Bagacum Nerviorum

site archéologique à Bavay (Nord)

Bagacum Nerviorum, actuellement Bavay, est la capitale d'une civitas romaine, chef-lieu du peuple des Nerviens implantée entre 19 et 15 av. J.-C.

Bagacum Nerviorum
Image illustrative de l’article Bagacum Nerviorum
Vestiges du forum.
Localisation
Pays Drapeau de l'Empire romain Empire romain
Province romaine Haut-Empire : Gaule belgique
Bas-Empire : Belgique seconde
Région Hauts-de-France
Département Nord
Commune Bavay
Type Chef-lieu de Civitas
Protection Logo monument historique Classé MH (1862, 2021)[1]
Coordonnées 50° 17′ 58″ nord, 3° 47′ 29″ est
Géolocalisation sur la carte : Empire romain
(Voir situation sur carte : Empire romain)
Bagacum Nerviorum
Bagacum Nerviorum
Histoire
Époque Antiquité (Empire romain)

Toponymie

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Le nom de Bagacum est un dérivé en -acum, suffixe localisant à l'origine, précédé de l'ancien terme celtique bagos, hêtre. L'archétype originel devait être *Bāgākon. Il est homonyme de Beiach (ancien *Bāgākon également), nom d'une forêt suisse et peut-être Bahais (Basse-Normandie). Il signifie hêtraie.

L'indo-européen *bhāgós est également l'origine du latin fagus (italien faggio, occitan fay, français dial. fau, fou), hêtre et du germanique *bōkjō, hêtre (allemand Buche, anglais beech)[2]

Historique

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Fondation et développement de la cité

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Vestiges du site archéologique avec l'aménagement de 2022.

Une fondation de la fin du Ier siècle av. J.-C.

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À l'avènement d'Auguste l'essentiel de la Gaule est conquis par les Romains. L'empereur la divise en trois provinces : l'Aquitaine, la Celtique et la Belgique, entre Seine et Rhin. Cette dernière est divisée elle-même en dix-huit cités, dont la cité des Nerviens, Civitas Nerviorum, qui a pour chef-lieu Bavay, Bagacum Nerviorum[note 1]. Cette ville est desservie par plusieurs voies et figure sur la table de Peutinger[3].

Bavay est fondé probablement à l'époque d'Auguste[4], dans l'avant-dernière décennie avant notre ère selon Jean-Louis Boucly[5], et se développe rapidement. En 4 av. J.-C. on érige un monument sur le forum, pour commémorer le passage de Tibère qui semble avoir donné une impulsion notable à l'extension de la ville. À l'époque claudienne, la ville a une superficie estimée à huit hectares et au IIe siècle Bavay couvre environ quarante hectares[6].

Une intense activité artisanale

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Pierre gravée d'une dédicace GENIO CIVITATIS NERVIORVM « au génie de la cité des Nerviens » (musée de Bavay).

De cette bourgade nouvelle où les débouchés commerciaux ne devaient pas manquer, artisans et commerçants affluèrent bientôt. Si la Narbonnaise devait être la province d'origine du citoyen qui fit ériger le monument en l'honneur de Tibère, c'est de la Marne et peut-être aussi de la Côte d'Or que vinrent s'installer les officines de potiers du sud de la ville. Ils y fabriquèrent, dès 15 av. J.-C. sans doute, de la superbe vaisselle en terra nigra, noire ou grise métallescente, trouvée en abondance en 1972, avec des débris d'amphores italiques, de vases lyonnais unis ou décorés[7].

Si des Nerviens, de l'aristocratie romanisée, comme l'atteste le gentilice IULIUS, imitaient le mode de vie des vainqueurs, d'autres habitants de Bagacum, enrôlés comme auxiliaires dans les armées romaines, participèrent aux opérations contre les peuples alpins de 16 à 14 av. J.-C. et rapportèrent des monnaies orientales, frappées par les Helvètes et les Vindelici[8].

Les invasions germaniques des IIe et IIIe siècles

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Dès la fin du IIe siècle, des peuples germaniques remontent le cours de l'Escaut et atteignent la voie Tongres-Bavay où ils se livrent à des pillages. Au milieu du IIIe siècle, en 253-254, les Francs passent le Rhin, sont repoussés par l'empereur Gallien et reviennent entre 259 et 263. En 275, les Alamans se joignent aux Francs[9]. Malgré la résistance des empereurs des Gaules Postumus et Tetricus, des villes sont ravagées, dont Boulogne, Amiens, Bavay. Il s'ensuit une période de déclin et de troubles[10].

 
Ornières profondes creusées par le charroi de l'époque dans la voie romaine Bavay-Cologne.

Une fois la paix revenue avec Dioclétien et la tétrarchie, à la fin du IIIe siècle, les villes se protègent : la première fortification de Bavay date du dernier quart du IIIe siècle. La pierre des édifices détruits est réutilisée à l'époque constantinienne pour doubler cette première enceinte[11] et construire deux castella[12].

Le déclin de la cité fin IVe - début Ve siècle

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Cependant le déclin de Bavay est inéluctable : la superficie de la ville, resserrée sur sa double enceinte, est passée de 40 hectares à 4[12] ou 6 hectares[13] et d'après la Notice des Dignités, tableau officiel de l'administration impériale datant du début du Ve siècle, Cambrai (Camaracum) a, à cette époque, remplacé Bavay comme chef-lieu des Nerviens[14]. Des forts ayant été construits le long des routes de Cologne à Bavay et Cambrai, et de Boulogne à Cambrai, cette bourgade moins exposée aux envahisseurs que Bavay a en effet pris une importance stratégique[15].

