Henri Ellenberger

psychiatre Suisse-Canadien

Henri Ellenberger ou Henri F. Ellenberger, né en 1905 et mort à Montréal en 1993, est un psychiatre britannique, français et canadien d'origine suisse.

Henri Ellenberger
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 87 ans)
QuébecVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Henri Frédéric EllenbergerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Fratrie
Conjoint
Émilie Ellenberger (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Distinction

Biographie

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Henri Ellenberger naît à Nalolo (Barotseland-Rhodésie du nord-ouest)[1] dans une famille suisse lettrée de missionnaires protestants (SMEP) installés en Afrique du Sud. Il est le fils de Victor, pasteur et missionnaire, qui s'attacha à préserver la mémoire des Bushmena dans son ouvrage La Fin tragique des Bushmen)[2] et d'Évangéline Christol. Ses frères François et Paul, paléontologues (Paul était aussi pasteur) seront réputés dans leurs disciplines.

Il passe son baccalauréat en 1924 à Strasbourg, où il poursuit ses études à la faculté de médecine. Durant ces années alsaciennes , il assiste à des conférences de Fernand Baldensperger, Maurice Halbwachs et du professeur Charles Blondel, psychologue farouchement hostile à Freud[3],[4].

Étudiant, attiré par l'Histoire, il lit Marc Bloch, initiateur de l'École des Annales. Mais ce n'est qu'en Suisse, au début des années 1950, qu'il commencera à se former aux méthodes historiques.

En novembre 1930, il se marie en l'église orthodoxe de Saint-Serge à Paris avec Esther Von Bachst, dite Émilie, qui est originaire de Russie.

Il vient rapidement poursuivre ses études à Paris et est reçu en 1932 au concours de l’internat des Asiles de la Seine, puis il devient résident à Saint Anne, dans le service du Dr Édouard Toulouse puis celui du Dr Joseph Capgras.

Il découvre la Psychiatrie dynamique sous l'égide de Pierre Janet, alors professeur au Collège de France, mais aussi de ses maîtres en médecine et de ses camarades d'internat dont Henri Ey.[réf. souhaitée][5]

Il rencontre Henri Baruk qui lui donne l'idée du sujet de sa thèse - Essai Sur Le Syndrome Psychologique de la Catatonie - qu'il soutiendra avec succès en 1934 devant Maxime Laignel-Lavastine.

Désormais docteur en psychiatrie, il s'installe à Poitiers où il fréquente le Docteur Paul Foucault, père de Michel Foucault.

Fidèle à la tradition familiale, il profite de son séjour dans le Poitou pour recueillir des données ethnographiques[6] qu'il partage avec Arnold van Gennep.

L'invasion de la France en mai 1940 met fin à cette période. Son jeune frère François Ellenberger - qui deviendra un éminent géologue - est fait prisonnier[7]. Son beau-frère, le prêtre orthodoxe Valentin de Bachst, aumônier de la Cimade, s'engage dans la Résistance[8].

Peu de temps après, l'occupant nazi, en établissant la Liste Otto, interdit la vente d'un livre que le père d'Henri venait de traduire (Chaka, roman de Thomas Mofolo)[9].

Lui-même, naturalisé depuis peu, craint d'être dénaturalisé par le gouvernement de Vichy[10].

En 1941, il émigre donc en Suisse où il doit repasser des examens pour obtenir un diplôme de Médecine suisse. Il obtient un poste à la clinique cantonale de Schaffhouse. Il enseigne quelque temps à Zurich où il fréquente Carl Gustav Jung, Ludwig Binswanger, et entreprend une analyse didactique avec le pasteur Oskar Pfister[11] de à [12]. Il songe à devenir membre de la Société suisse de psychanalyse (SSP) qui avait justement été fondée par Oskar Pfister ainsi que par Hermann Rorschach, l'inventeur du fameux test projectif. Il recueille des informations en vue d'écrire une biographie sur Hermann Rorschach qu'il publiera en anglais en 1954. Il est alors médecin-chef de l'asile cantonal d'aliénés de Breitenau, à Schaffhouse. Il collabore néanmoins à la revue française L’Évolution psychiatrique dirigé, à l'époque, par Henri Ey qui lui commandera trois articles pour son grand Traité de psychiatrie clinique et thérapeutique qui prend place dans la collection de l’EMC[13].

