marcelle Maurette, portfolio (31*24,8 cm) sous couverture rempliée, éditeur Henri Colas, Paris et Rousseau Frères, Bordeaux, 1944.
  • La déesse Cypris, douze études de nus de Laure Albin-Guillot gravées sur cuivre et tirées à la presse à bras, texte d'Henry de Montherlant. In-folio, 41 pp. 12 planches, en feuilles, couverture originale imprimée, étui de l'éditeur. Tirage à 250 exemplaires, Paris, Henri Colas et Bordeaux, Rousseau Frères, 1946.
  • L’éternel Retour, vingt et une photographies hors texte de Laure Albin Guillot, tirées du film de Jean Delannoy, scénario de Jean Cocteau, in-4° en feuilles tirées sur les presses héliogravures de Draeger frères, 156 pages sous chemise et étui cartonnes de l'éditeur Nouvelles Éditions Françaises, 1947.
  • Missa Est, commentaires et prières de Daniel-Rops, planches photographiques de Laure Albin Guillot, Librairie Arthème Fayard, 1951.

Récompenses et distinctions

modifier

Hommages publics

modifier

Origines familiales

modifier

La famille paternelle de Laure a pour souche la Provence tandis que du côté de sa mère, les origines sont belges.

Ses arrières-grands-parents maternels sont natifs de Gand[18], ainsi que leur fils, Jacques Laurent Mabilde (Gand, -Paris, 1891)[19] inhumé au cimetière de Montmartre, grand-père de Laure. D’abord négociant en dentelles au 6, rue Saint-Nicaise à Paris[20], puis receveur des rentes[21], liquidateur[22], avocat[23], il épousa en premières noces une veuve[24], Adélaïde Joséphine née Ferrières (1800-1849). Devenu lui-même veuf il se remaria le à Paris 2e en secondes noces[25] avec Aglaé Eulalie Tassart [Paris, 1833-Paris, ), ils eurent pour enfant la mère de Laure Albin Guillot : Isabelle Virginie Mabilde, née le à Paris 2e[26]. Orpheline de mère à 2 ans, elle fut élevée par sa belle-mère, troisième épouse de son père, Sophie Gutelle[27], orpheline elle-même à 28 ans, demeurant à la même adresse que lui à Boulogne-Billancourt[28], mariée le [29], cousine germaine de l’architecte Gaston Louis Eugène Gutelle (1828-1907)[30].

À l’enterrement de ce grand-père maternel à Paris 9e en 1891, inhumé au cimetière de Montmartre, Laure Meifredy adolescente le regrettait aux côtés de son grand-oncle, frère du défunt, le général de division Julien Jean Mabilde, 61 ans, venu de Bruxelles, décoré de la médaille de grand officier de l'ordre de Léopold.

Le père de Laure, Henri Nicolas Meifredy [1843-1892] épousa Isabelle Virginie Mabilde à Boulogne-Billancourt en 1872[31], il demeurait 17, quai de Grenelle à Paris avec sa mère Hortense Adèle Villet née à Paris 16e en 1826, fille de Jean-Jacques Villet né en 1810, employé à l’Administration des subsistances militaires ; il avait 29 ans. Ses pères sont natifs de Saint-Tropez : grand-père Jean joseph Meifredy né en 1776 y était orfèvre, marié à la fille d’un constructeur de navire à Saint-Tropez (Joseph Sevoulé) et père Antoine Casimir Meifredy/Villet (né en 1808) y était comptable officier de l’Administration des subsistances militaires, mort à Paris 15e[32].

