Elizabeth Hamilton (1641-1708)
Elizabeth Hamilton, comtesse de Gramont (1641-1708), est une aristocrate d'origine écossaise et irlandaise, figure de la cour de Charles II d'Angleterre, puis, après son mariage avec Philibert de Gramont, de la cour de Louis XIV où elle est la dame d'honneur de la reine Marie-Thérèse d'Autriche.
Naissance | |
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Décès | |
Époque |
Génération du XVIIe siècle (d) |
Activité | |
Père |
George Hamilton (en) |
Mère |
Mary Butler (d) |
Conjoint |
Philibert de Gramont (à partir de ) |
Enfants |
Connue sous le nom de « la belle Hamilton », elle est l'une des beautés de Windsor peintes par Peter Lely. Elle apparaît en bonne place dans les Mémoires du comte de Grammont, écrits par son frère Antoine Hamilton.
Famille
modifierElizabeth Hamilton est née en 1641[1], en Irlande, [2] probablement à Nenagh [3]. Elle est le troisième enfant de George Hamilton et de Mary Butler [4]. Son père est le quatrième fils de James Hamilton, comte d'Abercorn, et devient en 1660 baronnet de Donalong et Nenagh [5]. Sa mère est la troisième fille de Thomas Butler, vicomte Thurles, et la sœur de James Butler, comte, marquis puis duc d'Ormonde[5]. Ses deux parents sont catholiques. Elizabeth a neuf frères et sœurs[4] : James, George, Antoine, Richard, John, Lucia et Margaret.
Guerres irlandaises
modifierLa rébellion irlandaise de 1641 éclate l'année de sa naissance. La rébellion est suivie par les guerres confédérées irlandaises (1642-1648) et la conquête cromwellienne de l'Irlande (1649-1653). Elizabeth, ses frères et sœurs et sa mère vivent dans la maison familiale à Nenagh, dans le territoire des Confédérés, tandis que son père sert le comte d'Ormonde[6] dans l'armée irlandaise qui combat contre les Confédérés jusqu'à la Cessation signée en 1643 [7]. En 1649, lors de la conquête cromwellienne de l'Irlande, son père est colonel d'un régiment d'infanterie et gouverneur de Nenagh [8]. Il défend le château de Nenagh en novembre 1650 lorsqu'il est attaqué et capturé par l'armée parlementaire commandé par Henry Ireton de retour du siège de Limerick [9].
Exil en France
modifierAu début de 1651, la famille d'Elizabeth suit le marquis d'Ormonde en exil en France [10]. La famille se rend d'abord à Caen [11] où elle est hébergée pendant quelque temps par Elizabeth Preston, marquise d'Ormonde [12]. Son père et ses frères aînés, James et George, sont employés par Charles II, lui aussi en exil, dans diverses fonctions [13] [14]. Elizabeth part ensuite pour Paris avec sa mère, qui trouve refuge au couvent des Feuillantines avec sa sœur Eleanor Butler, Lady Muskerry [15], tandis que la jeune fille est envoyée en pension aux petites écoles de Port-Royal. Elle y séjourne pendant sept ou huit ans avec sa cousine Helen Muskerry [16].
Après avoir quitté l'école, elle fréquente la cour d'Henriette-Marie de France, veuve de Charles Ier, qui a fui en France en 1644 et s'est installée en 1657 au château de Colombes [17].
Séjour à la cour d'Angleterre
modifierElizabeth devient une figure de la cour de Whitehall en 1661. Elle est admirée pour sa grande beauté et est appelée « la belle Hamilton » [18]. Elle est également connue pour son jugement, son charme et sa sensibilité. Elle est considérée comme pleine d'esprit et prudente dans ses paroles [19]. Elle aime aussi les farces et les tours. Elle se moque ainsi de Margaret Bourke, une riche héritière, épouse de son cousin Lord Muskerry, en lui faisant croire qu'elle a été invitée à une mascarade par la reine et qu'elle doit se déguiser en femme babylonienne. Cet épisode est raconté dans les Mémoires du comte de Grammont [20].
