Religion en Belgique

religion d'une zone

La religion en Belgique est autorisée par la Constitution belge.

Religion en Belgique

Religions en Belgique (2021)[1]:

Histoire
14 ap. J.-C. Début du culte impérial appelé « culte d'Auguste »
38 ap. J.-C. La religion gauloise est interdite
Entre 64-68 Début des persécutions anti-chrétiennes
313 Édit de Milan : début de la liberté de religion et fin des persécutions
391 Le christianisme devient religion d'État
23 janvier 1579 Union d'Utrecht qui consacre la liberté religieuse
1781 édit de tolérance de l'empereur d'Autriche Joseph II
1789-1799 La Révolution française consacre définitivement la liberté de religion
4 octobre 1830 Indépendance de la Belgique
7 février 1831 La Constitution de la Belgique garantit la liberté de religion
4 juin 1831 Début du règne de Léopold Ier, protestant
17 décembre 1865 Début du règne de Léopold II, catholique

Voir aussi

Religion par pays

La Belgique se définit comme un État neutre. Cette neutralité se concrétise par la reconnaissance de certaines religions[2],[3] et organisations non confessionnelles. Cette reconnaissance s'accompagne du financement du culte ainsi que de l'organisation dans les écoles de cours issus de ces religions ou option philosophique.

Avant l'indépendance

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Depuis le haut Moyen Âge, la plupart de la population était de confession catholique, étant la seule religion reconnue. Cependant des minorités protestantes et juives ont existé sur le territoire belge jusqu'à leur émancipation à l'indépendance belge. Depuis l'indépendance, le culte catholique coexiste avec d'autres cultes ainsi qu'avec une minorité agnostique et athée ainsi que des sectes[4].

 
Le territoire de la Belgique actuelle au VIIe siècle, avec les sièges épiscopaux et les abbayes. Les abbayes sont à l'origine de plusieurs villages et même de quelques villes.

Pratique actuelle

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Il n'existe en Belgique aucun recensement officiel des religions, aucun chiffrage précis et certain ne peut donc être avancé. Certains[Qui ?] se sont toutefois risqués à les chiffrer sur bases d'enquêtes partielles. Les chiffres ci-dessous du Baromètre du religieux 2008 n'ont été collectés que sur 657 personnes par exemple. Cela peut par exemple expliquer que la population musulmane de cette étude donne un étonnant 12 % alors que des études plus récentes (voir article détaillé Islam en Belgique) ne les chiffrent qu'à seulement 7 % en 2016 soit 8 ans plus tard alors que ceux-ci sont jugés en augmentation. Des chiffres à ne pas prendre comme des certitudes donc[non pertinent][5].

Selon le Baromètre du religieux 2008, 43 % des Belges francophones se disent catholiques, 17 % athées, 12 % musulmans, 10 % agnostiques, 2,7 % protestants, et 0,8 % déclarent se reconnaître dans la laïcité organisée. En Région de Bruxelles-Capitale, les musulmans représentent un tiers de la population. 80 % des sondés répondent qu'ils sont attachés aux traditions religieuses et 68 % qu'ils sont croyants. 42 % affirment qu'ils sont croyants non pratiquants et plus de 25 % qu'ils sont pratiquants. 23 % des Belges francophones déclarent avoir assisté à au moins dix offices religieux au cours des douze derniers mois, 8 % déclarent assister à au moins un office par semaine, 33 % déclarent ne pas avoir pénétré dans un lieu de culte.

Selon un sondage eurobaromètre de 2005[6], seuls 43 % des Belges croient en un dieu.

Selon l’ouvrage Autres temps, autres mœurs publié en 2012 par les sociologues Liliane Voyé (UCL) et Karel Dobbelare (KUL)[7], les catholiques dits « actifs » (soit ceux qui se rendent au moins une fois par mois à l’église) ne représentent plus que 4 % de la population belge (3 % en Wallonie et à Bruxelles)[8].


Le culte antoiniste est un culte créé en Belgique en 1910 par le Wallon Louis Antoine, comptant trente-deux temples dans le pays. La Belgique est par ailleurs l'un des principaux centres du jaïnisme européen, et le pays de fondation de la communauté bouddhique Ogyen Kunzang Chöling dirigée par Robert Spatz.

Reconnaissance officielle

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À l'origine[Quand ?], la bourgeoisie belge tant libérale que catholique s'unit contre l'autoritarisme de Guillaume d'Orange (Union des oppositions, 1828) et conclut un accord sur les rapports entre l'Église et l'État, dont les grands principes avaient été émis en France par le prêtre Félicité Robert de Lamennais, mais ces principes ne furent appliqués qu'en Belgique. Il s'agit d'une laïcité pluraliste : l'État ne reconnaît aucune religion comme officielle mais les reconnaît toutes selon les principes qui viennent d'être rappelés. Il n'y a d'ailleurs par exemple pas de concordat entre la Belgique et le Vatican et la Constitution de la Belgique dès 1830 ne mentionne nulle part le mot Dieu, même si le pays était à plus de 90 % catholique et si le clergé y était très influent.