Henri Meifredy fut très actif : « Après ses études universitaires complètes, il entra à 20 ans dans l'importante Société J. F. Cail & Cie. En tant que caissier principal[33] au cœur de ces immenses établissements, il a su, tout en remplissant au mieux ses fonctions professionnelles, se dévouer constamment aux intérêts de la classe populaire et travailleuse[34]. ». Étant dans la meilleure position pour donner des conseils aux ouvriers, il fut remarqué en mettant ses connaissances à profit par de nombreux articles pédagogiques dans la presse spécialisée, telle que L’École — sur les cantines scolaires, sur l'instruction professionnelle et ménagère… — et en tant qu'auteur d’ouvrages importants primés à l’époque et encore reconnus[35]. À commencer par un Traité pratique de comptabilité suivi d'un vocabulaire des expressions commerciales à l'usage des écoles, institutions, collèges, cours d'adultes, et des employés de commerce, de banque et d'industrie[36] dont le succès s'est accentué dès son apparition (cinq rééditions avant 1893)[37]. En même temps qu’administrateur de la Caisse d'épargne[38] et « entièrement dévoué aux œuvres généreuses, membre actif d'un grand nombre de sociétés philanthropiques et d'instruction [comme les Apprentis d'Auteuil], il s'acquittait avec une compétence incontestable de ses délicates fonctions de délégué cantonal de la Seine[39],[40] ». Il est également l'auteur de Conseils de M. Honoré Arnoul : étude économique agricole, 1883[41], sous forme de conversation, avec des dessins à la plume de Georges Dascher[42].

Laure eut une sœur aînée, Jeanne Hortense Meifredy[43]marié à Henri Valère Soupey[44],[45], ancien chef des ateliers de mécaniques de l’artillerie aux aciéries d’ Alexandrowsky[46] ; elle eut aussi un frère : Charles jean Henri Meifredy, né en 1886, ingénieur électricien, directeur général de la Compagnie du gaz à Lyon[47].

Laure et Albin Guillot

modifier

Laure Meifredy et Albin Célestin Louis Guillot se marièrent le [48] ; elle eut pour témoins un officier de l’Instruction publique, Neuilly et un chef de service du Crédit lyonnais. Albin Guillot est orphelin d’une famille du Val de Loire[49], il avait 8 ans[50] quand mourut son père, fabricant de pianos installé au 23, rue des Filles du Calvaire à Paris ; ce sont d’ailleurs deux facteurs de pianos de cette même adresse qui signèrent son acte de naissance. Sa mère Marie-Louise Nourry née en 1854 était déjà morte en 1897. Quant au témoin d’Albin à son mariage, ce fut son oncle paternel François Guillot-Pelletier 1815-1875, constructeur de serres à Orléans. Albin Guillot est mort à 54 ans[51].

Trente ans d’une vie commune et d’une commune pensée, écrit de ce couple Paul Léon en 1932[52]. Albin Guillot, docteur en médecine, « infatigable chercheur scientifique[53]. Dans la collection qui l’occupa avec une patience de bénédictin pendant toute son existence et qui fut très nouvelle et parmi les plus riches qui soient en France, il initia sa toute jeune épouse à sa passion des formes fantaisistes et complexes, des architectures grandioses que révélait l’objectif du microscope des chefs-d’œuvre de la nature en son infiniment petit ; que ce soit les microbes les plus redoutables, les trypanosomes, ceux de la malaria, des œufs de mouche, ou encore des  cristallisations – et combien la lumière intensive et l’agrandissement embellissaient la coupe microscopique. À considérer celui dont le goût parfait a présidé à ces lentes élaborations, cette sorte d’intuition artistique qui a disposé sur de minuscules plaques de verres les impondérables décors[54]. » Comment s’étonner de la Photographie décorative lancée par Laure Albin Guillot et qui la lança tout en développant ce qu’était avant elle l’Art décoratif.[pas clair]

« Obstiné dans ses desseins » mais tout aussi « ingénieux dans ses méthodes », Albin Guillot fut l’inventeur en tant que docteur du célèbre et révolutionnaire Corset Guillot[55] ou Corset Mystère (mystère car secret des femmes). Son premier brevet d’invention date du , article hygiénique et élégant à la fois[56].