Elizabeth est très courtisée à Whitehall. Elle l'est d'abord par le duc de Richmond qu'elle rejette lorsqu'elle apprend qu'il ne l'épousera pas sans dot [21]. Elle résiste également aux avances de Henry Jermyn, 1er baron Dover, bien que réputé irrésistible [22]. Elle n'est pas non plus tentée par le revenu de trente mille par an de l'héritier du duché de Norfolk [23], et elle repousse Charles Berkeley, 1er comte de Falmouth [24]. Courtisée par le duc d'York [25], elle doute de la sincérité de ses intentions, le prince ayant épouser Anne Hyde en 1660 [26].
Enfin, en janvier 1663, apparaît Philibert, chevalier de Gramont, exilé français [27] [28]. Il a déjà la quarantaine et est un jeune demi-frère du duc Antoine III de Gramont. Il s'est attiré des ennuis à la cour de France en courtisant Anne-Lucie de la Mothe-Houdancourt, sur laquelle Louis XIV a jeté son dévolu [29] [30]. Le chevalier de Gramont entre rapidement dans le cercle restreint de la cour anglaise, où le français est la langue dominante. Elizabeth admire son esprit et sa bravoure et tombe amoureuse de lui.
Mariage et enfants
modifierPhilibert et Elizabeth se marient à Londres à la fin de 1663 ou au début de 1664 [31] [32] [33]. En mars 1664, ayant appris son mariage, Louis XIV lui écrit une lettre lui donnant la permission de revenir [34]. Elizabeth donne naissance à un fils le 28 août, mais il meurt en bas âge [35] [36] [37].
Elizabeth et Philibert ont deux filles [38] :
- Claude-Charlotte (1665 - 1739), mariée le 6 avril 1694 à Henry Stafford-Howard, 1er comte de Stafford, sans postérité [39] [40] ;
- Marie-Élisabeth (1667-1729), devient en 1695 l'abbesse du chapitre de Poussay [41] [42] [43].
Toutes deux sont demoiselles d'honneur de Marie-Anne de Bavière après son mariage avec le Grand Dauphin en 1680 [44].
Vie à la cour de France
modifierElizabeth s'installe avec son mari en France [45] et est nommée en 1667 dame du palais de la reine Marie-Thérèse d'Autriche [46]. À la cour, elle est reconnue comme une femme d'une beauté et d'un esprit considérables [47].
En 1679, à la mort de son frère aîné Henri, qui l'avait désigné comme son héritier [48], son mari devint comte de Toulongeon. Ne voulant pas changer leur nom, le couple est désormais connu sous le nom de comte et comtesse de Gramont.
En 1679, elle est désignée comme cliente de La Voisin et est ainsi incriminée dans l'Affaire des poisons. Cependant, aucune mesure n'est prise à son encontre. En 1684, Fénelon devient son guide spirituel [49]. En mai 1690, le roi lui assigne un appartement au château de Versailles libéré par la mort de Charles de Sainte-Maure, duc de Montausier, précepteur du Dauphin [50].
En 1696, son mari tombe gravement malade et après sa guérison, il suit son exemple et se tourne vers la dévotion [51]. En 1699, elle tombe en disgrâce à cause d'une visite qu'elle a faite à Port-Royal des Champs [52], que le roi n'apprécie pas, l'abbaye étant un haut-lieu du jansénismme. Elle doit donc lui demander pardon [53].
En mai 1703, Louis XIV lui prête une maison près de l'extrémité des jardins de Versailles, appelée Les Moulineaux [54] [55], qu'elle renomme Pontalie d'après un conte écrit par son frère Antoine [56].
Son mari meurt le 31 janvier 1707 à Paris [57], et elle meurt un an plus tard, le 3 juin 1708, également à Paris [58] [59].
Notes et références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Elizabeth, Countess de Gramont » (voir la liste des auteurs).
- Rigg 1890, p. 146, left column
- Corp 2004b, p. 786, left column
- Merriam-Webster 1997, p. 799, right column
- Debrett 1828, p. 63, line 20. . "He [George Hamilton] m. [married] Mary, 3d daughter of Thomas, Viscount Thurles, son of Walter, 11th earl of Ormond and sister of James, duke of Ormond, and had issue 6 sons and 3 daughters ..."
- Burke et Burke 1915, p. 54, right column, line 33. . "4. George (Sir) Bart. of Donalong, co. Tyrone, and Nenagh, co. Tipperary, created a baronet of Scotland, about 1660;"
- Airy 1886, p. 54, right column. . "... and the cessation was signed on the 15 Sept. [1643]."
