L'arcasse est en termes de marine, la charpente horizontale[1] qui lie les « estains » (dernier couple avant l'étambot) à l'étambot et dont la fonction est de rigidifier la poupe[2].

Henri Paasch, Illustrated Marine Encyclopedia, 1890, croquis de la poupe. 1. quille ; 2. aileron ; 3. massif d'étambot/courbe d'étambot ; 4. étambot ; 5. garniture pour bois ; 6. petites barres d'arcasse ou barres de contre-arcasse ou contre-lisses ; 7. barre d'hourdi, lisse de hourdi ou grande barre d'arcasse ; 8. jaumière ; 9. allonge de poupe (voûte) ; 10. bord (voûte) ; 11. apôtre d'étambot ; 12. jambette de voûte ; 13. allonge de côté (voûte) ; 14. couples de l'arrière ; 15. estain ; 16. couples dévoyés ou élancés ; 17. couples droits.

Elle s'appelle stern frame en anglais[3].

L'« arcasse », la « barre d'arcasse », en argot maritime, se disait aussi du coccyx, ou de la partie postérieure du corps humain[3].

Description

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La poupe, partie arrière d'un navire, contient l'arcasse, la voûte et le tableau[3]. L'arcasse se compose de l'étambot et de diverses barres assemblées sur cette pièce, transversalement à la direction de la quille.

La plus élevée de ces barres est la barre d'arcasse selon Bonnefoux; puis viennent la barre d'hourdi et la barre de pont; la plus basse est le fourcat d'ouverture, et celles du milieu sont les barres d'écusson ou intermédiaires. Ces barres s'appuient sur l'estain par leurs extrémités intérieures; la barre d'arcasse repose sur la tête de l'étambot, la barre de pont est à la hauteur du premier pont[3]. Les sabords de retraite de la batterie basse des vaisseaux prennent quelquefois le nom de sabords d'arcasse[3].

Selon Willaumez, l'arcasse d'un bâtiment est en quelque sorte le dernier couple de l'arrière sous une construction qui lui est particulière, le derrière de sa poupe, la face postérieure. Toute la charpente qui la compose est portée par l'étambot. « L'étambot, les estains, les alonges de cornières, la lisse d'hourdi, le fourcatt d'ouverture, les barres du pont et celles d'arcasse, forment ce qu'on nomme l'arcasse: sa plus grande largeur est à la lisse d'hourdi »[4].

Selon Aubin, l'arcasse est limitée par le haut par la lisse de hourdi (ou grande barre d'arcasse), posée par son milieu sur le haut de l'étambot et par les bouts sur les estains avec lesquels elle forme ce demi-rond qui se voit à l’arrière et auquel on donne également le nom d'« arcasse »[2].

Vocabulaire

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Vasa, probablement courbe d'arcasse visible au fond à gauche, et courbe d'étambot visibles à droite
  • Lisse de hourdi, ou grande barre d'arcasse (en néerlandais, hek, hek-balk) — longue pièce de bois qui est dernier des baux de l'arrière et qui contribue à la solidité de la poupe. La lisse de hourdi est aussi large que le vaisseau et sa longueur est à peu près des deux tiers de celle du maître-bau. Elle est posée par son milieu sur le haut de l'étambot et par les bouts sur les estains avec lesquels elle forme un demi rond qui se voit à l’arrière et auquel on donne le nom d'arcasse. La lisse de hourdi est un peu arquée en dehors ou par le haut et soutient l'œuvre morte. Elle a en dessous une râblure (rainure) dans laquelle entrent les bordages de l'arcasse. Son assemblage avec le haut l'étambot est à queue d'aronde aussi bien que ses bouts dans lesquels on efonce encore des chevilles de fer et de bois qu'on fait passer au travers des cornières ou allonges de poupes. Sa râblure doit être de largeur non seulement à contenir les bouts des bordages qui y entrent mais aussi une lisse ou frise qui tombe sur les bordages et qui sert d'ornement[2],[note 1].
  • Barres d'arcasse — terme commun à la grande barre d'arcasse et aux petites barres d'arcasse ou barres de contre arcasse ou contre-lisses; Les barres d'arcasse, contre-lisses et barres de contre-arcasse (en néerlandais, worpen, agter banden, wrangen in de Spiegel) sont celles qui se posent au-dessous de la lisse de hourdi: elles sont assemblées à queue d'aronde dans les estains et avec l'étambot par une entaille qu'on leur fait[2],[note 2].
  • Voûte (en néerlandais, verwulffel, krom-wulf) — partie extérieure de l'arcasse construite en voute au-dessus du gouvernail. On a coutume de placer au-dessus de la voute le fronton ou cartouche qui porte les armes du Prince.
  • courbe d'arcasse — lient, dans chacun des angles de la poupe, les barres de l'arcasse avec le corps du vaisseau, d'un bout contre la lisse d'hourdi, et en retour contre les membres du navire[6];

Assemblage

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L'arcasse d'un grand bâtiment ou arrière carrée, est formée de pièces énormes de bois, qu'on a peine à se procurer à grands frais. La complication de cet assemblage monstrueux exige des travaux importants, de longues chevilles de fer multipliées, et pèse énormément sur l'extrémité du bâtiment[4].

Les travaux d'assemblage de l'arcasse s'exécutent près de l'extrémité arrière de la quille où l'étambot est placé horizontalement sur des tins: l'assemblage se monte en place sur la quille, au moyen d'une chèvre (bigues et apparaux[3], caliornes, palans de retenue[4]). On vérifie la position du système par son balancement, en ayant soin de donner à l'étambot l'inclinaison (la quête) indiquée par le devis[3].

Le montage de l'ensemble « quille, étrave, étambot » est un travail particulièrement délicat qui conditionne tout ce qui suit, y compris l'existence du futur navire et incompatibles avec la rapidité d'exécution[7].

Notes et références

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  1. Pour donner la longueur convenable à la lisse de hourdi, il faut prendre les deux tiers de la largeur du vaisseau et pour sa largeur, son épaisseur et sa courbe, il faut prendre autant de pouces qu'elle a de longueur. Quelques charpentiers prennent pour sa longueur, la largeur du fond du bâtiment, et pour sa largeur, son épaisseur et sa courbe, l'épaisseur de l'étrave en dedans. D'autres lui donnent par chaque dix pieds de long qu'elle a, huit pouces d'arc, un pouce de large; par chaque pied de long et un peu moins d’épaisseur. D'autres encore lui donnent d'autres proportions, aussi tirées de sa longueur. Les charpentiers qui ont réglé les proportions d'un vaisseau de 134 pieds de long donnent à la lisse de hourdi dix neuf pieds six pouces de long un pied deux pouces et demi d'épaisseur, un pied trois pouces et demi de large, et un pied, deux pouces d'arc. Dans Aubin
  2. Quelques charpentiers proportionnent les contre-lisses par la lisse de hourdi, et leur donnent les trois quarts de l'épaisseur de la lisse, à l'endroit où elles joignent l'étambot; et on les tient un peu moins épaisses par les bouts. On les place à même distance les unes des autres que les varangues et la première ou plus haute se pose à la hauteur des sabords. Voici comment raisonnent ceux qui proportionnent les barres de contre arcasse par l'étrave. Les Barres de contre-arcasse servent à entretenir et affermir les estains jusqu'au bas desquels et du jarlot de l'étambot la dernière de ces barres descend et la plus haute se pose à peu près deux pieds au-dessous de la lisse de hourdi. Les contre-lisses doivent avoir les quatre cinquièmes parties de l'épaisseur de l'étrave. D'autres charpentiers qui les proportionnent par la lisse de hourdi leur donnent d'épaisseur jusqu'à un tiers moins et d'autres les font aussi épaisses ou presque aussi épaisses et aussi larges que la lisse de hourdi. La meilleure proportion des petites barres d'arcasse pour un vaisseau de 134 pieds de long, de l'étrave à l'étambot, est de neuf pouces et demi, à dix pouces d'épaisseur; les bouts doivent être assemblés à queue d'aronde avec les côtés du bâtiment. On ne les arrête qu'après que l'étambot est monté et les chevilles qu'on y met entrent d'un pouce ou deux dans l'étambot. Dans Aubin

Références

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  1. Dictionnaire de la langue française (Littré). Tome 1. The ARTFL Project
  2. a b c et d Nicolas Aubin. Dictionnaire de Marine, P. Brunel, 1702, lire en ligne.
  3. a b c d e f et g Pierre-Marie-Joseph de Bonnefoux, Dictionnaire de marine à voile et à vapeur, Paris, Arthus Bertrand, (lire en ligne)
  4. a b et c Jean-Baptiste Philibert Willaumez, Dictionnaire de marine, Paris, Bachelier, , 590 p. (lire en ligne)
  5. Extrait de l'ouvrage de Louis Joseph Marie Achille Goujon, Des bois propres aux constructions navales, manuel à l'usage des agents forestiers et maritimes. de 1807, qui « figurent les bois sur pied, sous les différentes formes qu'ils ont reçu de la nature, qui les rendent propres à l'usage de la marine ». Lire en ligne.
  6. Jacques Joseph Baudrillart. Recueil chronologique des règlements forestiers: contenant les ordonnances, édits et déclarations des rois de France, etc Lire en ligne
  7. Burlet René, Verne José-Paul. Essais de pratique industrielle dans la construction navale au XVIIe siècle. In: Histoire, économie et société, 1997, 16e année, no 1. La Marine XVIIe-XXe siècle. pp. 63-97. Lire en ligne