« À MM. Guillot et Cie, 10 rue de la Paix. II semble bien que la notoriété dont jouit votre création est parfaitement justifiée. Oui, si nous en croyons les attestations des docteurs, des étoiles des principaux théâtres, du Tout-Paris de la Science, de l'Élégance et de l'Art votre succès est mérité. Votre corset est un véritable évènement ; le Corset Mystère n'a-t-il pas été en Angleterre le corset du Couronnement ? N'a-t-il pas été adopté par les cours impériales ? »

— G. de Bast, La Nation, 18 avril 1904, p. 1/4.

Le à Paris, le couple M. et Mme Albin Guillot est enregistré suivant acte sous seings privé commanditaire d’une société ayant pour objet la fabrication et la vente du corset mystère et de tous autres modèles qui pourraient être créés. Entre : M. et Mme Charles Guillot, 25 000 francs et les deux commanditaires dénommés audit acte 85 000 francs. Le siège est sis au 10, rue de la Paix à Paris[57]. Cinq ans plus tard, modification de société : suivant acte sous seings privés, en date, à Paris, du , enregistré, l’un des commanditaires de la Société Guillot & Cie, ayant pour objet l’exploitation du Corset Mystère, a cédé ses droits sociaux à Mme Charles Guillot, seule gérante, avec l’assistance et l’autorisation maritale[58]. Le , le couple vend leur société à une nouvelle société de médecins « ayant pour objet l’exploitation de l’établissement commercial et industriel que M. Albin-Louis Guillot fait valoir à Paris, rue Montorgueil, no 67, et rue Castex, no 9[59] ».

Laure eut son mari malade pendant 25 ans. « Comme beaucoup d'hommes trop doués, il sentit, petit à petit, la vanité des choses et s'adonna à la morphine, jusqu'au jour où on le trouva écroulé sur son bureau, mort d'une ultime piqûre. Drame que, bien sûr, elle sentit venir, car, non seulement le drame arriva, mais on s'aperçut alors que la maison était remplie de caches contenant de la drogue, toujours la peur du manque, et que cela avait absorbé pratiquement toute la fortune qui n'existait plus[60]. »

Expert des hôpitaux de Paris, expert de l’administration générale de l’Assistance publique[61] où lui fut décerné la médaille de bronze en 1910, professeur à l’École d’infirmières des Hôpitaux de Paris, il collabora en 1913 au Memento de l’infirmière et de l’infirmier[62]. Juré titulaire à l'Exposition internationale de Gand[63], membre du comité de l'Exposition internationale de Turin[64], il est décoré de la Légion d'honneur par le ministre du Commerce le .

Toujours « passionnément épris d'harmonie et de beauté » Albin Guillot composait. Ouvert à toutes les formes on le voit, ainsi le fut à sa manière la grande photographe qui étonne par la diversité des motifs qui l’inspiraient — de la microphotographie décorative à la mode, aux reportages à l’étranger, des portraits d’artistes aux simples fleurs. Son mari s’est révélé « sensible à tous les aspects de l'intelligence humaine », musicien au point de concevoir un orgue qu’il fit construire d’après ses plans. « Pour arriver à son laboratoire il faut traverser son salon de musique »Léandre Vaillat[54] « au pied des grandes orgues dont les tuyaux s’élèvent jusqu’au plafond, la harpe mire ses ors sur les boiseries sombres, le grand piano à queue. » – Marguerite Rochebrune[65]». De ce fait, Laure et Albin Guillot faisaient partie des invités des Five O'Clock du Figaro[66]. Les œuvres musicales composées par Albin Guillot sont jouées à partir de 1912 et pendant la Première Guerre mondiale par les Concerts-Rouge (Concerts Touche du temps où ils étaient sous la direction de Francis Touche 1872-1937, violoncelliste et chef d'orchestre). Elles sont exécutées aussi par l’Orchestre médical[67], et également par la musique de l'École d’artillerie de Vincennes.