- Cokayne 1903, p. 305. . "... he was Col. of Foot and Gov. of Nenagh castle"
- Warner 1768, p. 228. . "... taking Nenagh and two other castles, on the tenth of November, he came to his winter quarters at Kilkenny."
- Clark 1921, p. 5. . "In the spring of 1651 took place, at last, the event which had such a determining influence on the fate of the young Hamiltons. Sir George Hamilton left his country for France with his family ..."
- Millar 1890, p. 177, left column. . "Marquis of Ormonde, whom he followed to Caen in the spring of 1651 with his wife and family."
- Carte 1851, p. 384. . "The marchioness of Ormond had landed in that country on June 23d [1648], with her three sons and two daughters, and had taken up her residence at Caen"
- Clark 1921, p. 8, line 14. . "... James the eldest also joined the wandering court, though the precise nature of his connexion is not known."
- Clark 1921, p. 8, line 13. . "... George, the second son, was made a page to Charles II ..."
- Clark 1921, p. 8, line 27. . "... his [Anthony Hamilton's] mother and his aunt, Lady Muskerry, had apartments at the couvent des Feuillantines in Paris ..."
- Clark 1921, p. 8, line 16. . "Elizabeth was sent with her cousin Helen, Lady Muskerry's daughter, to Port-Royal, where, as she herself was not ashamed to relate many years afterwards, the daughter of a penniless refugee, was charitably received and sheltered during seven or eight years."
- Britland 2011, p. 138. . "In 1657, with money that had been made available to her by the French queen regent, she purchased a country house in the village of Colombes, north of Paris ... The house had belonged to Basile Fouquet, the brother of the notorious Nicolas Fouquet, surintendant of Louis XIV's finances ..."
- Corp 2004a, p. 786, line 1 of the entry. . "called "La Belle Hamilton""
- Adams 1865, p. 68. . "Her mind was a proper companion for such a form; she did not endeavour to shine in conversation by those sprightly sallies which only puzzle ..."
- Hamilton 1930, p. 120–132.
- Melville 1928, p. 111. . "the duke of Richmond was one of the first to come forward. He was a gambler and a sot; but he was well and truly enamoured."
- Melville 1928, p. 112, line 1. . "Miss Hamilton could and did resist the advances of the almost irresistible Henry Jermyn, famous for his conquests."
- Melville 1928, p. 112, line 5. . "Not himself, nor the prospective dukedom, nor his thirty thousand a year, tempted her."
- Melville 1928, p. 112, line 8. . "Berkeley, afterwards Earl of Falmouth, wealthy and attractive in person, though dissipated, a boon companion of the King and of the Duke of York ..."
- Adams 1865, p. 70. . "The highest in rank and the most important of her lovers was the Duke Of York, who had been captivated by a glance at her portrait in Lely's studio."
- Ward 1892, p. 183. . "... soon after the acknowledgement of his marriage to Anne Hyde (concluded 3 Sep. 1660) he engaged in new inconstancies ..."
- Saint-Simon 1899, p. 560. . "Il arriva à Londres le 15 janvier 1663, et retrouva entre autres camarades, les Hamilton, de grande maison écossaise et catholique, dont il avait fréquenté plusieurs jeunes gens au Louvre dans l'entourage de la veuve et du fils de Charles 1er."
- Auger 1805, p. 2. . "Près de deux ans après le rétablissement de Charles II, arriva à Londres le fameux chevalier de Grammont, exilé de France ..."
- Hamilton 1713, p. 104. . "La Motte Houdancourt étoit une des filles de la Reine-Mère."
- Hartmann 1924, p. 58
- Hartmann 1930, p. 378. . "The chevalier de Gramont's rare constancy had met with its reward long before, towards the end of December 1663."
- Paul 1904, p. 55. . "she [Elizabeth] married in 1664 the dissipated Philibert, Count de Gramont ..."
- Saint-Simon 1899, p. 563, line 8. . "Le contrat de mariage fut passé sans autre retard, le 9 décembre 1663 (style anglais) ..."
- Louis XIV 1806, p. 170. . "Au comte de Grammont. Paris le 6 mars 1664. Monsieur le Comte de Grammont. Il ne faut point que l'impatience de vous rendre auprès de moi, trouble vos nouvelles douceurs. Vous serez toujours le bien-venu ..."
