Bihar

État de l'Inde

Le Bihar (hindi : बिहार, /bɪˈɦaːr/) est un État du nord-est de l'Inde. Situé dans l'est de la plaine indo-gangétique, c'est un État très densément peuplé (104 millions d'habitants en 2011 sur 94 163 km2, soit 1 106 hab/km2) et encore peu développé sur le plan économique. C'est la région d'origine du bouddhisme et du jaïnisme.

Bihar
बिहार
Blason de Bihar
Emblème
Bihar
Localisation de l'État en Inde.
Administration
Pays Drapeau de l'Inde Inde
Capitale Patna
Création
Langue officielle Hindi, ourdou (langue additionnelle)
Gouverneur Rajendra Arlekar (en)
Ministre en chef Nitish Kumar (JD(U))
Démographie
Population 104 099 452 hab. (2011[1])
Densité 1 106 hab./km2
Rang 3e
Géographie
Superficie 94 163 km2
Rang 12e

Histoire

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Antiquité

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Gautama Bouddha entreprend les pratiques ascétiques extrêmes avant qu'il ne réalise qu'elles n'étaient pas nécessaires, et son illumination sur la rive de la rivière Falgu à Bodh Gaya, Bihar.

Le cœur de l'ancien royaume de Magadha se trouvait dans le Bihar actuel et sa capitale, Patna, appelé alors Pataliputra, est le centre de l'Empire maurya qui gouverne le sous-continent indien entre -325 et -185. L'empereur Ashoka est le dirigeant le plus connu de cette dynastie. Le Bihar reste un lieu important de pouvoir, de culture et d'éducation durant mille ans jusqu'à la période des conquêtes musulmanes qui ravagent le pays. Les monastères bouddhistes de Nâlandâ et de Vikramaśīla étaient jusqu'alors des centres d'éducation renommés dans le monde asiatique, qui attiraient des étudiants jusqu'en Chine.

Une terre de religions

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Le Bihar est aussi le lieu de naissance de plusieurs religions, dont le bouddhisme et le jaïnisme. Bouddha atteint l'illumination à Bodh-Gaya, une ville de l'État, dans le district de Gaya. Mahavira, le fondateur du jaïnisme, est originaire de Vaishali dans le Bihar.

Époque médiévale

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Avec la conquête musulmane, le Bihar va connaître des fortunes diverses. Muhammad Khilji, un général de Muhammad Ghûrî s'empare du Bihar au XIIe siècle. La plupart des grands monastères d'enseignement sont détruits, des milliers de bouddhistes massacrés[2],[3],[4]. Le pays connaît ensuite une nouvelle période de prospérité avec le règne de l'afghan Sher Shâh Sûrî, originaire de Sasaram, qui établit la Grand Trunk Road, la plus grande voie du sous-continent, qu'il traverse d'est en ouest, de Calcutta à Peshawar, dans l'actuel Pakistan. De 1557 à 1576, Akbar, l'empereur moghol, annexe le Bihar et le Bengale à son empire et fait du Bihar une partie du Bengale. Avec le déclin des Moghols, le Bihar passe sous le contrôle des nawabs du Bengale.

Période moderne

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Le sceau du Bihar.

Après la bataille de Buxar (1765), la Compagnie anglaise des Indes orientales obtient les droits diwani, c'est-à-dire ceux d'administrer et de collecter les taxes pour le Bihar, Bengale et l'Orissa. À partir de là, le Bihar devient une partie de la Présidence du Bengale, structure administrative de l'Inde britannique, et ce jusqu'en 1912, année où le Bihar est érigé en province distincte. En 1935, certaines parties du Bihar sont incorporées dans la province de l'Orissa.

En 1951, la province est frappée par une terrible famine[5] qui fait plus de 10 millions de morts. À nouveau, en 2000, 18 districts administratifs du Bihar lui sont retranchés au sud pour former l'État du Jharkhand, avec pour capitale Ranchi.

