Kofi Yamgnane
Kofi Yamgnane est un homme politique franco-togolais, né le à Bassar (Togo).
Kofi Yamgnane | |
Kofi Yamgnane en 2009. | |
Fonctions | |
---|---|
Conseiller général du Finistère | |
– (13 ans, 11 mois et 18 jours) |
|
Élection | 27 mars 1994 |
Réélection | 18 mars 2001 |
Circonscription | Canton de Châteaulin |
Président | Charles Miossec Pierre Maille |
Prédécesseur | Hervé Tinevez |
Successeur | Jacques Gouérou |
Député français | |
– (5 ans et 6 jours) |
|
Élection | 1er juin 1997 |
Circonscription | 6e du Finistère |
Législature | XIe (Cinquième République) |
Groupe politique | SOC |
Prédécesseur | Jean-Yves Cozan |
Successeur | Christian Ménard |
Maire de Saint-Coulitz | |
– (11 ans, 11 mois et 27 jours) |
|
Élection | 19 mars 1989 |
Réélection | 18 juin 1995 |
Prédécesseur | Ronan Thos |
Successeur | Denise Kervévant |
Secrétaire d'État aux Affaires sociales et à l'Intégration[N 1] | |
– (1 an, 10 mois et 12 jours) |
|
Président | François Mitterrand |
Premier ministre | Édith Cresson Pierre Bérégovoy |
Ministre | Jean-Louis Bianco René Teulade |
Gouvernement | Cresson Bérégovoy |
Prédécesseur | Poste créé |
Successeur | Poste supprimé |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Bassar (Togo français) |
Nationalité | Française Togolaise |
Parti politique | PS |
Profession | Ingénieur |
modifier |
Il est secrétaire d'État chargé de l'Intégration auprès du ministre des Affaires sociales et de l'Intégration de 1991 à 1993, conseiller régional de Bretagne de 1992 à 1997 et député socialiste du Finistère lors de la XIe législature de 1997 à 2002. Il présente sa candidature aux élections présidentielles togolaises de 2005 et de 2010[1] mais celle-ci est rejetée par la cour constitutionnelle[2] en raison d'un « doute sur son identité », car ses documents d'état civil mentionnaient deux dates de naissance différentes, à savoir les et [3].
Biographie
modifierVie privée et parcours professionnel
modifierKofi Yamgnane est né à Bassar, au Togo. Enfant doué, un père missionnaire le repère[1]. Il part faire ses classes préparatoires en Bretagne[1]. Il obtient une licence en mathématiques en 1969 à l'Université de Bretagne occidentale à Brest[4]. En 1973, il devient ingénieur à la direction départementale de l'équipement (DDE) de Quimper, il intègre l'école des mines de Nancy de 1979 à 1981.
Il obtient la nationalité française en 1975 et possède alors la double nationalité et est marié avec Anne-Marie, une Bretonne professeur de mathématiques. Ils ont deux enfants Amina, gynécologue obstétricienne, qui a été candidate en 2008 aux élections municipales dans le 7e arrondissement de Paris[1] et est aujourd'hui chef de service de la maternité de l'hôpital américain de Paris ; et Kwame qui est ingénieur en informatique et directeur général adjoint de l'école 42[5].
Carrière politique
modifierEn France
modifierEn 1983, à l'âge de 37 ans, il est élu, avec le meilleur score, conseiller municipal à Saint-Coulitz[6], une commune du Finistère. Il restera dans l'opposition faute de majorité. Il adhère au Parti socialiste et commence une carrière politique locale en Bretagne à Saint-Coulitz.
Le , il est élu maire de Saint-Coulitz[7],[8], devenant l'un des premiers maires noirs de France, après notamment Severiano de Heredia[9] ou Raphaël Élizé.
Son élection déchaîne dans certains milieux un torrent de haine. Des habitants de Saint-Coulitz reçoivent des lettres d'insulte, par exemple ce message : « Les Bretons sont-ils à ce point tarés, dégénéré, alcooliques pour ne trouver qu'un nègre à élire ? » ou encore, adressé à Kofi Yamgnane : « Sale négro, remonte dans tes arbres, mon caca pour éclaircir ta peau »[10].
Durant son mandat de maire, il met en place une consultation des citoyens en référence à "l'arbre à palabre", tradition africaine.