Par la suite, son répertoire se retrouve en abondance dans les programmes de Radio concert symphonique, Radio-Paris, Radiola, Radio-Tour Eiffel en 1923, 1924, 1926, 1929, 1931 et 1933. Les plus jouées de ses œuvres : Rigaudon, Scherzetto, Marche Cortège, Passepied ; Madrigal ; le sont aussi Caprice, Guirlandes, Air à danser, Pavane, Sarabande, Écho : « L'Orchestre Médical organise une grande soirée artistique, à la salle Gaveau, 47, rue de La-Boétie, au bénéfice de l'Œuvre du Préventorium de Tumiac à Arzon. L'Orchestre Médical, qui s'est placé au rang des premières Sociétés symphoniques, comprend 85 exécutants sous la direction de M. Büsser, chef d'orchestre à l'Opéra. Au programme : Symphonie (Jupiter) de Mozart ; Divertissement des jeunes Ismaélites (Berlioz) […] Scherzetto d'Albin Guillot ; Siegfried-Idylle de B. Wagner ; Marche héroïque de Saint-Saëns[68]. »

« Félicitons L'Orchestre de Paris de nous avoir donné, lui, en une seule séance, trois premières auditions. Nous avons entendu, avec le plus vif plaisir, sous la direction de Francis Casadesus, le Scherzetto de M. Albin Guillot. Les rythmes prestes et subtils, les tonalités délicates, la musicalité moelleuse de cette œuvre élégante et personnelle ont beaucoup plu. »

— Jane Catulle Mendès, La Patrie, 23 novembre 1920

Membre du comité d'honneur de la revue mensuelle La Musique pendant la guerre[69] il y faisait parvenir ses pièces en 1916[70] et en 1917 (pièces pour piano, mélodies, orchestre).

Il est membre également depuis 1918 du conseil d'administration de la Société française des amis de la musique[71].

Une partition Guillot (Albin), Petite Suite gaie (1916), était en vente au Comptoir général de musique, Paris, éditée par Durdilly & Hayet, 11, boulevard Haussmann à Paris.

Deux ans avant sa mort, Albin Guillot, résidant à Monaco avec son épouse à l'hôtel du Helder, figuraient dans la liste officielle des dernières arrivées[72].