En 1952, il reçoit une bourse qui lui permet d'effectuer un voyage d'étude aux États-Unis où il rencontre des psychanalystes ayant fréquenté Freud (F. Fromm-Reichman, F. Alexander) et des psychiatres américains (John Rosen et Karl Menninger). La rencontre avec Karl Menninger, lui donne l'opportunité d'aller travailler, en 1953 en pleine période du Maccarthysme, à la Menninger School of Psychiatry, à Topeka, Kansas aux États-Unis[14],[15].

Dans la revue de la clinique, Henri Ellenberger publie plusieurs articles, relatifs à l'histoire de la découverte de l'inconscient, qui préfigurent son œuvre majeure[16]. Fin 1958, il fait une demande de naturalisation[17].

Comme son épouse était née en Russie, et compte tenu du contexte de la Guerre froide, elle ne peut obtenir de visa longue durée[18]. En 1959, il s'installe donc définitivement à Montréal au Québec.

Jusqu'en 1962, il travaille à l'Allan Memorial Institute dirigée par le docteur Ewen Cameron, le psychiatre anglo-saxon le plus renommé de l'époque dont on apprit en 1977 qu'il était engagé dans un programme de lavage de cerveau secrètement financé par la CIA (MK-Ultra)[19]. Durant trois ans, il collabore à la Transcultural Psychiatric Research Review[20].

Puis, il occupera un poste de professeur à l'Université de Montréal dans le département de criminologie, où il côtoie Denis Szabo et Marie-Andrée Bertrand, jusqu'à sa retraite en 1977[21]. En 1963, il met en garde la communauté médicale contre les illusions de la classification psychiatrique, notamment celle employant l'outil statistique[22].

Aboutissement de vingt années de recherche[14], il acquiert une reconnaissance internationale[23] après la publication en 1970 de The Discovery of the unconscious, The History and Evolution of Dynamic Psychiatry, livre dans lequel il replace et retrace la découverte de l'inconscient dans son contexte historique et dans une perspective plus large que celle exclusivement centrée sur Freud.

À la découverte de l'inconscient

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Publié donc aux États-Unis en 1970, le maître-ouvrage d'Ellenberger paraît en France une première fois en 1974 sous le titre A la découverte de l’inconscient. Histoire de la psychiatrie dynamique. Méconnu d'abord quelques années par la communauté freudienne française, il ne fut cependant pas ignoré par les spécialistes de l’histoire de la psychanalyse et de la psychiatrie comme l'atteste un article élogieux d'Henri Ey dans la revue L’Évolution psychiatrique. La deuxième édition française paraît en 1994, à l'instigation d'Elisabeth Roudinesco et d'Olivier Bétourné, sous le titre Histoire de la découverte de l’inconscient[24].

Dans l'esprit de l'École des Annales, Henri F. Ellenberger aborde la découverte de l'inconscient comme une « histoire-problème »[25], et non plus comme une « histoire-récit » chronologique, évènementielle et hagiographique: « C'est ce qui nous a entraîné à effectuer de longues recherches historiques, nous efforçant de fonder celles-ci sur une méthodologie rigoureuse que résument les quatre points suivants : 1. Ne jamais considérer aucune donnée comme certaine a priori. 2. Vérifier tout. 3. Replacer chaque donnée dans son contexte. 4. Faire une distinction tranchée entre les faits et l'interprétation des faits »[26]. Il replace donc la lente élaboration des concepts de la psychiatrie dynamique dans la durée et dans la « totalité des faits sociaux », évoquant toujours le cadre politique, culturel et social de l'époque de leur émergence. Ainsi deux chapitres sont tout particulièrement consacrés au contexte du siècle des Lumières puis du Romantisme, et à l’émergence des nouvelles doctrines scientifiques, sociales et philosophiques, notamment celles de Charles Darwin et de Karl Marx : « Ces deux doctrines, le Darwinisme et le Marxisme, exercèrent une influence prépondérante »[27]. Quant à Nietzsche, Ellenberger le qualifie de « prophète d'une ère nouvelle »[28] dont la pensée influença les travaux d'Alfred Adler, de Carl Gustav Jung et de Sigmund Freud.

