Choc Volcker

politique monétaire

Le choc Volcker est une politique monétaire restrictive mise en place entre 1979 et 1982 par Paul Volcker, nommé le 6 août 1979 président du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des États-Unis à la fin du mandat du président démocrate des Etats-Unis Jimmy Carter, également connu plus tard pour la règle Volcker de limitant les investissements spéculatifs des banques et la doctrine Volcker imposée aux États débiteurs qui demandent des prêts aux institutions internationales.

Le "Choc Volcker" réagissait au second choc pétrolier de la fin 1979 et a permis une réduction de l'inflation aux États-Unis mais causé une profonde récession au cours de l'année 1982, avec un recul de 2% du PIB américain, et plus généralement la récession mondiale du début des années 1980 générant elle-même la la crise de la dette des pays en voie de développement.

Contexte

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Dans les années 1970, les États-Unis connaissent une phase d'inflation forte, en grande partie due à deux chocs pétroliers successifs, le premier choc pétrolier de 1973 et le second choc pétrolier, de 1979.

Le président des États-Unis Jimmy Carter nomme en août 1979 Paul Volcker à la tête de la banque centrale avec comme mission de maîtriser l'inflation.

Ce dernier se base sur les théories de l'école monétariste, selon laquelle l'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire: pour réduire l'inflation, il semblait nécessaire de réduire la masse monétaire. Cette politique est une politique de ciblage monétaire[1].

Le choc Volcker a eu lieu de 1979 à l'été 1982[1].

Conséquences

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Augmentation du prix de la monnaie

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Cette restriction forte de la masse monétaire provoque une augmentation importante des taux d'intérêt[2]. En effet, si la demande de monnaie reste la même ou augmente, l'offre de monnaie est en baisse, ce qui provoque une hausse de la valeur de la monnaie[1]. En plus de cela, Volcker accompagne la baisse de la masse monétaire d'une augmentation des taux directeurs, qui passent de 9 % à 19 %[3].

En juin 1981, le niveau des taux d’intérêt américains à court terme atteint à New York « le record historique de 20 %, attirant tous les capitaux flottants du monde en quête du placement le plus rémunérateur »[4].

À cette date, la divergence entre la politique économique américaine et celle menée en France par le tout nouveau gouvernement d’union de la gauche en France est« à son maximum »[4]: la première est très puissamment orientée contre l'inflation, sans avoir peur des dégâts pour la croissance, quand seconde est entièrement tournée vers la relance budgétaire.

Baisse de l'inflation et augmentation du chômage

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Le choc Volcker fait chuter l'inflation mais causé une profonde récession au cours de l'année 1982, avec un recul de 2% du PIB, et plus généralement la récession mondiale du début des années 1980 générant elle-même la la crise de la dette des pays en voie de développement, avec pour effet une augmentation importante du chômage[1].

Le recul de 2% du PIB américain au cours de l'année 1982 contribue à faire chuter l'inflation.

Augmentation du poids de la dette publique

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Les conséquences du choc Volcker n'ont pas seulement été nationales, mais aussi internationales. La hausse des taux d'intérêt s'est propagée à tous les pays[1]. Or, l'augmentation des taux d'intérêt rend plus coûteux le service de la dette, c'est-à-dire le coût des intérêts sur la dette publique[5].

Cela a été particulièrement vrai en Amérique latine : l'Argentine a vu sa dette gonfler rapidement de 45 milliards à 65 milliards de dollars en 1989. La dette du Brésil a également augmenté de 100 % en dix ans, passant de 50 à 100 milliards. La même situation a eu lieu en Afrique[5]. Le Mexique annonce son défaut de paiement en 1982[6].

Notes et références

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  1. a b c d et e Fabrice Mazerolle, Histoire des faits économiques: De la Révolution industrielle à nos jours, De Boeck Supérieur, (ISBN 978-2-8073-2642-2, lire en ligne)
  2. Raj Patel et Jason W. Moore, Comment notre monde est devenu cheap. Une histoire inquiète de l'humanité, Flammarion, (ISBN 978-2-08-142910-9, lire en ligne)
  3. Romaric Godin, La guerre sociale en France: Aux sources économiques de la démocratie autoritaire, La Découverte, (ISBN 978-2-348-04652-0, lire en ligne)
  4. a et b "La France, le dollar et l'Europe (1981-1989). Aux origines globales de l'euro", par Olivier Feiertag en 2013 dans la revue Histoire@Politique du Centre d'histoire de Sciences Po[ https://shs.cairn.info/revue-histoire-politique-2013-1-page-128?lang=fr#s1n4]
  5. a et b Naomi Klein, La Stratégie du choc: Montée d'un capitalisme du désastre, Actes Sud Littérature, (ISBN 978-2-330-15896-5, lire en ligne)
  6. Sylvia Delannoy, Géopolitique des pays émergents: Ils changent le monde, Presses universitaires de France, (ISBN 978-2-13-080695-0, lire en ligne)