Bicaméralité
La bicaméralité est une hypothèse sur l'origine de la conscience développée par le psychologue américain Julian Jaynes dans son ouvrage La naissance de la conscience dans l'effondrement de l'esprit [bicaméral] (1994, édition originale 1976). Elle propose que l'esprit humain, avant d'être conscient, était divisé en deux parties, l'une qui « parlait » et l'autre qui écoutait et obéissait. Jaynes suggère que l'esprit bicaméral était encore le fonctionnement de l'esprit humain répandu un millénaire av. J.-C.
La conscience est-elle indispensable ?
modifierPour montrer qu'il est possible d'imaginer un être humain sans conscience, Jaynes rappelle le « peu de conscience que nous avons de notre action quotidienne ». Il explique que la conscience n'est pas nécessaire aux concepts, à l'apprentissage, à la pensée ou encore à la raison. Il en conclut que « la conscience ne modifie pas tant que cela beaucoup de nos activités » et qu'« il est parfaitement possible qu'il y ait eu une race d'hommes qui parlaient, jugeaient, raisonnaient, résolvaient des problèmes, faisaient, en un mot, la plupart des choses que nous faisons, mais qui n'étaient pas conscients du tout »[1].
Esprit bicaméral
modifierSe référant à L'Iliade, dont il situe l'écriture vers 900 ou 850 av. J.-C., soit quatre siècles après les événements relatés, Jaynes note que le texte ne comporte « en général, [...] pas de mots se rapportant à la conscience ou à des actes mentaux »[2]. Il remarque que dans toutes les situations critiques, les personnages sont influencés par l'intervention des dieux, qui s'adressent à eux et leur parlent. Interprétant ces faits littéralement, il suppose que des voix étaient réellement entendues par les humains, qui les considéraient comme des voix divines.
« L'homme de l'Iliade n'avait pas la subjectivité que nous avons. Il n'avait pas conscience de sa conscience du monde, pas d'espace mental intérieur pour pratiquer l'introspection[3]. »
Julian Jaynes décrit le fonctionnement de l'esprit bicaméral ainsi :
« La volition, l'élaboration, l'initiative s'organisent sans aucune aide de la conscience et sont ensuite « transmises » à la personne dans la langue qu'elle connaît, parfois accompagnées de l'apparition d'un ami intime, d'une figure d'autorité, d'un dieu ou parfois sous la forme de la seule voix. La personne obéissait à ses voix, entendues dans les hallucinations, parce qu'elle ne « voyait » pas ce qu'elle devait faire toute seule[3]. »
Jaynes attribue l'esprit des dieux à l'hémisphère non dominant du cerveau (l'hémisphère droit pour la plupart des gens), et l'esprit des hommes à l'hémisphère dominant.
Notes et références
modifier- Julian Jaynes, La naissance de la conscience dans l'effondrement de l'esprit, PUF, Paris, 1994, (ISBN 2130450954), p. 62.
- Ibid., p. 87.
- Ibid., p. 94.