Pour commencer, Ellenberger cherche les ancêtres lointains de la psychothérapie du côté des chamans, des exorcistes et des guérisseurs ; en effet, « l'utilisation thérapeutique des forces psychiques inconscientes remonte à la nuit des temps »[26]. D'ailleurs, « Certaines doctrines médicales ou philosophiques du passé révèlent une perspicacité étonnante, une profonde intuition de certaines données psychologiques »[29]. Ainsi en est-il du Magnétisme animal de Mesmer dont la théorie, bien qu'elle ait été rejetée, donna une « impulsion décisive qui devait permettre la création de la psychothérapie dynamique ».

En raison de son importance dans la genèse de la psychiatrie dynamique, une grande place est donnée tout au long de l'ouvrage à l'hypnose, notamment avec l'école de Nancy et celle de la Salpêtrière que Freud a brièvement fréquenté[30]. En 1882, Charcot « réhabilitant officiellement l'hypnose qui acquit un statut scientifique »[31], suscite un engouement : Pierre Janet devient son élève à la Salpêtrière. « L'hypnotisme fournit un premier modèle de l'esprit humain, celui d'un double moi : un moi conscient, mais limité, le seul dont l'individu ait conscience, et un moi subconscient, bien plus vaste, ignoré par le conscient, mais doué de pouvoirs de perception et de création mystérieuse »[32].

C'est ainsi que le « mot dynamique en vint à être utilisé assez communément en psychiatrie »[28]. Néanmoins, Ellenberger souligne que ce mot possède « des acceptions diverses entraînant souvent une certaine confusion »[28]. Plusieurs grands axes se dégagent : le premier, s'opposant à organique, affirme l'aspect fonctionnel des processus ; tandis que le second, s'opposant à statique, met l'accent sur le côté évolutif. Une troisième conception, s'engage vers une théorie énergétique des processus.

Le chapitre consacré à Freud est probablement le plus long. Appliquant la méthodologie qu'il avait définie au départ, Ellenberger n'hésite pas à l'attaquer et à dissiper quelque peu la « légende freudienne »[33]. Élisabeth Roudinesco, éditrice en France de son œuvre, affirme que les critiques de la psychanalyse « détournent » ce livre, en faisant de son auteur un « anti-freudien radical qui aurait été le premier à dénoncer de prétendues impostures freudiennes, alors qu'il n'utilise jamais un tel vocabulaire et que, dans les années 1970, il a été plus simplement le fondateur de l'historiographie critique. […] Ellenberger se situe un peu dans la même tradition que l'école historique des Annales en France, il immerge Freud dans la longue durée »[34]. Si effectivement, comme l'exprime Ellenberger à propos de la psychanalyse, « le problème de son statut scientifique n'est pas encore éclairci », il n'en demeure pas moins que « Sigmund Freud marque un tournant décisif dans l'histoire de la psychiatrie dynamique »[35]. En effet, « Freud a inventé une nouvelle voie d'approche de l'inconscient »[36]. Ellenberger reste néanmoins dubitatif quant à la « puissante influence »[37] que Freud aurait exercée « non seulement sur la psychologie et la psychiatrie, mais sur tous les domaines de la culture »[37], influence « profonde au point de transformer notre façon de vivre et nos conceptions de l'homme »[37]. Ce qu'il souligne à plusieurs reprises, c'est « un évènement extraordinaire qui n'a pas attiré toute l'attention qu'il mérite » : Freud a rompu « avec le principe d'une science unifiée : la psychanalyse devenait son école, avec son organisation, sa doctrine »[26]. Cette « rupture avec l'idée d'une science unifiée [...] signifie un retour à l'ancien modèle des sectes philosophiques gréco-romaines »[26].