Après son retour d'Afrique du Sud, Gandhi commence son mouvement pour la liberté par son satyagraha dans le district de Champaran au Bihar, en soutenant des paysans forcés à la culture de l'indigo, une culture très appauvrissante pour leur sol.

Géographie

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Le Bihar est bordé à l'est par le Bengale occidental, au nord par le Népal, au sud par le Jharkhand (créé en 2000), et à l'ouest par l'Uttar Pradesh.

Subdivisions

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Le Bihar est divisé en 38 districts regroupés en 9 divisions territoriales qui sont :

Divisions Districts
Bhagalpur Banka, Bhagalpur
Darbhanga Begusarai, Darbhanga, Madhubani, Samastipur
Kosi Madhepura, Saharsa, Supaul
Magadh Arwal, Aurangabad, Gaya, Jehanabad, Nawada
Munger Jamui, Khagaria, Munger, Lakhisarai, Shekhupura
Patna Bhojpur, Buxar, Buxar, Patna, Rohtas, Nalanda
Purnia Araria, Katihar, Kishanganj, Purnia
Saran Gopalganj, Saran, Siwan
Tirhut Champaran oriental, Muzaffarpur, Sheohar, Sitamarhi, Vaishali, Champaran occidental

Politique

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Le Ministre en chef, chef de l’exécutif, est Nitish Kumar depuis le 22 février 2015. Après une crise politique au sein du JD(U), il remplace Jitan Ram Manjhi (en) qui lui avait lui-même succédé le 20 mai 2014.

Les élections à l'assemblée législative de l'État d'octobre-novembre 2015 voient la nette victoire du Mahagathbandhan (Grande Alliance) rassemblant le JD(U), le Rashtriya Janata Dal et le Parti du Congrès qui remporte 178 sièges (+ 45) sur 243 s'assurant ainsi la majorité absolue. À l'inverse, la NDA, coalition menée par le BJP au pouvoir à New Delhi, perd 36 sièges malgré l'implication du Premier ministre Narendra Modi[6].

Courrier international rappelle que dans le Bihar, « le système des castes s’avère extrêmement prégnant, allant jusqu’à structurer le débat public »[7].

Économie

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État pauvre, environ 93 % de la population du Bihar travaille dans l’agriculture sur des petites surfaces pour de faibles revenus. L’État est également un important pourvoyeur de travailleurs migrants[8].

Une grande partie de la population du Bihar souffre de la malnutrition. Plus de 63 % des femmes enceintes y sont anémiées, environ 43 % des enfants de moins de 5 ans présentent un retard de croissance et 41 % une insuffisance pondérale, selon les données du gouvernement publiées en 2020[9].

Démographie

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Marché dans un village.

Le Bihar est le troisième État le plus peuplé d'Inde derrière l'Uttar Pradesh et le Maharashtra. C'est également l'État le plus densément peuplé, comptant 104 millions d'habitants en 2011 sur 94 163 km2, soit 1 106 hab./km2[1]. Avec un taux de fécondité estimé à 3,7 enfants par femme en 2010[10], le Bihar connaît une importante croissance démographique. Bien que toujours le plus élevé des états indiens, le taux de fécondité est descendu à 3,0 en 2020, la croissance démographique devrait donc être moins importante dans les prochaines années[11].

Évolution de la population
Année Population
1951 29 085 000
1961 34 841 000 + 19,8 %
1971 42 126 000 + 20,9 %
1981 52 303 000 + 24,2 %
1991 64 531 000 + 23,4 %
2001 82 999 000 + 28,6 %
2011 103 805 000 + 25,1 %
Source : [1]

Les religions les plus pratiquées au Bihar sont l'hindouisme (83,2 %) et l'islam (16,5 %)[12].