En 1830, cette voie mennaisienne, bien que contradictoire[réf. nécessaire] de la doctrine officielle de Rome, n'y fut pas critiquée. Elle permit un type d'entente politique entre laïcs et catholiques que l'on baptisa unionisme. La devise de la Belgique « L'union fait la force » fut adoptée en 1828 par les libéraux et catholiques dans cet esprit de tolérance, de pluralisme et de séparation du civil et du religieux. Dans les grandes lignes, les principes mennaisiens ont continué à inspirer les rapports entre le religieux et le civil, de même que la manière dont les catholiques à travers une série d'organisations (syndicats, partis, écoles, etc.), entendaient étendre leur influence, non pas à l'ombre d'un pouvoir civil favorable (doctrine de Rome), mais en jouant le jeu du libéralisme et de la démocratie comme le voulait Lammennais. Depuis, la situation a fortement évolué avec la déchristianisation et la reconnaissance d'autres religions que le catholicisme qui n'était concurrencé en 1830 que par le judaïsme et le protestantisme.

Aujourd'hui[Quand ?], les cultes peuvent recevoir une reconnaissance officielle[9]. Les critères sont les suivants : regrouper un nombre significatif de fidèles ; disposer d’un organe qui représente le culte concerné dans ses rapports avec les autorités ; être établi dans le pays depuis plusieurs décennies ; avoir une utilité sociale ; ne développer aucune activité contraire à l’ordre social.

En 2015, les organes interlocuteurs de l'État pour les cultes (« organes chefs de culte ») ou philosophie non confessionnelle reconnus sont :

C'est le ministre de la Justice qui examine les demandes de reconnaissance. Le , l'Église syriaque orthodoxe d'Antioche, a introduit une telle demande de reconnaissance[10]. L'Union bouddhique belge a également pris des contacts avec le cabinet de Laurette Onkelinx et une délégation a été reçue pour la première fois le [11]. L'UBB a introduit le une demande de reconnaissance officielle du bouddhisme, en vertu de la loi du sur le temporel des cultes, comme philosophie non confessionnelle. Le Gouvernement fédéral a entamé le processus de reconnaissance le [12]. Le , le Conseil des ministres a adopté un avant-projet de loi en vue de cette reconnaissance[13]. En avril 2024, à la suite de l'audition au Parlement belge de représentants du Centre d'Action Laïque opposés à la reconnaissance du Bouddhisme comme philosophie, le projet de loi a été retiré de l'ordre du jour et reporté sine die.

Le [14], l'assemblée constituante composée des délégués du conseil général a élu un nouvel organe représentatif du culte musulman de Belgique (ORCMB[15]) composé de dix sept personnes. Smaili Nordin sera président du nouvel exécutif islamique.

Financement des cultes

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L'article 181 de la Constitution belge dispose que l'État octroie un salaire et des retraites aux ministres du culte et aux délégués des organisations non confessionnelles reconnues par la loi[16]. Il existe également des cours de religions et de morale laïque organisés dans l'enseignement public, le salaire des enseignants étant à charge de l'État.

En 2000, le CRISP[17] publie[18] des chiffres concernant le financement public des cultes et de la laïcité :

Culte/Organisation millions
d'euros
%
Culte catholique 458,20 79,2
Laïcité organisée 75,36 13,0
Culte islamique 20,33 3,5
Culte protestant 18,20 3,2
Culte israélite 3,21 0,6
Culte orthodoxe 2,36 0,4
Culte anglican 0,46 0,1
Total 579,00 100

Par ailleurs, les pouvoirs locaux subviennent à l'entretien des lieux de cultes catholiques via les Fabriques d'Église[19].

Contrairement à une idée répandue, le financement des cultes ne dépend pas du nombre de croyants baptisés. La déclaration d'apostasie est donc sans effet immédiat sur le financement des cultes[20],[21].

Catéchisme

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Le catéchisme n'est pas enseigné dans les écoles belges. Toutefois, il existe des cours de religion catholique, musulmane, protestante, judaïque, orthodoxe et de morale non confessionnelle, ainsi que – en Fédération Wallonie-Bruxelles – un encadrement pédagogique alternatif (pour les élèves non inscrits dans un des autres cours précités) dans l'enseignement officiel. Dans la plupart des établissements de l'enseignement libre catholique, seul le cours de religion catholique est dispensé[22].