En ce qui concerne Alfred Adler et C. G. Jung, Ellenberger explique que « contrairement à une opinion courante, ni Adler ni Jung, ne sont des dissidents de la psychanalyse »[38] puisque « l'un et l'autre avaient leurs propres idées avant de rencontrer Freud »[38] et qu'ils « construisirent des systèmes entièrement différents de la psychanalyse »[38].

Si « Jung accueillit avec enthousiasme la nouvelle méthode d'exploration de l'inconscient préconisée par Freud »[39], il « n'accepta jamais les idées de Freud sur le rôle de la sexualité dans les névroses »[39].

Autant Ellenberger n'oublie pas la polémique à propos de l'antisémitisme de Carl Gustav Jung. Il mentionne des textes de ce dernier à tonalité antisémite sans les citer (p. 559) et tente même de les expliquer par des malentendus. Il mentionne la collaboration de Jung avec les nazis et en particulier avec l'Institut Göring.

Bien qu'il se soit élevé contre ce qu'il considérait comme une adulation et une idéalisation de Freud, il n'en a pas moins toujours défendu l'idée d'une psychiatrie dynamique à l'opposé de la psychologie expérimentale[40].

Publications

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Ouvrages

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  • (en) Henri F. Ellenberger, The discovery of the unconscious : the history and evolution of dynamic psychiatry, Basic Books, , 932 p.
    • Henri F. Ellenberger (trad. J. Feisthauer), À la découverte de l'inconscient : histoire de la psychiatrie dynamique, SIMEP, , 760 p. (ISBN 2-85334-097-X)  
    • Henri F. Ellenberger (trad. de l'anglais, préf. Elisabeth Roudinesco), Histoire de la découverte de l'inconscient, Paris, Fayard, , 975 p. (ISBN 2-213-61090-8)
  • Henri F. Ellenberger, Essai sur le syndrome psychologique de la catatonie, Paris/Budapest/Torino, L'Harmattan, (1re éd. 1933), 130 p. (ISBN 2-7475-6031-7, lire en ligne)
  • Henri F. Ellenberger, Le monde fantastique dans le folklore de la Vienne, t. I, Librairie celtique, (JSTOR 40991695, lire en ligne)
  • (en) Henri F. Ellenberger, Hermann Rorschach, M.D., 1884-1922 : A Biographical Study, Menninger Foundation, .
  • Henri F. Ellenberger, Effets d'une maladie physique grave et prolongée d'un enfant sur sa famille, Archives Suisses de neurologie, neurochirurgie et de psychiatrie, (OCLC 26331074)
  • Henri F. Ellenberger, Criminologie du passé et du présent, Presses de l'Université de Montréal, , 50 p. (OCLC 729543117)
  • Henri F. Ellenberger, Pierre Janet philosophe, Université de Montréal, , 254 p.
  • (en) Henri F. Ellenberger (préf. Mark S. Micale), Beyond the Unconscious : Essays of Henri F. Ellenberger in the History of Psychiatry, Princeton University Press, , 416 p. (ISBN 0-691-08550-1)
  • Avec Robert Duguay, Précis pratique de psychiatrie, St-Hyacinthe Paris, Edisem Maloine, (ISBN 2-224-01029-X)
  • Textes réunis par Elisabeth Roudinesco : Médecines de l'âme, essais d'histoire de la folie et des guérisons psychiques, Fayard, 1995, (ISBN 2213595003)
  • Ethnopsychiatrie, édition critique établie et présentée par Emmanuel Delille, Lyon, Éditions ENS, 2017.