En 1990, il est désigné « Breton de l'année » par Armor Magazine et l'année suivante, il est nommé secrétaire d'État dans le gouvernement Édith Cresson[11], puis en 1992 dans le gouvernement Bérégovoy. Au PS, après avoir été membre du Cerés, il rejoint le courant animé par Laurent Fabius et devient vice-président de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR). En 1993, il entre au Conseil national du Parti socialiste.
Entre 1992 et 1997, il est conseiller régional de Bretagne. En 1994, il devient conseiller général du Finistère puis en 1997, il est élu député, siège qu'il ne retrouve pas en 2002, battu par Christian Ménard (UMP). En 2001, il est réélu conseiller général du Finistère et devient vice-président de l’Assemblée départementale, chargé des politiques de l’eau.
En , il annonce ne pas se représenter au terme de son mandat de conseiller général et pose sa candidature pour conduire une liste pour les élections sénatoriales dans le Finistère[12].
Le , Brice Hortefeux, ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement, annonce la création d'une commission chargée de réfléchir sur les questions constitutionnelles posées par la politique des quotas d'immigrés et dont Kofi Yamgnane serait membre.
Le , il est placé en garde à vue pour son rôle présumé dans l'affaire Christophe Rocancourt : il est soupçonné d'avoir facilité une régularisation à la nationalité française en échange d'une rétribution financière[13].
Son rôle au Togo
modifierDe 1991 à 2000, Kofi Yamgnane effectue plusieurs missions de conciliation auprès du pouvoir togolais.
En 2003, la crise togolaise atteint le seuil de l’intolérable avec la manipulation de la Constitution de 1992, dont l’objectif était de faire de Gnassingbé Eyadema un président à vie, il réagit vivement et se brouille définitivement avec ce dernier. Il est alors déclaré « persona non grata » dans son propre pays, où il ne reviendra qu’en 2008. Depuis, il y réside comme tout citoyen.
En 2005, après la mort du président Gnassingbé Eyadema, il déclare vouloir se porter candidat à l'élection présidentielle. Le 3 mars, il annonce sa candidature à l’élection présidentielle du Togo, pour finalement se retirer de la course à la fin du mois en raison de la législation électorale de ce pays. Il soutient ensuite le candidat unique de l'opposition et dénonce les truquages des élections du , appelant la communauté internationale « à refuser toute reconnaissance du régime illégitime installé à Lomé » : « Le coup d’État perpétré le au Togo à la suite de la mort du président Gnassingbé Eyadéma a trouvé son habillage légal dans la mascarade électorale du dernier»[14]. Il a tenu de à un blog, « Sursaut Togo ! », uniquement consacré à la politique togolaise[15].
En 2009, il a annonce officiellement sa candidature à l'élection togolaise de 2010. Il fait campagne dans le pays malgré le manque de moyens et les difficultés créées par le régime en place (interdiction de tenir des meetings, pas d'accès aux chaînes de télévision, obligation de renoncer à sa nationalité française, etc.)[1]. Dans l'impossibilité de se présenter, il devient porte-parole du FRAC (Front républicain pour l'alternance au Togo), coalition dont Jean-Pierre Fabre est le candidat. Il se déclare de nouveau candidat au scrutin de 2015 mais il ne se présente pas[16].
Démêlés judiciaires
modifierEn 2014, Kofi Yamgnane est mis en examen pour trafic d’influence. Il est soupçonné d'avoir intercédé en faveur de la régularisation de deux Marocaines, en collaborant avec Christophe Rocancourt « l’escroc des stars » et avec Christian Prouteau, après avoir reçu 3 000 euros en liquide[17],[18]. En décembre 2022, il est condamné à 18 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d'amende, assortis d'une peine d'inéligibilité de cinq ans[19],[20].
Décorations et distinctions
modifier- Commandeur de la Légion d'honneur (2013)[21] (chevalier 1994 ; officier 2008)
- Chevalier commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique (KBE, 1992)
- Breton de l’année 1990 (Armor magazine)
- Prix de l'humour politique (1992) pour s'être qualifié de « Breton d'après la marée noire ».
Synthèse des mandats et fonctions
modifier- 1983 - 1989 : Conseiller municipal à Saint-Coulitz.
- 1989 - 2001 : Maire de Saint-Coulitz.