Notes et références

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  1. « Survey: discrimination », sur europa.eu, Eurobarometer,
  2. (en) « Research and data from Pew Research Center », sur Pew Research Center (consulté le ).
  3. https://www.cia.gov/the-world-factbook/countries/belgium/#people-and-society
  4. « 1.200 sectes sont actives en Belgique », sur lesoir.be,
  5. Christian Laporte, « La Belgique terre religieuse » dans La Libre Belgique, 11 mars 2008 [lire en ligne]. Étude réalisée en Communauté française par le bureau d'étude Sonecom pour le compte de la Libre Belgique, de Dimanche paroissial, de la Radio-Télévision belge de la Communauté française, de Lumen Vitae et de l'Université catholique de Louvain,
  6. (en) « Social values, Science and Technology »
  7. Liliane Voyé, Karel Dobbelaere et Koen Abts, Autres temps, autres mœurs. Travail, famille, éthique, religion et politique: la vision des Belges, FRB et Racine Campus, 2012, 296 pp. Lire en ligne
  8. Julien Vlassenbroek, « Belgique: que représentent encore le "Mercredi des Cendres" et le Carême? », RTBf-info,
  9. Corinne Torrekens, « Le pluralisme religieux en Belgique », Diversité canadienne, Vol. 4 : 3, automne 2005, pp 56-58
  10. « De l’Ukraine à la Belgique: quel impact de la crise institutionnelle de l’Église orthodoxe ? – BePolitix » (consulté le )
  11. Peter Vanvelthoven, ministre de l'Emploi, en réponse à une question orale de Clotilde Nyssens (Centre démocrate humaniste), sur « Les demandes de reconnaissance de cultes », Sénat de Belgique, .
  12. Communiqué de presse du ministère de la Justice du 30 mars 2007 : Laurette Onkelinx initie la reconnaissance du bouddhisme en Belgique.
  13. Reconnaissance du bouddhisme (communiqué de presse du Gouvernement fédéral).
  14. Belga DHNET
  15. EMB
  16. S. Wattier, Le financement public des cultes et des organisations philosophiques non confessionnelles. Analyse de constitutionnalité et de conventionnalité, Bruxelles, Bruylant, 2016 (http://fr.bruylant.larciergroup.com/titres/134463_2/le-financement-public-des-cultes-et-des-organisations-philosophiques-non-confessionnelles.html). Voy. aussi: Le financement public des cultes et de la laïcité, paru dans Politique, revue de débats, Bruxelles, no 52, décembre 2007. Et C. Sägesser, « Le financement public des cultes à l’épreuve du pluralisme en Belgique », Revue du droit des religions, n° 1, 2016, p. 85-99 (https://doi.org/10.4000/rdr.1042)
  17. crisp.be
  18. Informations chiffrées sur le financement public des cultes et de la laïcité en Belgique (mai 2005)
  19. Véronique Lamquin, « <cci : p xmlns : cci="urn : schemas-ccieurope.com" xmlns : xsi="http : //www.w3.org/2001/XMLSchema-instance" xmlns : ccix= », sur lesoir.be, (consulté le ).
  20. Le financement des cultes, Apostasie.be
  21. Cultes, ULB
  22. http://www.gallilex.cfwb.be/document/pdf/05108_028.pdf

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Louis-Leon Christians, Patrick de Pooter, Code belge Droit et Religions, Bruxelles, Bruylant, 2005, 798 pp.
  • B. De Backer, Bouddhismes en Belgique, Courrier hebdomadaire du CRISP , 2002, n°1768-1769
  • Michel Dandoy, Les protestants en Belgique, Courrier hebdomadaire du CRISP, n°1430-1431, 1994, 66 pp.
  • Lionel Panafit, Quand le droit écrit l'Islam. L'intégration juridique de l'islam en Belgique, Bruxelles, Bruylant, 1999, 545 pp.
  • Caroline Sägesser, Les structures du monde juif en Belgique, Courrier hebdomadaire du CRISP, n°1615,1998, 28 pp.
  • Caroline Sägesser, Corinne Torrekens, La représentation de l'Islam, Bruxelles, Courrier du Crisp, n°1996-1997, 2008, 56 pp.
  • Caroline Sägesser et Jean-Philippe Schreiber (dir.), Le financement public des religions et de la laïcité en Belgique, Bruxelles, Académia-Bruylant, 2010, 204 pp.
  • Liliane Voyé, Karel Dobbelaere, Jean Remy, Jacques Billiet, La Belgique et ses Dieux. Eglises, mouvements religieux et laïques, Louvain, Cabay, 1985.
  • Liliane Voyé, Karel Dobbelaere et Koen Abts, Autres temps, autres mœurs. Travail, famille, éthique, religion et politique: la vision des Belges, FRB et Racine Campus, 2012, 296 pp.
  • Stéphanie Wattier, Le financement public des cultes et des organisations philosophiques non confessionnelles. Analyse de constitutionnalité et de conventionnalité, Bruxelles, Bruylant, 2016

Articles connexes

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Liens externes

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