Articles

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  • Henri F. Ellenberger, « Aspects culturels de la maladie mentale », Revue de l'Association canadienne de psychiatrie, vol. 4, no 1,‎ , p. 26-37.
  • Henri F. Ellenberger, « Les illusions de la classification psychiatrique », L’Évolution psychiatrique, vol. 28 & 79, no 2 & 1,‎ 1963 & 2014, p. 221-242 & 23-37. (ISSN 0014-3855)
  • Henri F. Ellenberger, « Ethno-psychiatrie », Encyclopédie médico-chirurgicale,‎ (édition critique d'Emmanuel Delille, 2017).
  • Henri F. Ellenberger, « L'histoire d'“Anna O.” : étude critique avec documents nouveaux (1972) », L’Évolution psychiatrique, vol. 72, no 4,‎ , p. 731-746.

Notes et références

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  1. (Yanacopoulo 2009)
  2. (en) Charles Heim, « Mokhali Cave Revisited », The Digging Stick, vol. 28, no 3,‎ , p. 6 (ISSN 1013-7521, lire en ligne)
  3. Charles Blondel, La Psychanalyse : La doctrine de Freud - La psychanalyse en action, Alcan, , 251 p.
  4. Henri Wallon, « Un psychologue humaniste : Charles Blondel. », Enfance, vol. 21, nos 1-2,‎ , p. 103-109. (lire en ligne)
  5. Patrick Clervoy, Henri Ey 1900 1977 cinquante ans de psychiatrie en France, Institut Synthélabo, , 303 p., p. 22
  6. « De 1934 à 1940, Ellenberger pratiqua comme jeune psychiatre en Poitou où il observe combien les pathologies mentales rencontrées dans la province française diffèrent de celles de Paris. Il fut frappé par la persistance des croyances en la sorcellerie ou au mauvais sort. Il signale à quel point les malades, méfiants de la médecine officielle, consultaient secrètement les guérisseurs ; il est étonné de constater que les gens par ailleurs sains d’esprit puissent croire qu’un humain puisse être transformé en loup par l’intervention d’une sorcière ou d’un magicien ou pouvaient attribuer leur maladie à des êtres étranges comme la galipote, la bigorne, le cheval-malet, ou les fadets. » - « Henri Ellenberger (1905-1993) » – Robert Duguay, « Henri Ellenberger (1905-1993) », revue Santé mentale au Québec, vol. 18, no 2,‎ , p. 5-6. (lire en ligne)
  7. Oflag XVII-A
  8. (Ellenberger 2001, Présentation par Élisabeth Roudinesco)
  9. En mai 1940, les éditions Gallimard publie Chaka, roman de Thomas Mofolo traduit du sesotho par Victor Ellenberger, le père d’Henri. La publication de ce roman est annoncée ainsi : « Un aventurier famélique, avide, sans scrupules, arrive, par son habileté et avec le concours de puissances occultes, à conquérir le pouvoir suprême. Identifiant son ambition avec la destinée de sa nation, il la réorganise sous une discipline de fer, institue le service militaire obligatoire, tourne toutes les activités du pays en vue de la guerre, puis, grâce à une tactique audacieuse, subjugue les peuples voisins, arrive de proche en proche à jeter des millions d’hommes dans un carnage indescriptible, cependant qu’ivre de sang il massacre même ses amis et ses bienfaiteurs, pour finir lui-même assassiné par ses proches, laissant sa nation épuisée et bientôt asservie par l’étranger. Pour éviter toute confusion, précisons que ces évènements se passaient il y a un peu plus d’un siècle chez les païens sauvages de l’Afrique Australe, et que ce tyran sanguinaire se nommait Chaka, roi des Zoulous. » Malgré cette dernière précision, le livre est aussitôt interdit à la vente par l’occupant nazi ! – The Ellenbergers ( D.Frédéric, Victor, Paul): interpreting sesotho
  10. « Sur le plan de sa formation médicale, H. Ellenberger vient terminer ses études à Paris en intégrant l’internat des asiles de la Seine (1932). Henri Claude (1869-1946) détient alors la chaire des maladies mentales et de l’encéphale (CMME), mais c’est sous l’influence d’Henri Baruk (1897-1999) que H. Ellenberger présente une thèse sur la psychologie de la catatonie. Ensuite, il s’installe quelque temps à Poitiers en tant que médecin des maladies nerveuses. En 1941, il doit fuir l’État vichyste qui met en danger la nationalité française qu’il a récemment acquise. » Emmanuel Delille, « Un voyage d’observation des psychothérapies aux États-Unis : Henri ELLENBERGER entre psychiatrie transculturelle et héritage janetien (1952) », Les Presses universitaires de Caen,‎ (lire en ligne)
