Clotilde de Vaux
Clotilde de Vaux, née Clotilde Marie le 3 avril 1815, décédée à Paris le 5 avril 1846, inspira à Auguste Comte la « Religion de l'Humanité ».
Biographie
Sœur aînée de l'officier demi-solde Maximilien Marie, adepte du positivisme, Clotilde de Vaux avait été éduquée à la Maison de la Légion d'Honneur. Elle épousa en 1835 un aventurier devenu percepteur de Méru, Amédée de Vaux. Mais ce dernier contracta des dettes au jeu et, condamné à la faillite, s'enfuit en Belgique abandonnant sa femme.
Le Code Civil interdisant à Clotilde de se remarier (le divorce n'ayant pas été prononcé), elle retourna vivre chez son frère à Paris puis bénéficia d'un appartement rue Payenne (peut-être au n°7). Un oncle lui versa une pension qui lui permettait juste de se loger (elle dînait chez son frère). Elle voulait se lancer dans la carrière littéraire et écrire des nouvelles pour les magazines.
Clotilde de Vaux fait la connaissance d'Auguste Comte au mois d'octobre 1844, au cours d'une visite chez Maximilien Marie. La première lettre du philosophe à Clotilde date du 30 avril 1845 et, dès cette date, il est clair que Comte est passionnément amoureux de la jeune femme. Celle-ci repousse son amour mais accepte qu'ils continuent à correspondre.
Cette passion s'amplifie jusqu'à la mort de Clotilde de Vaux, atteinte de tuberculose, un an plus tard. Comte reconnaît dans son égérie sa supérieure morale, et prend conscience de la dimension religieuse de la condition humaine. Clotilde de Vaux était en effet une catholique convaincue et, si Comte voit dans le catholicisme une simple étape dans l'évolution vers l'Esprit positif (l'Esprit métaphysique), il se convainc que le culte et les célébrations sont indispensables à l'épanouissement du positivisme dans la société humaine.
Naissance du positivisme religieux
À la mort de Clotilde de Vaux (1846), Auguste Comte cherche à faire son deuil. Porté, comme toujours, à théoriser les événements qui parsèment son existence, il voit dans les vicissitudes de sa vie privée des symptômes dont l'interprétation intéresse toute l'Humanité. Il cherche à réorganiser son système philosophique antérieur, le positivisme scientifique. Selon Auguste Comte, cette idée lui serait venue dès 1845.
Il développe les principes d'organisation qui doivent, selon lui, fonder les sociétés humaines.
Auguste Comte développe ainsi une religion naturelle, afin de définir ce qu'il regarde comme une morale pour la vie en société : l'amour de l'autre serait selon lui vécu d'abord à travers l'union des sexes, expression de générosité et de désintéressement, susceptible de s'étendre à des groupes humains plus larges que le couple.
Dans le système de politique positive (1851-1854), Auguste Comte développe ses idées sur la "religion" qu'il introduit. La « religion de l'humanité » de Comte s'appuie sur trois notions :
- l' altruisme, terme qu'il a créé, qui renvoie au sentiment de générosité et au dévouement désintéressé pour autrui.
- l' ordre : Comte considérait en effet qu'après la Révolution française, il était nécessaire de rétablir l'ordre dans la société.
- le progrès : chez Comte, cette notion s'entend (à la suite du comte de Saint-Simon) comme les conséquences pour la société humaine du développement de la technique et de l'industrie.
Comte établit aussi une classification des sentiments, un calendrier liturgique (la Sainte Clotilde chaque 6 avril et, tous les quatre ans, un jour bissextil, la Journée des saintes femmes). L'Humanité, objet du culte, est figurée sur les autels avec le visage de Clotilde de Vaux. Dans le catéchisme positiviste (1851), Comte formalise sa religion en définissant sept sacrements :
- la Présentation (nomination et parrainage)
- l'Admission (la fin de l'éducation)
- la Destination (le choix d'une carrière)
- le Mariage,
- la Retraite (à 63 ans),
- la Séparation, faisant l'office d'une extrême-onction sociale,
- l'Incorporation, trois ans après la mort.
- L'Incorporation est l'union avec les morts, censés gouverner le monde, dans la doctrine d'Auguste Comte, d'où l'expression employée par Raquel Capurro de culte des morts.
Le « positivisme religieux » proprement dit a pratiquement disparu aujourd'hui en tant que culte. Il subsiste néanmoins une chapelle dans Paris.
Œuvres de Clotilde de Vaux
- Pensées d'une fleur, recueil de poèmes
- Lucie, nouvelle publiée en feuilleton dans Le National
- Willelmine, nouvelle
Notes et références
- Henri Gouhier, La vie d'Auguste Comte (1931, rééd. 1997), libr. phil. Vrin, Coll. bibl. des textes Phil., Vorlage:ISBN