- 18/05/1991 au 02/04/1992 : Secrétaire d'État aux Affaires sociales et à l'intégration (auprès du ministre des Affaires sociales et de l'intégration)[11] (Gouvernement Édith Cresson)
- 05/04/1992 au 29/03/1993 : Secrétaire d'État à l'Intégration (auprès du ministre des Affaires sociales et de l'intégration) (Gouvernement Pierre Bérégovoy)
- 1992 - 1997 : Conseiller régional de Bretagne
- 1994 - 2008 : Conseiller général du Finistère (canton de Châteaulin)
- 1997 - 2002 : Député de la Sixième circonscription du Finistère
Président d'honneur d'une association humanitaire, humaniste et culturelle qu'il a créée en 1992 : "La Palabre" .
Œuvres
modifier- 1993 - Droits, devoirs et crocodile, éd. Laffont
- 1996 - Combattre le Front national, ouvrage collectif, éd. Vinci
- 2002 - Europe Afrique, nous grandirons ensemble, éd. Laffont
- 2013 - Afrique, introuvable démocratie, éd. Dialogues
- 2021 - Mémoires d'outre-haine, éd. Locus Solus, 2021, (ISBN 978-2-36833-320-4).
Notes et références
modifierNotes
modifier- Sous Bérégovoy, il est seulement chargé de l'intégration.
Références
modifier- Gérard Davet, « Kofi Yamgnane : objectif Togo », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le )
- La candidature de Kofi Yamgnane à la présidentielle rejetée sur le site de France24.
- Jean-Luc Padellec, « Kofi Yamgnane. L'histoire des deux dates de naissance », Le Télégramme, 4 février 2010 (article reproduisant l'acte de notoriété tenant lieu de certificat de naissance).
- «Kofi Yamgnane candidat à la présidence du Togo», Agence Bretagne Presse, 29 mars 2009
- « Le top 30 des Français les + connectés », GQ, juin 2014, pages 118-125.
- « Kofi Yamgnane : « Le scoutisme permet de découvrir les autres » », La Croix, (consulté le )
- FR3, « Un Togolais élu maire à Saint-Coulitz », L'Ouest en mémoire (INA), (consulté le )
- « M. KOFI YAMGNANE », sur www.assemblee-nationale.fr (consulté le )
- INA, « 1989 : Kofi Yamgname, premier maire noir de France », sur YouTube, (consulté le ).
- Kofi Yamgnane, Mémoires d'outre-haine, édition Locus Solus, 2021, (ISBN 978-2-36833-320-4)
- FR3, « Kofi Yamgnane secrétaire d'état aux affaires sociales et à l'intégration », L'Ouest en mémoire (INA), (consulté le )
- Sénat. Kofi Yamgnane lève le doigt, Le Télégramme, 6 octobre 2007
- « Affaire Rocancourt : Kofi Yamgnane mis en examen pour "trafic d'influence" », atlantico.fr, 30 octobre 2014.
- Olivier Bras, Togo : Le candidat de l’opposition se proclame président, Radio France internationale, 27 avril 2005
- ce blog n'est plus en ligne, ses différentes versions sont accessibles via le site webarchive
- Kofi Yamgane, interviewé par François Aubel, « J'ai toujours suivi les préceptes de Mandela », in Le Figaro, lundi 22 décembre 2013, page 22.
- « Un ancien ministre impliqué dans l’affaire Rocancourt », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Rocancourt - Prouteau - Yamgnane : les liaisons dangereuses », L'Obs, (lire en ligne)
- Fuites au 36, quai des Orfèvres : relaxe de l'ancien patron de la PJ parisienne, Bernard Petit, Le Dauphiné libéré, 6 décembre 2022.
- Affaire des fuites au 36 : relaxe de l'ex-patron de a police judiciaire parisienne Bernard Petit, BFM TV, 6 décembre 2022.
- Décret du 12 juillet 2013
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Hervé Quemener, Kofi, histoire d’une intégration, éd. Payot, 1991
- Ariane Laroux, Entretien et portrait de Kofi Yamgnane, éditions de l'Age d'Homme (2006).
- Gaston Kelman, Monsieur Vendredi en Cornouaille, éd Michel Lafon, 2013.
Liens externes
modifier
- Ressources relatives à la vie publique :
- Ressource relative à la littérature :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Ressource relative à l'audiovisuel :
- Ressource relative à la recherche :