Principales villes du Bihar

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Ville Population
(recensement 2011[13])
Patna 2 049 156
Gaya 475 987
Bhagalpur 412 209
Muzaffarpur 396 590
Purnea 312 669
Darbhanga 308 011
Bihar Sharif 297 268
Arrah 261 430
Begusarai 252 008
Katihar 240 838
Chhapra 213 714
Munger 213 303
Saharsa 156 540
Bettiah 155 518
Hajipur 147 688
Sasaram 147 408
Dehri 137 231
Siwan 135 066
Motihari 126 158
Nawada 118 768
Bagaha 112 634
Buxar 110 881
Sitamarhi 106 093
Kishanganj 105 782
Jamalpur 105 434
Jehanabad 103 202
Aurangabad 102 244
Luckeesarai 99 979
Jamui 87 357
Madhubani 82 806
Araria 79 021
Benipur 75 317
Samastipur 73 216
Barauni 71 660
Bihat 67 952
Gopalganj 67 339
Supaul 65 437
Sheikhpura 62 927
Barh 61 470
Mokameh 60 678
Masaurhi 59 803
Teghra 56 234
Raxaul Bazar 55 536
Madhepura 54 472
Dumraon 53 618
Sultanganj 52 892
Daudnagar 52 364
Arwal 51 849
Hilsa 51 052
Fatwa 50 961
Forbesganj 50 475
Bhabua 50 179
Shikarpur 49 507
Khagaria 49 406
Naugachhia 49 069
Bikramganj 48 465
Ramnagar 48 411
Mahnar Bazar 48 293
Bakhtiyarpur 47 897
Balia 47 550
Bihta 47 549
Barbigha 46 075
Banka 45 977
Barahiya 43 032
Bairagnia 42 895
Dhaka 42 063
Barauli 41 877
Rajgir 41 587
Sherghati 40 666
Jha Jha 40 646
Maner 40 068
Bakhri 40 043

Culture

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La roche des Fakirs, sur le Gange, près de Sultanganj (Bihar), octobre 1788 (pinceau et lavis, par Daniell).

Hormis le bihari, on parle au Bihar le maithili proche du bengalî et le magahi, un dialecte hindi oriental qui a donné le pali, la langue religieuse du bouddhisme du Sud. Dans l' Est, on parle le Bengali. Dans certains districts de l'est de l'état, le Bengali est parlé par plus de 80 % de la population.

Tourisme

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Sites touristiques :

Le Bihar a prohibé la vente, la consommation ainsi que la détention d'alcool depuis mars 2016, et les chiffres du tourisme ont connu une sérieuse décroissance depuis lors[14],[15].

La pauvreté et ses effets

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Les Bihari ou habitants du Bihar sont généralement très pauvres, ils s'exilent très souvent dans les autres États de la fédération indienne - Bengale occidental, Assam, en particulier - pour y faire les travaux les plus durs (construction des routes dans les hauteurs himalayennes, par exemple). Autrefois, ils émigrèrent aussi hors de l'Inde et on en trouve ainsi aux îles Fidji, à l'île Maurice, à Trinité-et-Tobago. Les vagues migratoires internationales actuelles étant plutôt à destination des pays du golfe persique ou le monde anglo-saxon, qui selon la destination et le niveau socio-économique des migrants, peuvent être des vagues de travailleurs étrangers temporaires, ou d'immigrés qualifiés potentiellement résidents permanents[16]. D'autres choisissent un exil social en rejoignant les groupes maoïstes naxalistes présents aussi au Bengale occidental et politiquement proches des népalais du Parti communiste du Népal (maoïste) ou en intégrant les bandes de dacoïts, bandits de grands chemins.

Le Bihar est touché tous les ans par une épidémie d'encéphalite aiguë. Les enfants mal nourris sont particulièrement vulnérables à cette maladie[17].

Le Pakistan n'a pas voulu accepter les mohadjirs Biharis restés au Bangladesh nouvellement formé car il se voyait en lutte pour gérer des milliers de réfugiés afghans à l'époque[18], tandis que les Bangladais méprisaient les Biharis ethniques pour avoir soutenu et pris le parti du Pakistan occidental pendant la guerre et pour avoir préféré leur ourdou natal au mouvement de la langue bengali[19].