Les ultimes témoignages d'une occupation dans le forum ne vont pas au-delà des années 430 à 450[16].

Morphologie urbaine

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Piliers du crypto-portique après l'aménagement de 2022.

Dès le début il semble que la ville ait eu un plan en damier. Le plan initial est celui d'un forum tripartite clos, très répandu dans la seconde moitié du Ier siècle. Il a été conservé tout au long des réaménagements de la cité.

  • Le Forum cryptoportique date de 150. Il est l'un des seuls en France qui a pu être entièrement dégagé et sa basilique longue de 98 m est la plus grande découverte à ce jour. Maurice Hénault, en 1906, découvrit au début du XXe siècle un forum et des thermes alimentés par un aqueduc amenant les eaux d'une fontaine située à une vingtaine de kilomètres. Henri Bievelet, de 1942 à 1976, a dégagé à l'ouest la plus grande partie des cryptoportiques ainsi que l'esplanade et à l'est la basilique civile.
  • Bavay était un carrefour important : huit voies reliaient en effet ce chef-lieu aux peuples voisins : Tongres et Cologne; Dinant et Trèves; Anvers et Utrecht; Gand et Bruges; Valenciennes et Tournai; Cambrai et Amiens; Vermand et Beauvais; Avesnes et Reims. Le tracé de ces voies est encore visible sur les cartes routières d'aujourd'hui.

Notes et références

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  1. Ou Bavacum.

Références

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  1. Notice no PA00107362, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Éditions Errance 2003.
  3. Roland Delmaire, « Bavay / Bagacum (Nord) », Revue archéologique du Centre de la France, no 25 (supplément) « Capitales éphémères. Des Capitales de cités perdent leur statut dans l’Antiquité tardive, Actes du colloque Tours 6-8 mars 2003 »,‎ , p. 367-370 (lire en ligne).
  4. Desmulliez, Milis et Lottin 1995, p. 56-57.
  5. Marc Lodewijckx (dir.), Belgian archaeology in a European setting II, Leuven University Press, coll. « Acta archaeologica lovaniensia », p. 95.
  6. Desmulliez, Milis et Lottin 1995.
  7. Biévelet H., L'exploration archéologique de Bavay Revue du Nord, LI, 1969, 457 sq
  8. Boucly Jean-Louis, Les débuts de l'occupation romaine à Bavai: état de la question, Revue archéologique de Picardie, 1984, Volume 3, Numéro 3-4 lien p. 19-25.
  9. Wytteman 1988, p. 57.
  10. Pierrard 1978, p. 39-40.
  11. Wytteman 1988, p. 58-60.
  12. a et b Pierrard 1978, p. 41.
  13. Wytteman 1988, p. 60.
  14. Wytteman 1988, p. 58.
  15. Louis Trenard (dir.) et Michel Rouche (préf. Jacques Legendre), Histoire de Cambrai, t. 2, Presses Universitaires de Lille, coll. « Histoire des villes du Nord / Pas-de-Calais », (1re éd. 1982), 314 p., 24cm (ISBN 2-85939-201-7), p. 14
  16. Delmaire R. Bavay Antique, Imprimerie Nationale Éditions, Guides Archéologiques de France, mars 1996

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Lucien Delhaye, Histoire populaire : Bavay et contrée qui l'environne, Douai, Dechristé,
  • Janine Desmulliez, Ludo Milis et Alain Lottin (dir.), Histoire des provinces françaises du Nord : De la Préhistoire à l'an Mil, Westhoek, , 220 p. (ISBN 978-2-903077-71-6, présentation en ligne)
  • Jean Gricourt, « Pile de bronzes romains découverte à Bavai », Revue du Nord, no 168,‎ , p. 381-387 (lire en ligne)
  • Marc Lodewijckx (dir.), Belgian archaeology in a European setting II, Leuven University Press, coll. « Acta archaeologica lovaniensia », , 220 p. (ISBN 90-5867-167-4 et 978-9058671677, lire en ligne)
  • Delphine Nicolas, « La vaisselle en bronze d’époque romaine trouvée à Bavay », Revue du Nord, vol. 418, no 5,‎ , p. 7–49 (ISSN 0035-2624, DOI 10.3917/rdn.418.0007, lire en ligne).
  • Pierre Pierrard, Histoire du Nord : Flandre, Artois, Hainaut, Picardie, Paris, Hachette, , 406 p. (ISBN 2-01-020306-2)
  • Charles Pietri (dir.), Études bavaisiennes : Mélanges offerts au Chanoine Biévelet, Villeneuve d'Ascq, Publications de l'Université de Lille III, coll. « Études archéologiques »,
    Textes réunis par Pierre Leman
  • Jean-Pierre Wytteman (dir.) (préf. Bernard Derosier), Le Nord : de la Préhistoire à nos jours, Saint-Jean-d'Angély, Bordessoules, coll. « L'histoire par les documents », , 381 p. (ISBN 2-903504-28-8)

Articles connexes

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Liens externes

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