  11. Emmanuel Delille, « Henri Ellenberger, Henri Ey et le Traité de psychiatrie de L’Encyclopédie médico-chirurgicale : Une carrière américaine sous le patronage de l’Évolution psychiatrique », Gesnerus, vol. 63,‎ , p. 259-279 (lire en ligne)
  12. Attestation d'analyse d'Oskar Pfister: « Je soussigné certifie que Monsieur le Dr H. Ellenberger, médecin-chef de l'asile de Breitenau, Schaffhausen, Suisse, né le 6 septembre 1905, a suivi une analyse didactique avec moi du 2 mars 1949 au 6 février 1952. Comme il possédait déjà de très bonnes connaissances de la psychanalyse freudienne qui se concrétisaient par de nombreuses publications reconnues, l'analyse a spécialement porté sur sa personnalité et consisté en des exercices pratiques sur lui-même. Monsieur le Dr H. Ellenberger travaillait avec grande adresse et application, ce qui me permet de lui établir la meilleure attestation. - - Par ailleurs, ses qualités éthiques, laissent attendre de lui d'excellentes performances psychanalytiques, dès qu'il aura effectué l'analyse de contrôle. Je fonde de grands espoirs sur sa carrière en tant qu'analyste freudien. - - Cela certifié. Dr Théol. et Philo. Oskar Pfister, Pasteur » - Une copie de cette attestation datée du 23 août 1952 est présente dans le livre de Ellenberger, Médecine de l'âme, Paris, Fayard, 1995.
  13. Emmanuel Delille, « Un voyage d’observation des psychothérapies aux États-Unis : Henri ELLENBERGER entre psychiatrie transculturelle et héritage janetien (1952) », Les Presses universitaires de Caen,‎ (lire en ligne)
  14. a et b Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, Dictionnaire de la Psychanalyse, Paris, Fayard, , 1217 p. (ISBN 2-213-63047-X)
  15. Emmanuel Delille, « On the History of Cultural Psychiatry: Georges Devereux, Henri Ellenberger, and the Psychological Treatment of Native Americans in the 1950’s », Transcultural Psychiatry, vol. 53, no 3,‎ , p. 392-411 (lire en ligne)
  16. (en) Henri F. Ellenberger, « The Ancestry of Dynamic Psychotherapy », The Bulletin of the Menninger Clinic, vol. XX, no 6,‎ , p. 288-299 (ISSN 0025-9284, lire en ligne) - (en) Henri F. Ellenberger, « The unconscious before Freud », The Bulletin of the Menninger Clinic, vol. XXI,‎ , p. 3-15 (ISSN 0025-9284, lire en ligne)
  17. (en) « Records to Naturalization Petitions, U.S. District Court, District of Kansas, Topeka Division. (Record Group 21) », sur archives.gov, (consulté le )
  18. à vérifier : le Maccarthisme s'est terminé en 1954 !
  19. (en) Anne Collins, In the Sleep Room : The Story of CIA Brainwashing Experiments in Canada, Toronto, Lester & Orpen Dennys, , 272 p. (ISBN 0-88619-198-X) - Le nom du Docteur D Ewen Cameron est cité une fois en note dans le livre d'Henri F. Ellenberger qui évoque laconiquement ses « principes assez différents » (note 128 du chapitre 8 consacré à Alfred Adler) - Il faut remarquer que le départ d'Henri Ellenberger se situe la même année que la parution de l'article suivant : (en) Ewen Cameron et J.G. Lohrenz, « The Depatterning treatment of schizophrenia », Comprehensive Psytriatry, vol. 3, no 2,‎ (lire en ligne)
  20. (en) Raymond H. Prince, « Transcultural Psychiatry », the Canadian Journal of Psychiatry,‎ , p. 433 (lire en ligne) - Le Transcultural Psychiatry Institute de l'Université McGill était dirigé par le Dr Eric Wittkower et avait été créé par Ewen Cameron en 1955. La Revue, à laquelle collaborait Margaret Mead, était aussi financée par la Society for Investigation of Human Ecology (SIHE)
  21. (en) Mark S. Micale et Roy Porter, Discovering the History of Psychiatry, Oxford University Press, , 466 p. (ISBN 0-19-507739-3, lire en ligne), p. 112-134