Le Bihar fait partie des états concernés par l'abréviation BIMARU, forgée par l'économiste et démographe indien Ashish Bose dans les années 80, pour une étude commandée par l'état central indien. Ce terme désigne les états de l'Inde qui constituaient la partie la plus paupérisée du pays (en termes de développement économique et humain), tout en connaissant la plus forte croissance démographique[20]. L'appellation a pendant longtemps été controversée[21],[22], notamment du côté de la classe politique biharie, qui y voit un terme discriminant. En 2011, les indicateurs employés par Bose ont été recalculés et mis à jour, et tendent à montrer un décalage de développement persistant entre le Bihar (et la plupart des états BIMARU) et le reste de l'Inde[23].

Notes et références

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  1. a et b (en) « Bihar Population Census data 2011 », Gouvernement de l'Inde (consulté le )
  2. Smith V. A., Early history of India
  3. Elliot, History of India, Vol 4
  4. David Scott, « Buddhism and Islam: Past to Present Encounters and Interfaith Lessons », Numen, vol. 42, no 2,‎ , p. 141–155 (DOI 10.1163/1568527952598657, JSTOR 3270172)
  5. « Magnum Photos Home », sur magnumphotos.com (consulté le ).
  6. Revers électoral pour le premier ministre indien, Julien Bouissou sur Le Monde du 9 novembre 2015
  7. « Castes et politique. En Inde, les ambiguïtés du cinéma de Jhollywood », sur Courrier international,
  8. « En Inde, le premier scrutin depuis le début de l’épidémie de Covid-19 conforte le premier ministre Modi », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  9. « Dans les campagnes indiennes, l’impossible survie des « pauvres parmi les pauvres » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  10. (en) Fertility rate in India drops by 19% in 10 yrs
  11. (en) « Bihar : State Fact Sheet » (consulté le )
  12. (en) Census of India - Population by religious communities
  13. (en) « Bihar (India): State, Major Agglomerations & Cities - Population Statistics in Maps and Charts », sur City-Population (consulté le )
  14. « Bihar Brings New Law on Alcohol Ban After HC Quashed Old One », PTI,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Bihar witnesses serious drop in tourism after liquor ban », sur Pradesh18, (consulté le )
  16. (en) Aditya Raj et Kundan Kumar, « A case for the study of Bihari Diaspora », Migration and Diasporas: An Interdisciplinary Journal, vol. 2, no 2,‎ , p. 82-114 (ISSN 2581-9437, lire en ligne   [PDF])
  17. « Inde: l'Etat du Bihar en proie à une grave épidémie d'encéphalite aiguë », sur RFI, (consulté le )
  18. (en) « BBC NEWS | World | South Asia | Musharraf wraps up Bangladesh visit », sur news.bbc.co.uk, (version du sur Internet Archive)
  19. (en-GB) Deutsche Welle (www.dw.com), « The neglected 'Bihari' community in Bangladesh | DW | 14.10.2019 », sur DW.COM (consulté le )
  20. (en) Daniel Lak, India Express: The Future of the New Superpower, St. Martin's Press, (ISBN 978-0-230-61462-8, lire en ligne)
  21. (en) S. Hirashima, H. Oda et Y. Tsujita, Inclusiveness in India: A Strategy for Growth and Equality, Springer, (ISBN 978-0-230-30495-6, lire en ligne)
  22. (en-US) Factchecker in Divyani Dubey, « Nitin Gadkari claimed Madhya Pradesh is no longer a BIMARU state. What do the facts say? », sur Scroll.in (consulté le )
  23. (en) « BIMARU States: the shoe fits even now », The Hindu,‎ (ISSN 0971-751X, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

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Bibliographie

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Liens externes

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