Notes et références

modifier
  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 12e, no 621, vue 4/31.
  2. a b c d e et f « Laure Albin Guillot (1879–1962) L’enjeu classique », sur Jeu de Paume, Paris (consulté le ).
  3. a b c et d Catherine Gonnard, « Laure Albin Guillot », Dictionnaire des féministes, PUF,‎ , p. 16-18.
  4. « Laure Albin Guillot - Archives of Women Artists, Research and Exhibitions », AWARE,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Delphine Désveaux et Michael Houlette, Laure Albin Guillot : L'enjeu classique : Le catalogue de l'exposition, Paris, Musée du Jeu de Paume, Éditions de La Martinière, (ISBN 978-2-7324-5514-3), p. 166.
  6. Delphine Désveaux et Michael Houlette, op. cit., p. 167.
  7. Douze photogravures études de nus, Paris, Henri Colas éditeur ; Bordeaux, Rousseau frères.
  8. a et b « Laure Albin Guillot, l’exposition à la Maison nationale des artistes de Nogent-Sur-Marne », sur Sortir à Paris,
  9. Claire Guillot, « Laure Albin Guillot, une photographe novatrice sur la forme, conservatrice sur le fond », sur Le Monde, .
  10. En ligne sur data.bnf.fr.
  11. Laure Albin Guillot, « La Science au service de l'art », Le Journal,‎ , p. 2/4 (lire en ligne)
  12. Delphine Desveaux
  13. Nullement des prises de vue de nuit mais une synthèse par Henri Verne d’ouverture en nocturne des salles d’antiquités du Musée, expérience qui amena une réflexion sur l’éclairage des œuvres et les différents publics du Louvre. In-8°, 115 pp.
  14. René Mazedier, « La photographie au service de la poésie », Comœdia,‎ , p. 5/7 (lire en ligne)
  15. a et b data.bnf.fr.
  16. Journal officiel Paris, , Année 58, N122. Laure Albin-Guillot, artiste-décorateur à Paris. Grand prix, 27 années de pratique professionnelle.
  17. « Conseil de Paris ».
  18. Isabelle Pétronille Josèphe Botte, morte à Gand, et Laurent Louis Mabilde, mort le à Paris 2e, inhumé au cimetière de Montmartre.
  19. Acte de mariage no 362, Paris 2e, 1850.
  20. Gazette des Tribunaux journal de jurisprudence et des débats judiciaires, .
  21. Le Droit, .
  22. Ibid., .
  23. Gazette des Tribunaux, art. cit. (note 13), .
  24. Mariée précédemment [AD.75 Cote : D6J/1000] ma1ou Registre des mariages, Maurand, Paris 6e, paroisse Saint-Nicolas-des-Champs, le , no 14.
  25. Acte de mariage no 362, année 1850 et [AD75 Mayet] Mariage à l'église Saint-Roch, Paris 1re.
  26. Acte de naissance [AD75 V3E/N 1494].
  27. Fille de Constant Louis Nicolas Gutelle (Paris, ?-Paris, ) et de Sophie Nicole Ruffin (morte à Paris 5e le ), mariés en 1823 [AD75 Mayet T119].
  28. Boulogne-Billancourt au 78, Grande Rue.
  29. Acte de mariage no 92 [E_NUM_BOU189–1861].
  30. wikimanche.fr.
  31. Le , acte de mariage no 186.
  32. Le [D1M9 782], acte no 1681.
  33. Le caissier principal assure l'inventaire du coffre, contrôle et vérifie les moyens de paiements, assure la remise des fonds et procède à la saisie des écritures comptables.
  34. La Ruche artistique et littéraire, .
  35. Luc Marco, Histoire de l’édition gestionnaire française 1486-1914, Edi-Gestion hal-01774486, 2018., p. 182.
  36. Paris, Alphonse Picard, 1881. In-8°. 3 vol. Première édition Cf. Catalogue des ouvrages et documents du Musée pédagogique et Bibliothèque centrale d' enseignement primaire, Volume 2. Paris imprimerie et librairie Chaix et Cie 1883, cinq cahiers in-4°couronne in-8°, 136 p.
  37. Catalogue des ouvrages et documents du Musée pédagogique et Bibliothèque centrale d’enseignement primaire, Volume 2, 1883.
  38. Le Temps, , p. 3.
  39. La Ruche artistique et littéraire, .
  40. Bulletin administratif de l’Instruction publique,  : « Nommé Henri Meifredy officier d’académie délégué cantonal à Paris ».
  41. Éditeur Picard-Bernheim, 1883, 94 p.
  42. Réimprimé en français le par l'University of California Libraries, 108 p.
  43. Née et mariée à Paris 15e le .
  44. Né en 1852, mort à Dijon, Le Figaro.
  45. Annuaire de la Société des ingénieurs civils de France, 1894.
  46. industrie.lu.
  47. Journal Officiel, , année 66, no 3.
  48. Acte de naissance no 2372, Paris 3e, Albin Célestin Louis Guillot né au 23, rue des Filles du Calvaire à Paris. Acte de mariage le , no 960, Paris 16e.
  49. Ses grands-parents paternels étaient nés à Issoudun, il était serrurier, morts à Olivet près d’Orléans.
  50. Son père Jean Baptiste Albin Désiré Guillot (Orléans, 1847 - Paris 3e, 1883), inhumé à Paris, cimetière de La Chapelle (registres journaliers d'inhumation no 1863).
  51. Mort à son domicile parisien au 88bis, rue du Ranelagh (Le Matin, .
  52. L'Amour de l'Art, revue mensuelle de P. Bourdieu et A. Darbel, .
  53. Les paraphrases entre guillemets sont de Paul Léon.
  54. a et b Léandre Vaillat, « Une Grammaire ornementale », Le Temps p4,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  55. retronews.fr.
  56. Entre 1909 à 1914, 130 articles de presse vantent le Corset Guillot ou Mystère « Construit d'après des données essentiellement scientifiques » (Comœdia, ). « Nous avons vu disparaître les maux d’estomac – Dr Jonas » (Comœdia, ). « Ces petites robes, droites pour la plupart, ne vont guère sans le corset Guillot – Camille Duguet » (Le Figaro, ).
  57. Le Droit, .
  58. Le Droit, .
  59. Le Droit, , p. 3-4.
  60. Jean-Denis Maillart, Esquisse d'un portrait de Laure Albin Guillot, Paris, Collection « Arts et Mémoires », 2016, 99 p.
  61. Revue des établissements de bienfaisance, 1909.
  62. André Mesureur et Paul Cornet, Mémento de l’infirmière et de l’infirmier, Paris, Vigot Frères, , chap. p. 49 : Administration hospitalière, p. VIII : Dr Albin Guillot qui nous a prêté l'appui de son expérience pour ce qui a trait aux bandages, ceintures et appareils..
  63. La Revue philanthropique, 15 01 374[pas clair], récompensé au chapitre « Bienfaisance », p. 725.
  64. La Revue philanthropique, , no XXVIII, p. 725.
  65. L’Intransigeant, , p. 2.
  66. Le Five o'clock du Figaro, spectacle concert danse les dimanches de printemps dans la salle des fêtes de l'hôtel du Figaro, 26, rue Drouot à Paris. Étaient remarqués dans l’assistance, ministre, ambassadeurs, noblesse et, régulièrement cités, M. et Mme Albin Guillot… (Le Figaro, et ).
  67. L'Orchestre médical a été fondé en 1910, entièrement composé de médecins, de femmes et de filles de médecins, et dont le but est de prêter son concours aux œuvres d'assistance professionnelle. Le Figaro, , p. 10.
  68. Le Ménestrel, .
  69. La Musique pendant la guerre, p. 206.
  70. gallica.bnf.fr.
  71. Le Figaro, .
  72. L'Éclaireur du Dimanche (fondé par Plaquevant et Marcon), , p. 23.