  22. (Ellenberger 1963)
  23. Alain de Mijolla, Dictionnaire international de la psychanalyse, Hachette, coll. « Grand Pluriel », , 2122 p. (ISBN 2-01-279145-X)
  24. Roudinesco Élisabeth, « Le club de l’horloge et la psychanalyse : chronique d’un antisémitisme masqué », Les Temps Modernes, 2004/2 (n° 627), p. 242-254. DOI : 10.3917/ltm.627.0242. URL : https://www.cairn.info/revue-les-temps-modernes-2004-2-page-242.htm
  25. Guy Massicotte, L'histoire problème : la méthode de Lucien Febvre, Saint-Hyacinthe/Paris, Edisem, , 121 p. (ISBN 2-89130-050-5)
  26. a b c et d (Ellenberger 1974, Préface pour l'édition française)
  27. (Ellenberger 1974, Chap. 4, Les fondements de la psychiatrie dynamique)
  28. a b et c (Ellenberger 1974, Chap.5, A l'aube d'une nouvelle psychiatrie dynamique)
  29. (Ellenberger 1974, chap. 1, Les ancêtres lointains de la psychothérapie dynamique, p. 114)
  30. « Sigmund Freud passa quatre mois à la Salpêtrière en 1885-1886. » (Ellenberger 1974, Chap. 3, La première psychiatrie dynamique) - « il rencontra Charcot pour la première fois le 20 octobre 1885, […] il prit congé le 23 février 1886 » (Ellenberger 1974, Chap. 7, Sigmund Freud et la psychanalyse, p. 363)
  31. (Ellenberger 1974, Chap. 6, Pierre Janet et l'analyse psychologique, p. 281)
  32. (Ellenberger 1974, Chap. 3, La première psychiatrie dynamique, p. 145)
  33. « Un coup d'œil rapide sur la légende freudienne révèle deux traits essentiels. Le premier est le thème du héros solitaire, en butte à une armée d'ennemis, subissant, comme Hamlet, les “coups d'un destin outrageant”, mais finissant par en triompher. La légende exagère considérablement la portée et le rôle de l’antisémitisme, de l'hostilité des milieux universitaires et des prétendus préjugés victoriens. En second lieu, la légende freudienne passe à peu près complètement sous silence le milieu scientifique et culturel dans lequel s'est développée la psychanalyse, d'où le thème de l'originalité absolue de tout ce qu'elle a apporté : on attribue ainsi au héros le mérite des contributions de ses prédécesseurs, de ses associés, de ses disciples, de ses rivaux et de ses contemporains en général. »(Ellenberger 1974, Chap.7, Sigmund Freud et la psychanalyse, p. 464)
  34. Antoine Artus, Elisabeth Roudinesco, (Entretien) : « Révisionnistes » et « comportementalistes » contre la psychanalyse : le bio-pouvoir à l'œuvre. À propos de Pourquoi tant de haine? (Navarin, 2005) in Critique communiste, 178, décembre 2005, [1]
  35. (Ellenberger 1974, Chap.7, Sigmund Freud et la psychanalyse)
  36. (Ellenberger 1974, Chap.7, Sigmund Freud et la psychanalyse, p. 465)
  37. a b et c (Ellenberger 1974, Chap.7, Sigmund Freud et la psychanalyse, p. 463)
  38. a b et c (Ellenberger 1974, Chap.8, Alfred Adler et la psychologie individuelle, p. 471)
  39. a et b (Ellenberger 1974, Chap.9, Carl Gustav Jung et la psychologie analytique, p. 602)
  40. « Tous ces paradoxes se ramènent à un paradoxe plus profond et plus fondamental, celui du contraste entre les démarches de la psychiatrie dynamique et celle de la psychologie expérimentale. La science moderne repose sur l'expérimentation, la quantification et la mesure, non seulement en physique, mais aussi en psychologie. Dans cette perspective, la psychiatrie dynamique prête sans aucun doute à la critique. Qui a jamais mesuré la libido, la force du moi, le surmoi, l'anima, l'individuation ? L'existence même de ces entités n'a jamais été démontrée. mais pour les psychiatres qui ont passé tout leur temps à traiter des patients dans la situation psycho-thérapeutique, ces termes ne sont pas des conceptualisations abstraites; ce sont des réalités vivantes dont l'existence est plus tangible que les statistiques et les calculs des chercheurs expérimentaux. », (Ellenberger 1974, Chap.11, Conclusion, p. 731-732)