- Saint-Simon 1899, p. 563, line 11. . "... ayant déjà un fils né le 7 septembre, mais qui ne vécut point."
- Brunet 1883, p. xii. . "Comminges à Lionne, Londres, 29 août — 8 septembre 1664. Madame la comtesse de Grammont accoucha hier au soir d'un fils beau comme la mère ..."
- Jusserand 1892, p. 229. . "Comminges to Lionne Sept. 8, 1664 [NS]. Madame la comtesse de Grammont accoucha hier au soir d'un fils beau comme la mère ..."
- Saint-Simon 1902, p. 502, line 1. . "Les deux filles de la comtesse de Gramont n'ont pas prospéré, avec l'esprit de deux demons, méchantes et galantes à l'avenant, quoique fort laides ..."
- Rigg 1890, p. 147, left column
- Corp 2004a, p. 787. . "The Count and Countess de Gramont had two daughters: Claude-Charlotte (b. c. 1665) and ..."
- Paul 1904, p. 56. . "Marie Elizabeth de Gramont, born 27 December 1667, abbesse de St Marine of Poussay in Lorraine."
- Saint-Simon 1902, p. 502, line 4. . "L’aînée, pour faire une fin, se fit abbesse de Poussay, qui est un chapitre en Lorraine ..."
- Gaspard 1871, p. 42. . "Marie-Elisabeth de Grammont fut élue le 6 janvier 1695, les bulles sont du 9 de novembre de la même année. Elle est fille de Philibert, comte de Grammont, vicomte d'Aster, commandeur des ordres du roi, et d'Elisabeth d'Hamilton d'Albercorne."
- Michel 1862, p. 407. . "qui avaient été filles d'honneur de la Dauphine de Bavière ..."
- Adams 1865, p. 82, line 1. . "After the birth of their first child, in 1669, they repaired to France."
- Saint-Simon 1899, p. 563, line 12. . "... qui, en fevrier 1667, donna à Mme de Gramont une septième place de dame du palais ..."
- Saint-Simon 1902, p. 501. . "La comtesse de Gramont avait l'air d'une reine ..."
- La Chesnaye des Bois 1866, p. 642, line 5. . "Le comte de Toulongeon, son frère, l'institua pour héritier par son testament ..."
- Corp 2004a, p. 786, right column. . "The following year Fénelon became her spiritual director ..."
- Dangeau 1854b, p. 129. . "Nous apprenons à Versailles que le roi a donné l'appartement qu'avoit M. de Montausier à madame la comtesse de Gramont."
- Adams 1865, p. 83. . "... following the example of his wife devoted him to religious duties."
- Saint-Simon 1895, p. 112, line 4. . "... elle osa s'enfermer à Port-Royal toute une octave de la Fête-Dieu. Son absence fit un vuide qui importuna le Roi ..."
- Saint-Simon 1895, p. 112, line 8. . "... il en fallut venir aux excuses et aux pardons ..."
- Clark 1921, p. 122. . "When Félix, the chief-surgeon, died in 1703, a small property of his, les Moulineaux, which lay within the grounds of Versailles, fell vacant and the king at once gave it to Madame de Gramont, a present which caused no little talk ..."
- Saint-Simon 1895, p. 112, line 23. . "Le présent des Moulineaux, cette petite maison revenu à la disposition du Roi par la mort de Félix, qu'elle appela Pontalie, fit du bruit ..."
- Dangeau 1857a, p. 293. . "Le comte de Gramont mourut à Paris la nuit passée."
- Dangeau 1857b, p. 150. . "June 1708. Dimanche 3 ... La comtesse de Gramont mourut à Paris."
- Paul 1904, p. 56, line 7. . "... she [Elizabeth Hamilton] died, 3 June 1708, aged sixty-seven."
Sources
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- Henry Benjamin Wheatley, « Anthony Hamilton's Mémoires de la Vie du Comte de Gramont », dans Adolphus William Ward et Alfred Rayney Waller, The Cambridge History of English and American Literature, vol. 8, Londres, Cambridge University Press, 1907–1921 (ISBN 1-58734-073-9, lire en ligne)
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Elizabeth Hamilton en Sainte Catherine de Peter Lely de sa série Windsor Beauties
- La colonie perdue de Dunnalong