Voir aussi

modifier

Bibliographie

modifier
  • Pierre Malo, « Les œuvres de Madame Laure Albin Guillot à la galerie Pascaud », L'Homme libre,‎ , p. 2/4 (lire en ligne).
  • Christian Bouqueret, Les Femmes Photographes de la Nouvelle Vision en France 1920-1940, [catalogue d’exposition], Paris, Éditions Marval, 1988.
  • Christian Bouqueret, Laure Albin Guillot, ou La Volonté d'art : exposition, Paris, Marval, (ISBN 978-2-86234-213-9).
  • Delphine Désveaux et Michael Houlette, Laure Albin Guillot : L'enjeu classique : Le catalogue de l'exposition, Paris, Musée du Jeu de Paume, Éditions de La Martinière, , 190 p. (ISBN 978-2-7324-5514-3).
  • Ulrich Pohlmann (dir.), Qui a peur des femmes photographes ? 1839-1945, [catalogue d’exposition], Paris, Éditions Hazan, 2015.
  • Jean-Denis Maillart, Esquisse d'un portrait de Laure Albin Guillot, Paris, coll. « Arts et Mémoires », 2016 (ISBN 978-2-955-26211-5).
  • Coédition Fnagp/Bernard Chauveau, Laure Albin Guillot Artisane d’art et de la photographie, Paris, Fondation nationale des Arts plastiques et graphiques, , 48 p. (ISBN 978-2363062529, lire en ligne)
  • Delphine Desveaux, « Laure Albin Guillot, artiste et/ou publiciste », Focales, mis en ligne le .

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier