Androcentrisme
L’androcentrisme est un mode de pensée conscient ou non, consistant à envisager le monde uniquement ou en majeure partie du point de vue des êtres humains de sexe masculin.
Comme le gynocentrisme, il s'agit donc d'une forme anthropocentrique, mais qui précise lui son focus spéciste par une prédilection masculiniste.
Considérations lexicales
modifierLe terme est issue de l'étymon grec andros/ἀνδρός, génitif de anêr/ἀνήρ homme, où selon le contexte il va désigner :
- un prince, chef, humain libre et valeureux ;
- un humain fort, dans la fleur de l’âge, par opposition aux jeunes encore faibles et aux vieux affaiblis ;
- le mâle d'un couple humain, l’homme, l’époux, le mari ;
- la créature humaine mâle, par opposition aux dieux.Cette étymon proviendrait du proto-grec *anḗr lui-même issu de l’indo-européen commun *h₂nḗr, fort, force, qui donne aussi ênoréê/ἠνορέη, virilité[3], le sabin Nero, Fort, Neria, Force divinisée, le sanskrit nara/नर, homme, l’albanais njeri, homme, le breton nerzh, force, le toponyme de Nertobriga, place forte, l’ethnonyme des Nor-mans, hommes forts[4].
Sur un plan synchronique il est apparenté :
- à l'adjectif androcentré : caractéristique des perceptions propres aux humains androtypés, par opposition aux femmes comme figure humaine gynotypée,
- et à l'adjectif androcentrique : qui se place du côté de l’homme, qui a pour référentiel la pensée masculine.
Le concept transdisciplinaire
modifierL'androcentrisme est depuis des siècles[citation nécessaire] mis en avant pour dénoncer une manière biaisée et inconsciente, qui pousse les analyses intellectuelles dans des schéma qui donnent une prépondérance disproportionnée aux rôles masculins et leurs à interactions. Ou pour reprendre les mots de Séverine Rey[5] :
« de voir et d'analyser, mettant en évidence principalement — voire exclusivement — les rôles des hommes, leurs expériences, leurs fonctions, les rapports qu'ils ont entre eux, etc »
Elle peut donc fournir un champ d'investigation transdisciplinaire dans les sciences humaines, comme l'anthropologie, l'étude des religions, la préhistoire et dans la pensée scientifique en général.
Il est notamment mis en avant en Europe par l'enseignement de l'universitaire Carmen García Colmenares[6].
Notes et références
modifier- Claudine Cohen, La femme des origines. Images de la femme dans la préhistoire occidentale, Belin-Herscher, , p. 173
- (en) Sarah Blaffer Hrdy, The Woman that Never Evolved, Harvard University Press, , 256 p.
- « ἠνορέη - Ancient Greek (LSJ) », sur lsj.gr (consulté le )
- Julius Robarts - University of Toronto, Indogermanisches etymologisches Wörterbuch, Bern : Francke, 1959-1969 (lire en ligne)
- Séverine Rey, La catégorie de "genre" en anthropologie : émergence et construction discursive, Institut d'anthropologie et de sociologie, , p. 19
- « CEAPA - Educacion no sexista - Carmen Garcia Colmenares », sur www.europrofem.org
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Danielle Léveillé, L'androcentrisme en anthropologie, Groupe de recherche multidisciplinaire féministe, Université Laval, 1989.
- Nicole Mosconi, Femmes et savoir : la société, l'école et la division sexuelle des savoirs, « L'androcentrisme de la théorie sociologique », L'Harmattan, 1994.
- Pierre Bourdieu, [ ] La domination masculine.
- Sylviane Agacinski, Politique des sexes, Seuil, 1998.
- Denise Veillette, Femmes et religions, Canadian Corporation for Studies in Religion, 1995.
Articles connexes
modifierOuvrages
- Le Deuxième Sexe (1949)
- Trouble dans le genre (1990)
- La Domination masculine (1998)