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Andrée Yanacopoulo, Henri F. Ellenberger : Une vie 1905-1993, éditions Liber, , 408 p. (ISBN 978-2-89578-194-3 et 2-89578-194-X)
  • Delille E. (2006), « Henri Ellenberger, Henri Ey et le Traité de Psychiatrie de l’“Encyclopédie médico-chirurgicale” : une carrière américaine », Gesnerus, 63, p. 259-279.
  • Delille E. (2008), « Un voyage d’observation des psychothérapies aux États-Unis : Henri Ellenberger entre psychiatrie transculturelle et héritage janétien (1952) », Psychiatries dans l’histoire, J. Arveiller (dir.), Caen, PUC, 2008, p. 85-96.
  • (en) Delille E. (2016), "On the History of Cultural Psychiatry: Georges Devereux, Henri Ellenberger, and the Psychological Treatment of Native Americans in the 1950’s", Transcultural Psychiatry, 53 (3), p. 392-411.
  • Delille E. (2017), « De la psychiatrie exotique aux réseaux universitaires de psychiatrie culturelle : pour une histoire de l'ethnopsychiatrie comme corpus de savoirs en période de transition (1945-1965) », in : Henri Ellenberger, Ethno-psychiatrie, Lyon, ENS Éditions, 2017, p. 9-115.
  • Delille E. (2017), « Usages et mésusages de la notion de précurseur en histoire des sciences et des techniques, en particulier en histoire de la psychiatrie : À propos d'un échange épistolaire entre Henri Ellenberger et Georges Canguilhem (1967) », Revue d'Histoire des Sciences, vol. 70, n°2, 2017, p. 327-350.
  • (en) Micale M.S. (1994), « Henri F. Ellenberger : The History of Psychiatry as the History of the Unconscious », in M.S. Micale et R. Porter (éd.), Discovering the History of Psychiatry, New York – Oxford, Oxford University Press, p. 112-134.
  • Mousseau J. (1972), « Le professeur Henri Ellenberger… », Psychologie, 27, p. 34-43 (propos recueillis par J. Mousseau, reportage photographique A. Dorka).
  • (en) Serina F. (2020) « Janet-Schwartz-Ellenberger: the history of a triangular relationship through their unpublished correspondence », History of Psychiatry, 31, 1, p. 320.
  • Vidal F. (1994), « À la recherche d’Henri Ellenberger », Gesnerus, 51, 3-4, p. 288-293.

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